Tunisie : Comment la baisse du taux directeur va impacter l’économie ?

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BCT

Lors de son Conseil d’Administration, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a décidé de réduire son taux directeur de 50 points de base, le faisant passer de 8 % à 7,5 %.

Une mesure qualifiée d’ajustement progressif par l’analyste économique et financier Bassem Ennaifar, qui y voit une stratégie équilibrée visant à contenir les prix tout en favorisant la relance économique.

Un arbitrage entre inflation et croissance

Dans une interview accordée à l’Agence TAP, l’expert a expliqué que cette décision intervient après une période de resserrement monétaire engagée fin 2022, lorsque la BCT avait relevé son taux directeur pour juguler une inflation à deux chiffres, exacerbée par la flambée des prix internationaux due à la guerre en Ukraine.

Avec un taux d’inflation ramené à 5,7 %, la BCT estime que les conditions sont réunies pour un assouplissement modéré.

La BCT a trouvé un juste milieu entre la consolidation des acquis en matière de stabilité des prix et la nécessité de stimuler l’activité économique, explique Ennaifar.

Si cette baisse ne constitue pas une révolution pour le financement des entreprises, elle devrait néanmoins alléger le coût des crédits à court terme, facilitant ainsi le financement des besoins d’exploitation.

Pour les ménages, l’impact sera limité sur les crédits à la consommation, mais pourrait dynamiser le secteur immobilier, les banques étant incitées à proposer davantage de prêts à taux variables, a-t-il souligné.

L’État, premier bénéficiaire de la mesure

Le principal gagnant de cette baisse reste l’État tunisien, principal émetteur de dette sur le marché primaire. En effet, cette décision intervient alors que le gouvernement prépare le lancement de l’emprunt national 2025, dont le montant est fixé à 4,8 milliards de dinars dans la Loi de Finances.

En abaissant les taux, l’État réduit le coût de sa dette et évite de reproduire les emprunts nationaux coûteux des années précédentes, souligne l’économiste.

Début février 2025, Tunisie a déjà opté pour des émissions de bons du Trésor à court terme (1,2 milliard de dinars), une solution moins onéreuse qu’une tranche d’emprunt obligataire. Une stratégie qui témoigne d’une gestion prudente de la dette publique dans un contexte économique encore fragile.

Encourager l’épargne productive

Parallèlement, la BCT a abaissé le taux minimum de rémunération de l’épargne de 7 % à 6,5 %, une mesure destinée à inciter les épargnants à réorienter leurs fonds vers l’investissement. Avec un stock d’épargne bancaire et postale avoisinant 45 milliards de dinars, les autorités entendent mobiliser ces ressources dormantes au profit de la croissance.

Cette politique monétaire graduelle reflète la vigilance de la BCT, prête à resserrer les taux en cas de rebond inflationniste.

Pour l’heure, elle mise sur un rééquilibrage subtil entre stabilité des prix et soutien à l’économie, dans l’attente d’une consolidation durable de la conjoncture.

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