
À l’occasion de la Journée nationale de l’Agriculture, le gouvernement tunisien réaffirme sa volonté de bâtir une agriculture moderne, résiliente et durable, au service de la souveraineté alimentaire.
C’est sous la bannière ambitieuse de « Une agriculture intelligente pour une souveraineté alimentaire » que s’est tenue, lundi 12 mai 2025, l’ouverture officielle de la Journée nationale de l’Agriculture.
Un rendez-vous hautement symbolique, coïncidant avec le 61ème anniversaire de la récupération des terres agricoles, et présidé par le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime Ezzeddine Ben Cheikh.
Le ministre a mis en avant les efforts menés pour améliorer les conditions de vie dans les zones rurales et marginalisées, via des projets structurants en matière d’infrastructures, de formation, d’accompagnement technique et de soutien à des initiatives économiques à impact social fort.
Ces démarches ont permis à la Tunisie d’atteindre l’autosuffisance dans plusieurs filières clés : lait, viandes blanches, fruits et légumes, huile d’olive. À cela s’ajoute une progression des exportations, la conquête de nouveaux marchés et la consolidation de la présence tunisienne sur les circuits traditionnels. Le tout, en misant sur la qualité et l’authenticité des produits locaux.
Une gestion intelligente et durable de l’eau
Sur le front des ressources hydriques le ministre a rappelé que la croissance socio-économique depuis les années 1950 exerce une pression croissante sur les ressources disponibles. Pour y répondre, le ministère s’engage dans la mobilisation de ressources alternatives à travers des investissements lourds, des études ciblées et l’usage de technologies avancées telles que le dessalement, la réutilisation des eaux usées traitées ou la recharge artificielle des nappes phréatiques.
Plusieurs projets pilotes sont en cours, en partenariat avec des bailleurs de fonds, afin d’améliorer la gestion des eaux de surface et souterraines. Parmi les initiatives citées :
- le premier essai d’ensemencement de nuages, effectué le 16 avril dernier au-dessus du bassin du barrage de Sidi Salem, en collaboration avec les ministères de la Défense et du Transport ;
- un projet de réduction de l’évaporation mené avec le ministère de l’Enseignement supérieur ;
- la mise en place de plateformes numériques pour le suivi en temps réel des ressources hydriques, la gestion des autorisations et l’exploitation du domaine public hydraulique ;
- la mise à jour de la carte bioclimatique nationale ;
- et le recours aux énergies renouvelables pour optimiser les coûts de traitement et d’irrigation.
Pêche durable et modernisation du secteur halieutique
Sur le plan halieutique, le ministre a mis en lumière les actions entreprises pour préserver les ressources marines. Le programme du ministère inclut :
- la protection des zones écologiquement sensibles,
- la restauration des zones de pêche par l’immersion de récifs artificiels,
- le renforcement de la surveillance par satellite,
- la lutte contre la pêche illégale,
- la structuration de l’aquaculture à travers un plan directeur mer-terre,
- et la modernisation numérique des infrastructures portuaires.
Projets structurants et retombées sociales
Le ministre a salué le rôle déterminant des partenaires techniques et financiers, à commencer par la Banque africaine de développement, avec laquelle un projet de valorisation de l’agroforesterie a été lancé en avril. Ce programme a permis la réhabilitation de 33 000 hectares de forêts dégradées et généré plus de 4 500 emplois verts.
Autre mesure phare, la création d’un Fonds d’indemnisation pour les pertes agricoles liées aux catastrophes naturelles, destiné à amortir les impacts économiques et sociaux du dérèglement climatique.
Pour la filière fourragère, l’Office national des fourrages œuvre à valoriser les déchets agricoles, développer les ressources locales et soutenir l’élevage. Des prêts saisonniers seront accordés par la BNA et la BTS dans des conditions avantageuses, avec des délais de grâce et des procédures simplifiées. Les coopératives bénéficieront également de financements pour constituer des réserves stratégiques.
Le ministère a également lancé le recensement général de l’agriculture, qui s’inscrit dans l’élaboration du plan sectoriel 2026-2030, aligné sur le nouveau découpage administratif.