
En 2024, la Tunisie a enregistré un déficit énergétique atteignant près de 10,8 milliards de dinars, a fait savoir Hassine Rehili, expert en développement et en gestion des ressources hydriques.
Il explique cette situation découle principalement de la flambée des prix du pétrole à l’international, combinée à une forte dépendance aux importations, couvrant environ deux tiers des besoins du pays en pétrole et produits dérivés.
Selon lui, ce déséquilibre n’est pas nouveau. La Tunisie s’enlise depuis plusieurs années dans cette spirale déficitaire, sans qu’aucune stratégie décisive ne soit mise en œuvre pour y remédier.
L’expert déplore notamment l’absence d’une mobilisation efficace des financements destinés à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), qui aurait permis de lancer des investissements durables dans les énergies alternatives et renouvelables. Une orientation stratégique qui, selon lui, aurait pu atténuer de manière significative la dépendance énergétique du pays.
Au lieu de s’engager dans cette voie, Tunis a préféré conclure plusieurs accords portant sur la production et l’exportation d’hydrogène vert. Des ententes ont été signées avec des entreprises étrangères et des États partenaires dans le cadre de leur politique de réduction des émissions carbone et de transition énergétique. Parmi les domaines concernés figurent le dessalement de l’eau de mer et l’exploitation de l’énergie solaire.
Une stratégie que Rehili critique ouvertement, estimant qu’elle s’éloigne du principe fondamental de souveraineté énergétique et nationale.
Pour sortir de cette impasse, l’expert appelle à l’élaboration d’une vision claire à l’horizon des dix prochaines années. Il insiste sur l’importance d’attirer les investissements directs, de renforcer l’implication des entreprises locales et de miser de manière résolue sur les sources d’énergie renouvelable, notamment solaire, qui demeure largement sous-exploitée dans un pays pourtant riche en ensoleillement.
Hassine Rehili insiste également sur la nécessité d’en finir avec les lourdeurs bureaucratiques et les procédures administratives décourageantes, qui freinent non seulement l’investissement national mais aussi l’intérêt des capitaux étrangers. Il plaide en faveur de politiques publiques cohérentes, fondées sur des programmes clairs et ambitieux, capables de redéfinir durablement le paysage énergétique tunisien.