La réélection de Donald Trump en 2024 et la poursuite de sa politique « America First » redessinent le paysage économique mondial, avec des conséquences directes pour des pays comme la Tunisie.
Une analyse du think tank tunisien, l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise (IACE) met en lumière les enjeux de cette nouvelle donne économique.
Protectionnisme américain et tensions commerciales
L’administration Trump a adopté une politique commerciale agressive, augmentant les droits de douane sur plusieurs produits, notamment chinois. Cette guerre commerciale mondiale impacte les échanges globaux et pourrait affecter l’économie tunisienne, dépendante des importations de biens et de matières premières. L’incertitude économique a également conduit à une baisse des investissements directs étrangers (IDE) en Tunisie, estimée à -15 % en 2025.
Fluctuations monétaires et inflation
Depuis la victoire de Trump en novembre 2024, le dollar s’est apprécié de 3 % en termes nominaux et de 4 % face à l’euro. Pour la Tunisie, qui réalise 60 % de ses transactions en dollars, cela se traduit par une augmentation du coût des importations et une inflation importée. En 2024, les coûts de l’énergie ont augmenté de 18 %, tandis que les prix des produits alimentaires ont grimpé de 12 %, pesant sur le pouvoir d’achat des ménages.
Commerce et secteurs stratégiques fragilisés
Les hausses de droits de douane américains pourraient affecter les exportations tunisiennes, notamment dans le textile et l’agroalimentaire. Le secteur du textile, crucial pour la Tunisie, souffre de l’augmentation des coûts des matières premières importées, tandis que l’agroalimentaire subit la flambée des prix des céréales et des huiles végétales.
Impact de la politique énergétique américaine
Avec une production pétrolière américaine record de 13,2 millions de barils par jour, les prix du brut sont en baisse, stabilisés autour de 70 USD le baril. Pour la Tunisie, cela signifie une réduction de sa facture énergétique. Cependant, cette baisse affecte également les revenus des pays du Golfe, réduisant les transferts financiers des expatriés tunisiens et les IDE issus de ces pays.
Diminution de l’aide américaine
Les coupes budgétaires dans l’aide internationale américaine impactent directement la Tunisie. L’USAID, dont le budget était de 43,79 milliards de dollars en 2023, a vu ses fonds réduits, limitant le soutien aux projets de développement. Toutefois, l’administration Trump prône un modèle alternatif d’investissements privés via des initiatives comme « Prosper Africa », qui pourraient offrir de nouvelles opportunités à la Tunisie.
Quelles solutions pour la Tunisie ?
Face à ces bouleversements, la Tunisie doit adopter des stratégies adaptatives. L’IACE recommande la diversification des partenariats économiques, en renforçant notamment les relations avec l’Union européenne et la Chine, tout en explorant de nouveaux accords avec des pays émergents comme l’Inde et la Turquie. Le think thank estime également nécessaire d’investir dans les secteurs stratégiques pour réduire la dépendance aux importations. Enfin, l’IACE propose d’adapter la politique monétaire pour atténuer l’impact des fluctuations du dollar et protéger le pouvoir d’achat.
