Adama NDIAYE : «SENRE, Le potentiel du marché tunisien constitue une opportunité de développement pour nous.»

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Interview avec Mr Adama Ndiaye, Directeur Général de SENRE –  (Société Sénégalaise de Réassurances).

La société sénégalaise de réassurance est présente depuis 35 ans quel bilan faites-vous ?

Etablir un bilan de parcours de la SENRE, après 34 années d’existence, revient tout d’abord à rappeler les objectifs de sa création et les missions qui lui étaient assignées à l’origine. 

La SENRE a été créée en 1988 pour jouer le rôle d’investisseur institutionnel et participer pleinement au financement du développement du pays par L’état du Senegal, en étroite collaboration avec les sociétés d’assurances locales. Sa création a été accompagnée par la mise en place d’une cession légale pour lui permettre de jouer son rôle de veille. 

La SENRE est aujourd’hui un acteur majeur de l’écosystème des assurances au Sénégal et en Afrique. Elle participe à toutes les couvertures de grands risques du pays, organise régulièrement des stages d’immersion de cadres et des séminaires de formation. De 1 million de dollars en 1988, le capital de la société est passé à 20 millions de dollars US en 2020 pour un chiffre d’affaires de plus de 40 millions de dollars réalisé dans près de 50 pays en Afrique, en Asie et au Moyen Orient. 

Pourquoi avoir choisi la Tunisie pour votre expansion à l’échelle africaine ?

Il faut d’abord noter que la réassurance est internationale par essence. Avec une volonté ferme de s’épandre en Afrique, il devenait pertinent de s’octroyer un relai de qualité et bien positionné permettant aussi de saisir les opportunités et d’offrir un service de proximité à nos partenaires stratégiques d’Afrique du Nord et des pays culturellement proches de la Tunisie. Le choix d’avoir une représentation à Tunis découle du positionnement de cette ville comme hub de réassurance offrant à la fois la logistique, les infrastructures, le business, le capital humain, l’environnement réglementaire et les aménagements fiscaux.  A ces facteurs peuvent s’ajouter les différents atouts qu’offrent la Tunisie par sa stabilité et son ancrage parfait aussi bien à l’Afrique sub-saharienne que dans le monde arabe, généralement désigné zone MENA. 

Les opportunités et freins du secteur des assurances tunisien ?

La Tunisie est un pays avec une longue tradition d’assurance ,son marché est réputé mature et un taux de pénétration parmi les plus élevés du Maghreb avec près de 2,5%. C’est un marché en constante progression environ 4% annuel. Ce potentiel du marché tunisien constitue une opportunité de développement à la fois pour les acteurs locaux mais aussi internationaux comme la SENRE. 

L’autre facteur non moins important est la qualité des ressources humaines, le niveau des formations des cadres et l’attractivité de son environnement réglementaire. 

Même si la Tunisie est depuis le printemps arabe  en phase de mutation, ce qui impacte ses performances économiques, notre conviction reste que son attractivité, ses infrastructures de marché et sa résilience constituent des gages d’une reprise certaine à court terme. 

Selon vos derniers chiffres de 2018 votre CA en Afrique du nord s’élève à 1 425 673 577 FCFA, qu’en est-il pour les années suivantes ?

Depuis son lancement en 2016, le bureau de Tunis a permis de renforcer la confiance et les performances de notre société en Afrique du Nord. Notre chiffre d’affaires dans la zone MENA, facilité par le dynamisme de notre Directrice Régionale à Tunis a permis de clôturer l’année 2021 avec un chiffre d’affaires de 4,5 millions de dollars, représentant près de 10% de nos souscriptions et une marge opérationnelle de plus de 15%. 

Ces performances découlent d’une politique de souscription sélective portée par une équipe expérimentée sous la direction d’une actuaire compétente et expérimentée dont l’apport est déterminant pour la SENRE qui tire un grand profit de sa connaissance du marché et de sa générosité dans la transmission de son savoir. 

Toujours selon vos données de 2018, vos meilleurs chiffres concernent la branche Incendie, Énergie et Engineering. Près de 3 ans après y a-t-il eu des changements ou cette branche demeure indétrônable ?

Nous disions précédemment que la réassurance était une affaire de partage et de répartition d’engagements importants, notamment ceux portant sur des risques d’amplitude et des risques revêtant un caractère spécial, voire atypique tels que les grandes industries, les infrastructures, l’énergie. Les autres risques tels que la construction et le transport ont aussi une grande place dans le portefeuille des réassureurs. Cette prédominance des risques incendie, techniques et énergétiques n’est pas propre à la SENRE, mais elle se retrouve dans la structure de portefeuille de tous les réassureurs dont la contribution à la résilience des économies est attendue sur ces segments de risques. 

La part de ces risques dans nos portefeuilles est appelée à se renforcer car nous opérons dans un continent en pleine phase d’industrialisation avec beaucoup d’investissement dans lesdites branches. En outre, les importants gisements d’hydrocarbures découverts au large du Sénégal, le bassin de Taoudéni et le pourtour du Golfe de Guinée ne feront que renforcer les souscriptions dans ces branches.

Quelles sont les Perspectives de la SENRE dans le contexte que nous vivons actuellement un peu difficile et en pleine mutation ?

La SENRE amorce un virage important dans son activité avec l’adoption du business plan « Renouveau » pour les 3 prochaines années. Ce plan vise à restructurer en profondeur la SENRE. Il redéfinit la vision stratégique, le positionnement cible et les valeurs de l’entreprise. Il s’est axé notamment sur :

  • La satisfaction de nos clients et partenaires 
  • Le renforcement de notre résilience
  • Le développement de notre expertise.

Plusieurs chantiers de modernisation de la SENRE sont ainsi entamés : les facteurs de solidité financière, de gouvernance et ERM, de capital humain, de communication, de redéploiement commercial….

BIO EXPRESS

M. Adama NDIAYE, de nationalité sénégalaise est Administrateur de sociétés et Directeur Général de la Société Sénégalaise de Réassurance (SENRE). Il a débuté sa carrière dans l’assurance directe, à la Prévoyance Assurances du Sénégal où il a exercé tour à tour les fonctions de Directeur de la Réassurance, de Contrôleur de gestion et de Directeur Technique pendant près d’une dizaine d’années commissaire-contrôleur des assurances à la CIMA, puis co-fondateur et Directeur Général Adjoint d’une société de réassurance basée à Abidjan.

Président de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaine (FANAF), une association professionnelle qui regroupe 207 sociétés d’assurances et de réassurance de 29 pays. 

Il est membre du Comité des Experts et de la Commission Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA) de la CIMA, organe de supervision des assurances de 14 pays d’Afrique francophone. 

M. Adama NDIAYE est titulaire du DESA de l’Institut International des Assurances de Yaoundé (niveau Master) et d’un DES en Analyse Financière de l’Université de Dakar.

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