Tunisie – États-Unis : Entre excédent et incertitudes face aux droits de douane de Trump

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Le président Américain, Donald Trump vient d’annoncer l’instauration officielle de droits de douane réciproques sur les produits importés, qui entrera en vigueur dès le 5 avril, suivi par des taxes spécifiques selon les pays à partir du 9 avril.

Cette mesure, qui concerne plus de 180 pays, s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de « réindustrialisation et d’indépendance économique » des États-Unis.

Pour la Tunisie, cette taxe s’élève à 28 %, les États-Unis accusant le pays de taxer leurs produits à hauteur de 55 %. Un taux élevé par rapport à ses voisins du Maghreb dont l’Algérie qui se voit imposer 30 %, et 10% pour le Maroc. A titre comparatif, la taxe imposée à l’Europe est de 20%, 34 % pour la Chine, 26% pour l’Inde et 24% pour le Japon.

Tunisie : Un excédent commercial fragile

Commentant cette décision, l’économiste Bassem Ennaifer a mis en garde contre les conséquences indirectes des mesures protectionnistes imposées par Donald Trump.

S’exprimant sur les ondes de Mosaïque FM, il estime que ces taxes pourraient peser bien plus lourd sur l’économie tunisienne que leur impact immédiat.

En 2024, les exportations tunisiennes vers les États-Unis ont atteint 2,016 milliards de dinars, générant un excédent commercial de 216 millions de dinars. Sur les deux premiers mois de 2025, ces exportations s’élèvent déjà à 360 millions de dinars, dominées par des produits phares comme les dattes et l’huile d’olive, notamment biologique.

Un impact direct limité, mais une menace indirecte majeure

Si les nouveaux droits de douane américains – atteignant 28 % sur les importations tunisiennes – risquent de réduire la compétitivité des produits tunisiens, Ennaifer estime que l’effet immédiat sur la balance commerciale restera modéré. En effet, les États-Unis n’absorbent qu’une fraction relativement modeste des exportations tunisiennes.

Cependant, le véritable danger réside dans les conséquences en chaîne des nouvelles barrières tarifaires américaines. Washington a également instauré une taxe de 20 % sur ses importations en provenance d’Europe. Or, certaines industries européennes dépendent de composants fabriqués en Tunisie, notamment dans le secteur des pièces automobiles. Une baisse de la demande européenne pourrait donc fragiliser les exportations tunisiennes, alors même que l’UE représente 70 % des débouchés de la Tunisie.

Un possible rebond sur le marché local

Malgré ces incertitudes, Ennaifer se veut mesuré quant aux effets des taxes américaines sur les produits alimentaires tunisiens. Un éventuel surplus de production pourrait être réorienté vers le marché intérieur, favorisant ainsi une baisse des prix pour les consommateurs tunisiens.

Stabilisation monétaire : un enjeu clé

Dans ce contexte de tensions commerciales, l’économiste insiste sur la nécessité d’améliorer les exportations et d’accroître les recettes en devises pour préserver la stabilité monétaire du pays. La récente baisse du taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) de 50 points de base reste, selon lui, une mesure modérée, tandis que le niveau actuel des taux d’intérêt demeure suffisant pour protéger la valeur du dinar face aux fluctuations économiques mondiales.

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