Conflit Russo-Ukrainien : Les impacts et les mesures à prendre en Tunisie, selon l’IACE

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L’Institut Arabe des chefs d’entreprises (IACE) a publié une note intitulée « La guerre en Ukraine : impacts et mesures à prendre ».

Dans cette note, l’organisation a appelé le gouvernement à mettre en place d’urgence une cellule de crise qui permettra d’identifier les possibilités et alternatives à la crise que causera le conflit Russo-Ukrainien en Tunisie.

En effet, La Tunisie est fortement dépendante en matière de céréales, important 84% de ses besoins en blé tendre, environ 40% pour le blé dur et 50% pour l’orge. L’Ukraine était jusque-là un fournisseur privilégié de la Tunisie avec le Canada et l’Union Européenne.

Le gouvernement doit donc impérativement trouver des solutions concernant les Co-sources d’approvisionnement en céréales d’autant que le pays souffre d’une insuffisance chronique au niveau des capacités de stockage, limitées à 3 mois et afin de préserver le pouvoir d’achat des Tunisiens.

Outre l’augmentation des cours de blé, l’IACE a également fait part de ses inquiétudes face à la hausse des prix du pétrole, surtout que le budget 2022 de la Tunisie a été établi sur la base d’un prix du baril à 75 dollars. 

Le prix actuel avec une hausse de près de 50 dollars, représenterait une charge supplémentaire pour la caisse de compensation de 7 Milliards de Dinars. Pour rappel : le budget 2022 prévoit une enveloppe globale de 7,3 Milliards de dinars pour la compensation, tous produits confondus.

Une telle charge est insoutenable pour le budget de l’État qui aura pour conséquence une augmentation inéluctable des prix à la pompe, qui pourrait atteindre 1,2 Dinar le litre environ, tous produits confondus, et jusqu’à 2 Dinars et plus le litre si les prévisions les plus pessimistes sont atteintes. Les deux tiers concerneraient les carburants routiers et un tiers la consommation industrielle ce qui va avoir un impact sur le prix de l’électricité et par conséquent la compétitivité de nos entreprises. Toutefois, cet impact direct sera en partie compensé par une réduction de la consommation due au ralentissement de l’activité économique.

Il est donc clair que la guerre aura un impact sur le marché mondial de nombreuses matières premières, en termes de disponibilité d’abord et de prix ensuite. 

Cela se traduira par effet mécanique sur le budget de la Tunisie pour l’année 2022 à travers les dépenses de subventions et sur le pouvoir d’achat des Tunisiens à travers une augmentation des prix des produits subventionnés et une inflation inexorable, qui pourrait atteindre un taux à deux chiffres, sachant que les prévisions de la Banque Centrale de Tunisie tablaient sur une inflation de 6,8% en 2022 avant le déclenchement de la guerre.

L’IACE propose donc une batterie de mesures :

– Mettre en place d’urgence une cellule de crise pour identifier les alternatives en ce qui concerne les sources d’approvisionnement et les mécanismes de financement requis dans la mesure où la solvabilité des clients va devenir un critère important dans la priorisation de l’approvisionnement par les fournisseurs (et que la Tunisie présente aujourd’hui un risque de solvabilité élevé).

– Communiquer sur la réalité de la situation et son impact afin de faire prendre conscience aux populations des difficultés que nous allons devoir affronter pour les sensibiliser et exhorter aux changements de nos habitudes alimentaires (notamment en évitant le gaspillage), en insistant sur la nécessité de prioriser l’intérêt général sur les intérêts particuliers.

– Mobiliser nos ressources financières, aussi faibles soient-elles, vers les approvisionnements en produits essentiels aux populations au détriment des produits « secondaires ».

– Orienter nos ressources hydriques agricoles exclusivement vers les cultures céréalières pour améliorer autant que faire se peut les perspectives de la récolte à venir.

– Arriver impérativement à une augmentation de la production du phosphate en vue de relancer la production d’engrais pour fournir le marché local et accroitre nos ressources à l’exportation.

– Agir immédiatement sur les performances du port de Radès, pour réduire les délais d’attente en rade et ceux de manutention pour encourager les armateurs à desservir ce port et réduire les coûts logistiques du port pour compenser quelque peu l’augmentation des tarifs de transport maritime.

– Considérer la possibilité d’une aide d’urgence aux familles nécessiteuses moyennant le déblocage d’un montant de 300 millions de dollars à l’instar de ce qui a été fait en 2021 avec l’appui de la Banque Mondiale.

– Obtenir le déblocage immédiat de l’aide de l’Union Européenne au titre de l’appui budgétaire de 300 millions d’euros.

– Accélérer les négociations avec le FMI et la Banque Mondiale pour obtenir une aide exceptionnelle d’urgence de 1 à 1,5 Milliards de dollars pour l’année 2022.

– Envisager de négocier le rééchelonnement de la dette tunisienne, (hors marchés financiers), pour transférer les ressources dédiées au service de la dette vers le financement de l’approvisionnement en produits de base, d’autant que les institutions financières bilatérales et multilatérales seront dans l’obligation d’assouplir leurs positions vis-à-vis des pays vulnérables tels que la Tunisie. Pour rappel le service de la dette en principal est de 10 Milliards de dinars pour l’année 2022.

– Engager les actions nécessaires pour maintenir les objectifs de la saison touristique 2022 en investissant sur les touristes d’Europe occidentale. Après 2 années de crise sanitaire la demande est en augmentation et la crise va impacter les ménages et les orienter vers les marchés les plus compétitifs, ce dont la Tunisie doit bénéficier. Il faut, pour cela, débloquer les ressources nécessaires pour assainir l’environnement de nos principales zones touristiques.

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