Tunisie : Un potentiel immense, étouffé par ses propres freins, selon la BAD

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Dans son Rapport Pays 2025 consacré à la Tunisie, la Banque africaine de développement (BAD) dresse un diagnostic des opportunités ainsi que des défis économiques structurels qui freinent la transformation du pays.

Intitulé « Tirer le meilleur parti du capital de la Tunisie pour favoriser son développement », ce rapport prévoit pour 2025, une croissance modeste de 1,9 %, en légère amélioration, portée par l’agriculture et une inflation attendue à 6,4 %.

Toutefois, la BAD souligne que les risques internes et externes pèsent lourdement sur les perspectives, citant notamment l’incertitude géopolitique, dépendance énergétique, pressions sur les finances publiques et un accès restreint aux financements internationaux.

La mobilisation des ressources fiscales reste l’un des talons d’Achille du pays. Avec une pression fiscale avoisinant 25,5 % du PIB, la Tunisie semble avoir atteint un plafond difficilement franchissable sans réforme profonde, insiste l’Institution financière qui appelle à l’élargissement de l’assiette fiscale, à une meilleure gouvernance des entreprises publiques, et à l’optimisation des dépenses — notamment la masse salariale (43,7 % des dépenses en 2024) et les subventions (30,4 %).

Le capital humain est riche mais mal exploité, estime la BAD, soulignant qu’il représente une autre piste de croissance tout comme les ressources en phosphate qui sont considérables, mais leur exploitation reste freinée par des conflits sociaux, une gouvernance déficiente et des contraintes environnementales.

Le capital d’affaires repose sur un tissu entrepreneurial dominé par les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), qui représentent 98 % des entreprises formelles, assurent 56 % de l’emploi et 40 % du PIB. Pourtant, l’accès au financement reste limité, les PME étant largement dépendantes du secteur bancaire, qui concentre 85 % du crédit total.

Concernant le marché boursier, il reste embryonnaire, ne représentant que 20 % du PIB. La BAD plaide pour une diversification des sources de financement, via le capital-risque, les FinTechs, les obligations vertes ou encore les partenariats public-privé. Elle recommande aussi une refonte du Code des changes pour faciliter l’intégration des entreprises tunisiennes dans les chaînes de valeur internationales.

Le rapport appelle à un investissement massif dans la formation technique et professionnelle, la digitalisation de l’enseignement, et la valorisation des talents de la diaspora.

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