
Le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées a remis les distinctions de la meilleure recherche scientifique féminine de l’année 2025.
Sous le thème « le rôle de l’intelligence artificielle dans le développement des capacités individuelles », cette cérémonie a récompensée Emna Hariga, ingénieure en chimie analytique et chercheuse à l’Institut Pasteur, qui a reçu le premier prix pour ses travaux sur une plateforme intelligente destinée à accélérer la mise au point de médicaments antimicrobiens grâce à l’IA. Ce projet cible notamment le coronavirus et la leishmaniose, maladie qui menace gravement les enfants de moins de six ans et qui touche chaque année près d’un million de personnes dans le monde. Selon elle, cette plateforme a déjà permis l’identification de cinq nouvelles molécules, appelées à entrer en phase préclinique et à obtenir un brevet. Elle ambitionne également d’étendre cet outil à d’autres maladies, comme le paludisme, tout en simplifiant l’usage de l’IA pour concevoir des traitements moins nocifs et à effets secondaires réduits.
La deuxième place a été attribuée à Saloua Sahnoun, docteure en génie électrique, pour ses recherches sur la reconnaissance des gestes de la main par intelligence artificielle dans le domaine médical. Ce travail explore la connexion entre l’IA et les signaux cérébraux, permettant ainsi de contrôler une main artificielle par la pensée. L’innovation vise à améliorer l’autonomie des personnes atteintes de troubles neurologiques ou sensoriels.
Dalia El Euch, professeure adjointe en linguistique, a obtenu la troisième place grâce à son étude sur « l’utilisation excessive des pronoms personnels chez les personnes atteintes de schizophrénie ». Après avoir analysé huit décennies de travaux scientifiques, elle a démontré que l’IA appliquée à l’analyse linguistique neurologique peut favoriser un diagnostic précoce de cette maladie mentale, dont les symptômes se manifestent souvent tardivement, compliquant sa prise en charge.
A cette occasion, la ministre de la Famille, Asma Jebri, a mis en avant la place des chercheuses tunisiennes, rappelant qu’elles représentent 55,1 % du total en Afrique et dans le monde arabe, et qu’elles se classent au deuxième rang mondial pour la proportion de diplômées dans les disciplines scientifiques et technologiques (58 %).
Elle a aussi annoncé l’augmentation de la dotation financière du prix, passée de 10 000 à 15 000 dinars, et la création d’un comité scientifique composé d’experts, d’universitaires et de représentants de treize ministères pour superviser l’évaluation des travaux.