Quelles sont les conséquences négatives de l’augmentation des restrictions au commerce mondial sur la croissance ?

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QNB

Le commerce international permet aux nations d’accéder à des biens et des services qui n’auraient pas été disponibles autrement. En conséquence, le commerce international crée des avantages comparatifs qui se traduisent par une plus grande productivité, des gains d’efficacité, une meilleure tarification et une croissance économique globale. L’activité commerciale mondiale est un indicateur traditionnel de la santé et de l’orientation de l’économie globale. L’augmentation des flux de biens et de services tend à être associée à des gains de productivité et à la prospérité. 

Le commerce mondial a atteint son apogée juste avant la crise financière mondiale. Toutefois, les récentes tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine et leurs répercussions sur d’autres régions et pays génèrent des incertitudes économiques mondiales. Cette situation a de négatives répercussions sur le commerce, les chaînes d’approvisionnement et les flux d’investissement. De nouvelles frictions aux frontières par le biais de droits de douane et de barrières non tarifaires, une réglementation et des coûts administratifs supplémentaires, ainsi que la volatilité de la politique économique sont parmi  les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises dans ce nouveau contexte économique.

Part du commerce mondial dans le PIB

(% du PIB total,, 1988-2021)

Source: Banque mondiale, analyse QNB

Cet article se penche sur une étude de cas illustrant la manière dont la « désintégration économique » peut entraîner une sous-performance économique : le Royaume-Uni après le Brexit. Certes, de nombreux autres événements et chocs majeurs ont perturbé l’économie mondiale ces dernières années. En effet, davantage d’éléments montrent que le processus du vote du Royaume-Uni en faveur de la sortie de l’Union européenne révèle un rôle important.

L’estimation mensuelle officielle du PIB montre que l’activité économique au Royaume-Uni n’a progressé que de 0,3 % depuis le début de l’année 2022, et demeure  inférieure de 0,4 % à ses niveaux d’avant la pandémie.En revanche, au cours de la période quinquennale 2011-2015, qui précède le référendum sur le Brexit de 2016, la croissance annuelle était nettement plus élevée, avec une moyenne de 2,2 %. Le Royaume-Uni est également à la traîne par rapport aux principales économies d’Europe continentale. Les « Euro Peers » du Royaume-Uni, définis comme le groupe des trois plus grandes économies de l’Union européenne (Allemagne, France et Italie), ont déjà dépassé de 1,2 % leur PIB d’avant la pandémie.

À la mi-2016, au moment du référendum, l’ouverture commerciale du Royaume-Uni représentait 60,5 % du PIB. Ce chiffre était inférieur de 6,5 points de pourcentage (p.p.) à la valeur moyenne de 67 % pour les pays de la zone euro. En 2022, cette différence avait été multipliée pratiquement par deux pour atteindre 13,3 points de pourcentage, ce qui laisse présager une économie britannique encore moins ouverte.

Ouverture commerciale au Royaume-Uni et chez les homologues européens

(ouverture commerciale : rapport entre les exportations et les importations et le PIB)

Source: Haver, analyse QNB 

En outre, compte tenu de l’importance des chaînes de valeur mondiales, une moindre ouverture commerciale aura un impact sur le commerce avec tous les partenaires, et non seulement avec ceux de l’UE. Les biens et services intermédiaires représentent la majeure partie des échanges dans les économies avancées et constituent 2/3 des volumes entre l’UE et le Royaume-Uni. Des barrières commerciales plus élevées affectent les coûts des approvisionnements étrangers, réduisant la compétitivité de la production britannique et la capacité des entreprises à participer aux chaînes de valeur mondiales. L’analyse menée par l’Office for Budget Responsibility (une agence gouvernementale) suggère qu’à long terme, le Brexit réduira l’ouverture commerciale de 15 %, creusant encore l’écart actuel de 13,3 % avec les homologues européens du Royaume-Uni.

L’incertitude générée par Brexit et la perte d’accès au marché unique de l’UE ont également fait des ravages sur l’investissement des entreprises. Le niveau d’investissement a stagné et reste à peu près inchangé depuis le référendum sur le Brexit, affichant des performances inférieures à celles de ses homologues européens. L’estimation la plus prudente de l’effet négatif du Brexit sur le niveau d’investissement est de 10 % (et certaines vont jusqu’à 23 %), ce qui indique un impact significatif sur le stock de capital et donc sur la croissance à long terme, même dans les scénarios les plus optimistes.

L’évolution des investissements directs étrangers (IDE) explique une partie de l’évolution de l’investissement total. Outre l’importance de l’IDE pour la croissance et la productivité, cette évolution est pertinente car elle reflète la manière dont l’attractivité du Royaume-Uni a évolué au fil du temps. Depuis les années 1990, le Royaume-Uni a toujours été l’un des principaux bénéficiaires des flux d’IDE et a atteint un stock d’IDE de plus de 2,3 billions de livres sterling (GBP), dont plus de la moitié provient de l’UE. Et tout récemment, sur la période post-Brexit 2017-2021, le Royaume-Uni s’est laissé distancer par la France et l’Allemagne en termes de flux d’IDE en proportion du PIB.

En résumé, des années après sa décision de quitter l’Union européenne (UE) prise lors du référendum de 2016, le Royaume-Uni continue d’afficher des performances économiques médiocres, qui peuvent être principalement attribuées à l’effet négatif des nouvelles restrictions commerciales. Cette étude de cas démontre que les barrières tarifaires et non tarifaires, les réglementations et les coûts administratifs supplémentaires, ainsi que d’autres frictions économiques, entraînent une mauvaise allocation du capital qui se traduit par une baisse de la croissance et de la productivité. 

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