Grève générale : le gouvernement aurait dû anticiper au lieu de négocier…

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Grève générale

Le maintien de la grève générale dans le secteur public et la fonction publique ce jeudi 17 janvier 2019 a mis fin à des semaines d’interminables tractations et de négociations entre le gouvernement et les dirigeants de l’Union Générale tunisienne du Travail (UGTT).

Ces négociations se sont poursuivies jusqu’à la nuit du jeudi 16 janvier 2019 avec les ultimes tentatives gouvernementales d’éviter ce qui semblait inévitable depuis des mois. En effet, les précédentes négociations n’ont pas abouti à une issue positive et il n’y avait aucun élément concret qui laissait entendre que ces récentes négociations allaient résoudre le problème. Aujourd’hui on peut aisément affirmer que le gouvernement a perdu son temps en négociant. Les syndicalistes étaient résolus dés le départ. Il fallait, par conséquent, se préparer plutôt que négocier avec un syndicat qui considère la grève générale comme une démonstration de force au lieu de la percevoir comme un moyen civilisé d’exprimer son mécontentement.

L’affolement et la panique qui ont accompagné ces dernières semaines ont été tout aussi absurdes qu’inutiles. Face à l’entêtement, désormais habituel de l’UGTT, le gouvernement aurait pu se montrer plus prévoyant. Cette grève a été annoncé il y’a plus d’un mois. Un mois c’est long, un mois aurait pu suffire pour bien se préparer et mettre en place des plans et des stratégies pour contourner ce mouvement. L’Etat a malheureusement procédé autrement et ce n’est que dans le temps additionnel que les notions de réquisition et de service minimum ont émergé. Des tentatives de dernière minute qui n’ont servi à rien et qui auraient pu déboucher sur une issue positive avec une meilleure anticipation. Face à une grève d’envergure, l’anticipation du mouvement est la parade la plus efficace. Certaines entreprises publiques l’ont compris, à l’instar de TUNISAIR et sont parvenues à faire d’une pierre deux coups, limiter au maximum les effets indésirables de la grève et regagner la confiance de sa clientèle. Plusieurs administrations et organismes auraient pu en faire de même si le gouvernement avait renoncé aux négociations dès le départ et annoncé un plan de crise pour l’anticipation de cette grève.

Pour ce qui est de l’UGTT, on parle vraisemblablement du grand perdant de cette grève. L’opinion publique n’a jamais était aussi hostile et agressive à l’encontre de la centrale syndicale. Un syndicat qui s’est lancé dans la politique et qui est en perte brusque de notoriété et de crédibilité.

L’UGTT veut faire peur avec la grève, mais la grève ne fait plus peur aux tunisiens. Une journée de travail de plus ou de moins dans le secteur public avec les taux de productivité en chute libre ne changera rien au climat socio-économique et n’apportera aucun résultat. Et c’est peut être bien cette perte de productivité qui a banalisé des notions telles que la grève générale.

Des travailleurs qui ne sont pas productifs ont-ils le droit de réclamer des augmentations salariales ? Ont-ils le droit d’observer des grèves paralysant ainsi des secteurs d’activités stratégiques ? Pourquoi la centrale syndicale ne se focalise t-elle pas sur ce manque de productivité, sur la formation continue des travailleurs, sur la reconversion professionnelle et la remise à niveau du capital humain tunisien ? Malheureusement les travailleurs tunisiens disposent d’un syndicat uniquement spécialisé dans l’organisation et la tenue des grèves. Un syndicat qui omet délibérément de procéder au traitement des problématiques qui font qu’ils soient considérés comme des travailleurs inutiles et incompétents.

Ce sont ces éléments qui font que les travailleurs tunisiens ne sont plus protégés et ne sont plus préservés. On ne parle plus d’un syndicat, mais plutôt d’une organisation politique qui a des ambitions électorales et qui donne son avis dans la composition des gouvernements. Une première à l’échelle internationale, même dans les démocraties les plus anciennes où l’action syndicale est profondément enracinée dans les rangs de la population, les organisations syndicales se limitent à leur rôle de prédilection s’articulant autour de la défense des travailleurs et l’amélioration de leur situation. L’UGTT n’est plus ce qu’elle était. Une redéfinition profonde et urgente des prérogatives du syndicat, de sa marge de manœuvre et de ses objectifs s’impose…

Par : MBR

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