Le Think Tank de TABC vient de rendre public une étude intitulée « Les corridors transport et logistique en Afrique ». Les auteurs partent du constat que les routes maritimes actuelles et les conditions de coûts ne permettent pas de matérialiser le plein potentiel du commerce intra-africain, et propose une nouvelle perspective des routes commerciales incluant des corridors terrestres, à finaliser ou à construire, afin de rendre l’Afrique un continent interconnecté. Il est ainsi révélé un classement des principaux ports maritimes africains, et qui connaissent dans l’ensemble une évolution accélérée aussi bien en capacité qu’en performance, ainsi que les tracés des corridors terrestres qui sont appelés à servir de routes commerciales intracontinentales.
Le contexte actuel est favorable aux pays africains, qui ont intérêt à basculer d’un commerce maritime extraverti d’exportation de matières premières, à un maillage de corridors transport et logistique multimodaux et interconnectés, à même de donner sens à la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECA), entrée en vigueur le 30 Mai 2019, avec les 22 premiers pays signataires qui ambitionnent de faire de l’Afrique une place de marché ‘sans frontières’.
Or cette perspective exige des investissements lourds en matière d’infrastructure transport et logistique, et dont le financement reste à chercher dans le cadre de projets de Partenariat Public-Privé (PPP) ou dans la coopération bilatérale, en particulier pour la construction et/ou extension de ports de commerce, ou encore l’aménagement de zones d’activités et plateformes logistiques. Le retour d’expérience des zones économiques spéciales (ZES) montre une nette consolidation des infrastructures qui contribuent ainsi à l’augmentation des échanges et le désenclavement des territoires intérieurs en Afrique.
L’essor de l’Afrique reste tributaire de sa capacité à rattraper son retard en matière d’infrastructure, mais aussi à mettre en œuvre des stratégies de distribution multilatérale. Cela exige une co-gouvernance sur des projets d’investissement transfrontaliers, et des facilités à même d’encourager le secteur privé à miser sur le commerce intra-africain. En vue d’orienter les opérateurs tunisiens en particulier, l’étude met en exergue des pistes qui aideront à tirer profit de l’adhésion de la Tunisie à la COMESA. Plus spécifiquement, les auteurs proposent un outil baptisé Indice de Capabilité Logistique (ICL), qui classe les points d’entrées et identifie les circuits terrestres complémentaires pour une optimisation de la chaine de distribution en Afrique. Il ne s’agit pas de chercher à baisser les coûts transport et logistique dans des échanges opportunistes de type ‘bijectifs’, mais de définir des circuits d’approvisionnement polyvalents et multi-intervenants, à l’image du commerce caravanier du moyen âge, en s’appuyant bien entendu sur des services de facilitation du commerce plus sophistiqués, rendus possibles par les nouvelles technologies.
Reste les autres barrières non tarifaires qui mettent les coûts logistiques dans les échanges intra-africains, à des niveaux très élevés, dépassant souvent le double de ce qui est observé en Europe. Mais cela reste l’affaire de l’Union Africaine, qui attend encore des propositions des pays signataires de la ZLECA, pour opérationnaliser le traité d’intégration régionale le plus ambitieux que le monde n’ait jamais connu.
Par : Mondher Khanfir