Wallah We Can : L’entrepreneuriat social et le développement durable au service de l’Éducation en Tunisie

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L’association tunisienne, apolitique et non religieuse, qui œuvre en faveur de l’Enfance et de la jeunesse en Tunisie, Wallah We Can, œuvre depuis maintenant 10 ans en faveur de l’Enfance et de la jeunesse en Tunisie.  

L’éducation est ainsi le cheval de bataille de l’association et de son fondateur Lotfi Hamadi, qui sillonne les régions de la Tunisie pour permettre aux enfants d’étudier dans des conditions décentes.

Ces différents projets résultent d’un constat qui persiste depuis 2011. Plus récemment, le 8 juin 2022, le ministre de l’Education, Fathi Sellaouti, a déclaré que le budget de son ministère était le plus important, par rapport à tous les autres ministères, mais que 95% étaient destinés au paiement des salaires.

« La différence entre 2011 et 2022 n’est pas une prise de conscience qui aurait poussé à une meilleure gestion du budget et donc à une réduction de la masse salariale au profit de la pédagogie des enseignants, des infrastructures, de l’achat de matériel pédagogique, de la prise en charge du transport des élèves et la construction de cantines scolaires. Loin d’une prise de conscience, nous assistons à une mauvaise gestion qui s’aggrave faisant passer en 10 ans la masse salariale de 90 % à 95 %. », déplore Wallah We Can.

« En tant que société civile, nous sommes conscients que nous ne pouvons faire pression, concernant sa gestion du budget, sur un État trop lourd et démissionnaire. Nous ne pouvons pas plus impacter sur un programme scolaire obsolète, inadapté qui est appliqué par un corps enseignant qui n’est pas formé et dont pour la plupart l’objectif est de s’assurer un statut de fonctionnaire et non pas d’honorer la noble mission qu’est celle d’enseigner. Concernant les enseignants et leur encadrement, la situation est devenue catastrophique après la fermeture de toutes les institutions de formations d’enseignants au début des années 90. Le recrutement se faisant désormais exclusivement parmi les diplômés des différentes institutions universitaires, de façon anarchique et sans critères objectifs. », estime Lotfi Hamadi.

Face à cette situation, Wallah We Can appelle à réagir afin de développer une solution qui permette, en collaboration avec l’État, les entreprises, la société civile, d’assurer de façon durable, pour les enfants, un accès gratuit et de qualité à la santé, l’éducation, l’épanouissement, les protections physiques et juridiques.

« C’est afin de prévenir cette catastrophe nationale et internationale que nous avons décidé de nous engager en cherchant une solution pour garantir, de façon durable, les droits des enfants tout en leur assurant un cadre de vie et d’études décents. », souligne le fondateur, qui estime que plutôt que de laisser l’État privatiser l’Éducation il est nécessaire d’avoir une approche afin de transformer les établissements scolaires en entreprises sociales.

Depuis presque 10 ans, Wallah We Can travaille sur le collège de 7ay Grawa, un collège-internat public de 570 élèves qui se trouve à Makthar, dans le nord ouest du pays. 

« Notre approche consiste à démontrer que grâce à l’autonomie énergétique et l’autosuffisance alimentaire, ainsi que la commercialisation des excédents énergétiques et agricoles, nous pouvons faire des économies et générer des bénéfices qui permettent de créer un budget pour financer la réhabilitation des salles de classe, des dortoirs, du réfectoire, mais aussi la mise en conformité des installations électriques, ainsi que les clubs extrascolaires des élèves. », explique Lotfi Hamadi.

L’association a donc installé 140 panneaux photovoltaïques, 50 chauffe-eaux solaires qui nous permettent de produire 4 fois l’énergie que l’établissement consomme. 

30 % de l’excédent est commercialisé auprès de la société nationale d’électricité (STEG) afin de rembourser la dette des établissements et le reste est ventilé vers 3 autres établissements scolaires.

Ensuite, la fondation a loué 8 hectares de terrain pour produire les besoins alimentaires de la cantine scolaire. 

« Pour ce faire, nous avons identifié les parents qui ne travaillent pas que nous avons formés à l’agriculture. Ces parents sont passés de chômeurs à agriculteurs avant de devenir, prochainement des agro entrepreneurs. Nous avons créé une SMSA (société mutuelle de service agricole) nommée Kidchen qui gère les profits générés par la commercialisation des 200 tonnes de fruits et légumes produits par an dont la valeur de marché est de plus de 300 000 dt. 10 % de la production est destinée à la cantine scolaire. Ainsi, nous couvrons les charges, les dividendes ainsi que les travaux et les achats nécessaires pour garantir aux élèves leurs droits et un meilleur cadre de vie et d’études. », précise l’association.

Parmi les investissements, ceux des clubs sont destinés à compenser la mauvaise qualité de l’enseignement et l’absence de matériel didactique, pédagogique et ludique. 

Il s’agit de clubs d’entrepreneuriat, robotique, langues et civilisations, médias, théâtre, chant, sport féminin permettent ainsi aux enfants de renforcer leurs connaissances, leur résilience, leur confiance en eux.

« Car, c’est là notre objectif, nous souhaitons accompagner le développement des enfants à afin qu’ils puissent une fois jeunes adultes en bonne santé, épanouis et instruits développer leur pays. »

Ce projet a pris 10 ans. 10 ans de batailles des consciences, administratives, juridiques, techniques financières pour avoir un modèle complet qui commence à donner des résultats probants. Parmi ces résultats, Il y a Chaima. 

« Cette jeune femme tunisienne qui faisait partie des bénéficiaires à l’époque où elle était collégienne et une fois obtenue son BAC nous a contactés pour nous dire que nous avions changé sa vie et que désormais, étant majeure, elle souhaitait à son tour changer la vie des autres. « 

Etudiante en droit, Chaima souhaite devenir juge pour enfants et en attendant, elle occupe le poste de porte-parole de Wallah We Can.

« Désormais nous voulons dimensionner cette solution à l’échelle des régions et donc du pays. Une ferme énergétique et agricole, qui alimente toutes les écoles de la région, dont les bénéfices financent les formations des parents pour les salarier, les autonomiser ainsi que les travaux et les achats pour améliorer le cadre de vie et d’études des élèves. », conclut Lotfi Hamadi.

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