
La société d’intermédiation agréée « Tuniso-Séoudienne d’Investissement » (TSI) est aujourd’hui au cœur d’un scandale financier retentissant, avec jusqu’à près de 400 millions de dinars évaporés.
Dans un premier communiqué publié le 23 avril, le Conseil du Marché Financier (CMF) évoquait une « inadéquation des fonds propres » et des « défaillances de gouvernance ». Aucune mention explicite de fraude, encore moins des montants en jeu. Un second texte, daté du 30 avril, confirmait bien une saisine judiciaire.
Début du mois, le CMF a annoncé avoir saisi la justice tunisienne, après avoir identifié de « graves manquements » chez TSI. Le président délégué du collège du CMF a adressé un signalement officiel au procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis, sur la base des premières investigations internes. Ce signalement s’appuie notamment sur les dispositions de la loi n°94-117 du 14 novembre 1994 relative au secteur financier, et sur l’article 29 du Code de procédure pénale.
L’affaire est désormais entre les mains de la justice. Les premières conclusions des enquêtes internes pointent des irrégularités graves dans la gestion de TSI, imputables à son président-directeur général Hafedh Sebaa, aujourd’hui en fuite.
TSI promettait à ses investisseurs des rendements très supérieurs à la moyenne du marché, appuyés sur des billets de trésorerie émis sans garanties réglementaires. En réalité, ces titres n’étaient que des instruments de captation, masquant un mécanisme pyramidal typique.
Les pertes oscillent entre 250 et 400 millions de dinars. Hafedh Sebaa a quitté le pays, tout comme Mohamed Hédi Ben Ayed, actionnaire à 20 % et administrateur de la société, qui serait actuellement au Maroc. Quant à la banque tuniso-saoudienne, actionnaire principal, elle garde un silence glaçant.
« Ponzi, fraude, faillite de la régulation », l’ONG tunisienne ALERT ne mache pas ses mots. Selon son enquête, l’argent collecté auprès de nouveaux investisseurs servait à rembourser les anciens, tandis que des sommes importantes étaient injectées dans des sociétés fictives ou en difficulté — certaines appartenant directement à Hafedh Sebaa, à l’instar de la clinique El Majd de Sidi Bouzid.
Le 22 mai 2025, le CMF a annoncé la désignation de Bilel Errahmouni en qualité d’administrateur judiciaire de TSI. Cette nomination, ordonnée par le tribunal de Tunis le 15 mai, est valable trois mois. Avec cette mesure, l’objectif est de reprendre le contrôle administratif et financier de la société sous supervision judiciaire, en représenter les intérêts face aux clients, institutions bancaires et autorités.