UGTT : Quand les fédérations font scission

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Nabil ALLANI

Trop de syndicalisme tue le syndicalisme ! Et bien non, puisqu’en Tunisie le syndicalisme ne s’est jamais mieux porté qu’en ces temps funestes et chaotiques par lesquels passe notre Nation. Bête noire des Colons, l’UGTT hante tous les régimes qui ont gouverné après l’Indépendance. La Centrale s’est même payé le luxe d’être nobélisée au moment où la Patrie était pratiquement à genoux. Mais à quoi est due cette longévité et comment expliquer tout ce pouvoir que les patrons en chef des grévistes détiennent ? La peur de la paralysie, la peur de l’anarchie et surtout la peur de perdre le pouvoir. Ceux qui gouvernent savent que l’UGTT a «la capacité» de faire vaciller le trône. Souvenons-nous de Sfax, à la veille du 14 janvier : un véritable soulèvement.

Mais est-ce que l’UGTT est un mal nécessaire et une fatalité pour nous tous ? Non et non. Les décideurs de la chose politique et publique ont le bras long et suffisamment d’arguments et de textes pour légiférer, sanctionner et enrayer la capacité des Syndicalistes à occuper la rue et à paralyser les Institutions. Ils ont aussi les moyens d’affaiblir l’élan insurrectionnel des fédérations sectorielles et leurs ramifications dans toutes les régions. Mais… Silence ! On tourne.

Aujourd’hui, l’heure est au jugement dernier. A l’époque de feu Beji Caied Essebsi, il a été question de l’Etat d’urgence économique et de la mobilisation pour le bien public. Mais cela n’a rien donné sinon un trop plein de syndicalisme, quand les fédérations font scission et défient ouvertement le Comité central. C’est aussi un trop plein de syndicalisme qui a endommagé de façon irrémédiable des secteurs clés comme l’éducation, le transport, l’énergie et la fonction publique en général, avec un coût exorbitant pour la communauté nationale.

C’est enfin un trop plein de syndicalisme où des cellules radicalisées et forcément bien organisées ont pris en otage les entreprises du service public pour en faire des monopoles aussi insatiables que ruinées et des micro-états dans l’Etat. Une vue panoramique montre bien qu’une des plaies, qui a placé la Tunisie sous perfusion, c’est l’irresponsabilité d’une minorité syndicaliste qui salit la mémoire d’une UGTT, acteur clé et patriote de notre Histoire. Conséquence : C’est à l’UGTT de faire (enfin) sa révolution et purger ses rangs.

 

Par Nabil Allani

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