Mehdi Ben Abdallah : « Notre feuille de route est ambitieuse, mais nous y mettrons toute la volonté nécessaire »

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Entretien avec Mehdi Ben Abdallah Président de la Chambre de commerce tuniso-britannique

Vous venez d’être réélu à la tête de la TBCC quelle est la feuille de route de votre Board ?

Tout d’abords permettez-moi de remercier les membres et leBoard de la Chambre de Commerce Tuniso-Britannique (TBCC) qui m’ont fait confiance et qui ont été à mes côtés pendant mon premier mandat de 2016-2017. Cela a été un véritable travail d’équipe.

Grâce à leur soutien et à leur participation active nous avons ensemble permis à la Chambre d’être un acteur clé dans la redynamisation des relations Tuniso-Britanniques.

Malgré un contexte souvent difficile, spécialement après la restriction de voyage qui a suivi l’attentat de Sousse, la TBCC n’a lésiné sur aucun effort pour contribuer à créer les opportunités adéquates pour promouvoir cette relation bilatérale.

Je suis aussi convaincu que le Board nouvellement élu pour 2018-2019, soutenu par des membres de la TBCC de plus en plus nombreux et de plus en plus actifs, va non seulement continuer sur la lancé de 2016-2017, mais fera aussi en sorte de contribuer à surpasser toutes les attentes dans le développement du commerce et de l’investissement entre la Tunisie et le Royaume-Uni.

Je suis personnellement très fier des membres de notre Board et de nos membres en général, qui, par leur qualité, leur énergie et le temps qu’ils offrent à la TBCC, donnent l’exemple de la confiance que l’on peut avoir dans les hommes et les femmes entrepreneurs de notre pays pour accompagner la Tunisie dans son développement économique.

Notre feuille de route est ambitieuse, mais nous y mettrons toute la volonté nécessaire. Comme je le dis souvent, nous sommes une petite chambre mais avec un grand cœur.

2018-2019 permettra à la TBCC de focaliser sur plusieurs volets :
  • De nombreux évènements sont prévus aussi bien en Tunisie qu’au Royaume-Uni pour promouvoir le rapprochement entre les communautés d’affaires respectives.
  • Nous améliorerons notre capacité à mieux accompagner les investisseurs britanniques dans l’identification des opportunités en Tunisie et dans l’implémentation de leurs projets.
  • On travaillera d’une manière plus structurée et plus efficace pour être aux côtés des entreprises tunisiennes pour faciliter leur compréhension du marché britannique et le développement de leurs activités.
  • On optimisera les opportunités qu’offre la situation de la Grande-Bretagne avec le Brexit pour mettre en avant les secteurs d’intérêts qui feront bénéficier nos deux pays d’une plateforme dynamique de développement d’une nouvelle relation bilatérale gagnant-gagnant.
  • On continuera aussi en tant que TBCC et avec nos amis du Conseil des Chambres Mixtes à être un interlocuteur énergique et constructif du gouvernement tunisien pour aider à établir ensemble l’environnement propice à l’épanouissement des entreprises tunisiennes à l’étranger et des entreprises étrangères en Tunisie.

Nous croyons fermement dans le développement économique entre nos deux pays, entre les opportunités qu’offre une puissance économique mondiale et une des plus grandes places financières à la recherche du renforcement de ses relations bilatérales, et le modèle que nous sommes d’une nouvelle démocratie émergente si stratégique pour une région en effervescence.

Vous avez toujours favorisé la diplomatie pour promouvoir les relations bilatérales. Pour quels résultats ?

Si on se base sur la définition de la diplomatie qui est la conduite sans violence de négociations et de reconnaissances entre les parties concernées, alors oui, on ne peut que favoriser la diplomatie pour rapprocher économiquement deux pays et promouvoir les relations bilatérales ; n’est-ce pas !

Mais je rebondirais sur votre question pour rappeler l’importance de travailler tous ensembles en synergie pour soutenir les choix stratégiques de notre diplomatie et lui donner une composante économique forte pour être dans la meilleure des positions sur la table des négociations.

Et quand je dis tous ensembles, je pense à tous les acteurs du pays qui œuvrent à la promotion de la Tunisie, et dans notre cas précis à la promotion des relationsTuniso-Britanniques.

Nous sommes un petit pays qui ne peut se permettre de disperser ses forces ; alors la collaboration étroite entre les parties concernées par la promotion économique de la Tunisie, entre tous ces ambassadeurs du site Tunisie, aussi bien dans le secteur public que le secteur privé, est fondamentale. Nous avons une seule Tunisie à promouvoir, mais nous sommes plusieurs à devoir nous allier et nous accorder davantage pour mieux la servir.

J’ai beaucoup de respect pour tous mes amis de ces différentes organisations qui travaillent dure pour leur pays ; et pour revenir à votre demande de résultat, je rappellerai que les actions les plus efficaces et les plus concrètes ont été faites en collaboration avec différents acteurs tels que le Patronat, les chambres de commerce, La Fipa, le Cepex, l’ONTT, l’ambassade, les différents ministères et autres. Je prendrai pour exemple de RoadShow de Londres en Octobre 2016 pour promouvoir Tunisia 2020, La visite du Lord Maire de la City de Londres ou celle du Ministre Alistair Burt, Le Forum d’Affaires organisé à Londres en Septembre 2017, ou encore la conférence avec British Expertise de Mars 2018. Des événements qui ont été de véritables piliers de la relance de l’intérêt pour le développement des relations d’affaires Tuniso-Britanniques.

Quels sont les secteurs clés qui façonnent ces relations bilatérales ?

Parlons de l’avenir et des secteurs sur lesquels nous devons focaliser. La Tunisie a tout intérêt à développer ses relations avec la deuxième puissance économique européenne, et la Grande-Bretagne est dans une phase de son Histoire où elle doit redéfinir ses relations bilatérales avec de nouveaux partenaires. Nous sommes devant une situation où les intérêts convergent, devant une fenêtre d’opportunités que nous devons saisir ensemble.

Plusieurs secteurs d’intérêts sont à développer, tels que l’éducation, l’entrepreneuriat, l’agroalimentaire, la santé, l’énergie, la Finance, certaines Industries, les nouvelles technologies, et le tourisme. Il faut également renforcer le rôle de la Tunisie dans une relation tripartite avec la Grande-Bretagne pour qu’elle soit plus efficace et plus forte pour développer les relations économiques avec la Libye et les pays de l’Afrique subsaharienne.

Le tourisme Britannique est de retour en Tunisie. C’est un signal fort, non seulement pour le marché Britannique, mais aussi pour tous les marchés que nous ciblons. Le Royaume-Uni est un leader d’opinion, et quand il lance des signaux positifs concernant un marché spécifique, plusieurs autres pays suivent. Mais il faut qu’on fasse plus pour offrir un service qui fidélise la communauté britannique. Il y a aussi peut-être une synergie à revoir entre la santé et le tourisme.

L’agroalimentaire est un secteur fondamental à développer avec la le Royaume-Unis. Le potentiel est très important et se décuplera avec l’arrivée du Brexit. On doit s’y préparer et y travailler.

Comment est ce que nous avons la première place financière d’Europe à 2h30 d’avion de chez nous et nos relations dans ce secteur sont si faibles ? La marge de progression dans ce domaine est illimitée. Nous pouvons beaucoup apprendre de la Grande-Bretagne, et plus spécialement de Londres, pour booster notre secteur financier et bancaire.

L’éducation, l’entrepreneuriat, deux domaines dans lesquels le Royaume-Uni excelle. Deux domaines que la Tunisie se doit de reformer, de développer, de soutenir, pour s’attaquer à l’obligation de former des jeunes qui répondent à un marché de l’emplois en mouvement permanent, ou des jeunes qui deviendront eux-mêmes par leurs compétences entrepreneuriales des créateurs de valeur ajoutée et des futurs employeurs.

Tellement de secteur à aborder et à développer entre la Tunisie et la Grande-Bretagne.

Vous qui êtes un expert du secteur de l’Energie, pensez-vous qu’il y ait des opportunités à explorer avec le Royaume-Uni ?

Je vous remercie d’insister sur le secteur de l’Energie, un secteur qui m’est cher.

La situation de la Tunisie est très compliquée et nous sommes devant une dépendance énergétique croissante qui doit impérativement être substituée par une politique de diversification de nos sources d’approvisionnement et par des actions plus fortes pour développer les ressources fossiles nationales, l’efficacité énergétique, et les énergies renouvelables.

La Grande Bretagne est depuis longtemps un partenaire de choix de la Tunisie dans le secteur de l’énergie, et plus spécialement dans l’exploration et la production d’hydrocarbure ; mais on voit un recul dans l’investissement britannique dans ce secteur.

La Tunisie a besoin de redynamiser l’exploration pour permettre le renouvellement des réserves indispensables pour aider à réduire le déficit énergétique, et pour cela je suis convaincu qu’il est important d’aller chercher les entreprises et les compétences britanniques qui pourront contribuer à influer une dynamique nouvelle dans ce secteur en Tunisie. Et parmi les actions que nous pourrions faire c’est réactiver l’accord cadre qui a été signé en 2004 entre la Tunisie et le Royaume-Uni dans l’objectif de renforcer la coopération entre les deux pays dans le secteur de l’énergie.

La relation de la TBCC avec l’ambassade du Royaume-Uni en Tunisie ?

La relation est excellente, et nous travaillons en vrais partenaires pour rapprocher économiquement nos deux pays. J’ai le plaisir de considérer l’ambassadrice Louise De Sousa comme mon amie et une amie de la Tunisie.

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