Tunisie : Pourquoi Kaïs Saïed a ordonné la dissolution d’Itissalia Services ?

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Le Président de la République, Kaïs Saïed a ordonné la dissolution de la société publique Itissalia Services.

Après s’être entretenu avec plusieurs ministres, il avait annoncé fin mai, sa volonté de fermer cette entreprise opérant dans le secteur public, qu’il qualifie « d’instrument d’esclavage déguisé ». Début juin il réaffirme sa décision qu’il officialise par décret, actuellement en préparation, portant sur l’interdiction des contrats à durée déterminée et de l’intérim qui doit désormais intégrer la fermeture formelle de la société Itissalia ainsi que la réaffectation de ses agents à leurs derniers postes.

Fondée en 2013 avec un capital de 465 000 dinars, Itissalia Services comptait parmi ses clients réguliers Tunisair Handling, le ministère de la Santé, le ministère de la Défense, la Banque de l’Habitat, la CNSS, la CNAM, la SNCFT et plusieurs municipalités. Les principaux actionnaires étaient Tunisie Télécom (35,98 %), la Poste tunisienne (15 %), l’Agence nationale des fréquences (15 %), l’Office national de télédiffusion (9 %), le Pôle El Ghazala des technologies de la communication (10 %) et la société SGVE Phenix (15 %). Les dernières données financières disponibles, notamment son bilan 2022 (RNE), révèlent un chiffre d’affaires d’environ 43 millions de dinars pour un bénéfice net de 2,024 millions de dinars. L’entreprise propose des services variés allant du nettoyage industriel et domestique, dératisation, désinsectisation, entretien de piscines et d’espaces verts, accueil en entreprise, sécurité, gardiennage, télésurveillance, transport de personnel, gestion de salles de réunion à la maintenance audiovisuelle.

Mais Kaïs Saïed cible précisément ce modèle d’entreprise qu’il accuse de générer des marges importantes sur le dos des employés. En prenant l’exemple du gardiennage, il souligne que sur 24 millions de dinars facturés, seuls 16 millions vont aux salaires. De même, l’activité nettoyage représente 12 millions de dinars de chiffre d’affaires pour 8,4 millions de salaires. Ces écarts, perçus comme des profits excessifs, sont en réalité absorbés par des coûts annexes : logistique, matériel, équipements, gestion des remplacements, voire l’entretien de chiens de garde.

Pour Kaïs Saïed, la logique économique derrière ce type de sous-traitance est inacceptable. Il y voit une exploitation de la main-d’œuvre, malgré le respect des conventions collectives, des barèmes légaux et un salaire supérieur au SMIG pour la majorité des agents. Le siège d’Itissalia, installé à El Omrane, emploie plusieurs centaines de personnes. En vertu de cette dissolution, ils devront désormais absorber ces employés, même si leurs services ne sont nécessaires que ponctuellement.

Cependant, l’intégration promise par le président de ces agents dans les structures où ils exerçaient leurs fonctions se heurte à de nombreuses contraintes. Les entreprises clientes n’ont ni budgétisé ces recrutements, ni la capacité d’absorber en interne des besoins ponctuels. La flexibilité qu’offrait Itissalia permettait justement de pallier les absences et d’adapter les effectifs aux besoins.

 

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