Tunisie – RDC : Une coopération gagnante en Afrique et pour l’Afrique

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Entretien avec le Professeur Désiré-Salomon Mwendanga Musengo, Ambassadeur de la République Démocratique du Congo en Tunisie

Dans cet entretien exclusif, Son Excellence Monsieur Désiré-Salomon Mwendanga Musengo, Ambassadeur de la République Démocratique du Congo (RDC) en Tunisie nous plonge dans l’univers diplomatique qui unit ces deux nations, des racines profondes à une coopération florissante.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’état actuel de la coopération entre la Tunisie et la RDC ?

Les relations diplomatiques entre la République Démocratique du Congo et la République Tunisienne ont toujours été au beau fixe. Pour mémoire, juste après l’indépendance du Congo en 1960, la Tunisie a été sollicitée pour mettre son expertise à la disposition du ministère congolais des Affaires Etrangères. A cet effet, on peut relever les apports combien louables ci-après :

  • La médiation du Président Bourguiba dans la querelle entre Bruxelles et Kinshasa au sujet notamment du transfert des rênes de la Banque centrale du Congo et de sa gestion ;
  • La gestion des intérêts congolais auprès des Nations-Unies et du Royaume de Belgique.

Dès l’établissement des relations diplomatiques en 1962, les leaders des deux pays s’étaient engagés à renforcer la coopération économique et technologique afin de sortir leurs deux peuples de la pauvreté et du sous-développement.

A la suite des bonnes relations d’amitié qui existent si heureusement entre les deux pays, un cadre juridique de coopération bilatérale dans différents domaines constitués d’accords conclus et autres en discussion a été mis en place.

Aujourd’hui, nous bénéficions d’une coopération forte et solide, dans de nombreux domaines clés dont l’économie, l’éducation, la santé ou encore les nouvelles technologies.

Avec l’instauration d’une Chambre de commerce mixte tuniso-congolaise, de plus en plus d’initiatives se mettent en place pour renforcer le commerce entre la République Démocratique du Congo et la République Tunisienne.

Selon les statistiques, en 2020, la valeur des exportations de la Tunisie vers la République Démocratique du Congo a dépassé les 21 millions de dollars américains soient 57 millions de dinars tunisiens.

Il faut aussi signaler que la Tunisie est devenue une destination privilégiée de bon nombre de congolais dans le cadre des soins médicaux et des études. De nos jours, nous comptons une grande communauté congolaise en Tunisie constituée principalement d’étudiants.

Pour être précis, dans le domaine de la santé, non seulement bon nombre de congolais préfèrent la Tunisie pour y obtenir des soins médicaux appropriés, mais aussi nous souhaitons vivement nous inspirer des compétences tunisiennes pour améliorer la qualité des soins en République Démocratique du Congo. C’est dans ce cadre que nous avons récemment effectué une visite officielle au Centre hospitalier international Tunis-Carthagène pour nous enquérir de sa capacité managériale afin d’encourager cette structure à pouvoir nouer de partenariat avec les hôpitaux et les facultés de médecine de la République Démocratique du Congo pour effectivement partager les expériences.

Comment les deux pays encouragent-ils les échanges ?

Lors de la cérémonie de présentation de mes Lettres de créances et du tête-à-tête qui s’en est suivi, j’ai eu l’honneur et le privilège d’échanger avec Son Excellence Monsieur KAIS SAIED, le Président de la République Tunisienne, en présence de Son Excellence Monsieur Nabil Ammar, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger. Pendant cet entretien, le Chef de l’Etat tunisien nous a partagé sa vision sur l’avenir de la coopération entre nos deux pays dans le cadre du partenariat Sud-Sud, en soulignant que la République Démocratique du Congo et la République Tunisienne ont la capacité de servir de levier pour soutenir le développement de l’Afrique entière.

Pour matérialiser cette volonté du Chef de l’Etat tunisien et au regard des diverses potentialités dont regorgent les deux pays, il serait avantageux d’œuvrer pour la redynamisation de la coopération bilatérale élargie à des domaines d’intérêt commun. Nous collaborons étroitement avec le Conseil d’affaires tuniso-africain-Tunisia Africa Business Council (TABC). Nous allons participer activement au Financing investment and Trade in Africa (FITA), dont la prochaine édition est prévue en juin 2024. Et en novembre 2024, le TABC est attendu à Kinshasa pour y organiser une mission économique des Entrepreneurs Tunisiens.

Nous voulons travailler plus sur l’intensification des échanges culturels qui permettront aux peuples des deux pays de se rapprocher, de se connaître pour se comprendre afin de pouvoir coopérer. Nous pourrons, le moment venu, planifier des journées culturelles ou même une semaine culturelle tuniso-congolaise, à Kinshasa comme à Tunis.

Il est également impérieux de pouvoir encourager la multiplication des visites d’amitié pour la jeunesse et de travail à haut niveau.

Toutefois, il y a lieu de relever que dans les efforts de raffermissement des relations entre la Tunisie et la République Démocratique du Congo, il subsiste un obstacle et pas de moindre : la distance qui sépare les deux pays. En effet, l’ouverture des liaisons aériennes directes entre Tunisie et Kinshasa est plus qu’une nécessité. Nous sommes actuellement en pourparlers pour concrétiser ce projet. Cela permettra notamment aux hommes et femmes d’affaires des deux pays de bouger rapidement et régulièrement. Surtout que la République Démocratique du Congo et la Tunisie ont signé une convention l’an dernier, incluant l’ANAPEX et le CEPEX, des agences de promotion des exportations des deux pays.

Comment décririez-vous le climat d’investissement actuel au Congo ? Quels sont les efforts déployés pour le rendre plus attrayant pour les investisseurs étrangers ?

Nous présentons plusieurs avantages et incitations d’investissements. Le Congo est un pays stable, qui a accueilli des récentes élections sans heurt. Le président de la République Démocratique du Congo, Son Excellence Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui entame son deuxième mandat, a annoncé plusieurs mesures allant dans le sens de protéger le pouvoir d’achat, de stimuler l’emploi, de diversifier et accroître l’économie en transformant localement les produits agricoles, autant d’opportunités pour les investisseurs tunisiens.

La RDC est également connue pour être l’une des régions les plus riches en biodiversité au monde, avec de nombreuses ressources en forêt, en eau, en pétrole, en gaz, etc. Mon pays est aussi un esclandre géologique car regorgeant de réserves considérables en minerais précieux comme l’or, le diamant, le cobalt, le coltan, le cuivre et j’en passe. Dans le domaine de l’agriculture, la République Démocratique du Congo dispose de grandes étendues de terres arables ; la RDC est ainsi un pays de solution en matière de transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Par ailleurs, mon pays est entouré de neuf (9) voisins ; sa position géographique lui donne l’avantage d’appartenir à la fois à quelques zones régionales comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe – Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA), la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), la Southern African Development Community (SADC), etc.

Nous avons une législation très souple, qui incite les étrangers à investir. De plus, l’obtention d’un visa pour le Congo à partir de Tunis est devenue plus rapide depuis mon avènement. L’objectif est de simplifier les procédures pour les voyageurs et acteurs économiques tout en luttant contre l’immigration clandestine.

Tous ces éléments montrent que la République Démocratique du Congo est un pays qui offre tant d’opportunités aux opérateurs économiques tunisiens. En ma qualité d’Ambassadeur, j’encourage ces opérateurs à visiter la République Démocratique du Congo pour une exploration d’affaires pouvant aboutir à de partenariats gagnant-gagnants.

Propos recueillis par Leïla Ben Mansour et Nabil Allani

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