Tunisian Smart Cities : achèvement de la première tournée de la caravane nationale

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Tunisian Smart Cities

La première tournée de la caravane nationale Tunisian Smart Cities s’est achevée mercredi soir 01 mai 2019 de manière grandiose et conviviale autour d’un excellent repas en commun dans la ville de Bizerte. Cette aventure qui s’est étalée sur 8 jours et 7 nuits dans 10 villes tunisiennes est née de l’initiative et de la volonté d’un jeune architecte bizertien qui a cru énormément en lui, ses idées et la possibilité de son pays de se changer avec un projet de Smart Cities.

« La Smart City, cette nouvelle notion qui se veut concept, voire paradigme commence à prendre plus d’importance en Tunisie et ailleurs. Loin d’être une exception, le monde entier est conscient aujourd’hui que la Smart City est une nécessité pour améliorer le confort de vie, développer l’attractivité, promouvoir la qualité environnementale, profiter de l’impact de la technologie…et s’adresser à tout le monde. C’est avec cet esprit de confiance et de foi que notre association s’est lancée dans les aventures de Smart City avec en main une seule arme : la détermination pour inclure les villes tunisiennes dans la liste des villes intelligentes à travers le monde via la proposition, puis la mise en œuvre de projets structurants et stratégiques.

Un rêve qui s’approche de plus en plus de la réalité après, notamment, le lancement officiel le 24 avril 2019 au siège du ministère des Technologies de l’information et de l’Economie numérique du Programme national des Smart Cities qui a été introduit dans le Plan national stratégique du gouvernement pour la période 2020-2025 », précise Borhène Dhaouadi, président de l’Association Tunisian Smart Cities.

La région du Nord-Ouest et du Centre au rendez-vous !

Loin de la capitale et des villes côtières, la caravane se dirige dans une première phase vers trois villes du Nord-Ouest et du Centre du pays à savoir Tabarka, Kef puis Kairouan. Le choix de Tabarka comme première ville sur la liste de la caravane n’est pas fortuit. Une cinquantaine de professionnels du tourisme ont déjà préparé le terrain et se sont rassemblés au sein de l’association civile « Jendouba 2050 » pour faire de cette région, longtemps négligée comme d’ailleurs toute la région, une ville intelligente. « Tabarka est sur le bon chemin pour créer les conditions et bases d’une ville smart et écologique avec une démarche participative qui vise à faire émerger le projet et le faire porter par la région.

A cette fin, notre association a mené une étude préliminaire de la valorisation des opportunités économiques territoriales de la région pour le lancement du projet «Costa Coralis», qui devrait presque totalement transformer la ville et tout le gouvernorat de Jendouba… Un tel projet permettrait à notre région de devenir un terminal éco-touristique de croisières… La Cité à construire offrirait à Tabarka la possibilité de se positionner comme port d’hivernage et de refit. Il est, donc, temps de mobiliser la société civile et les autorités locales pour faire un vrai départ vers le rêve de la Smart City sur des bases solides », indique Faouzi Drissi, président de l’association Jendouba 2050.

Pour sa part, le maire de Tabarka précise que la région dispose d’un ensemble d’opportunités économiques non exploitées (sylviculture, halieutique, plaisance, tourisme culturel,…) à valoriser dans l’intérêt des générations futures. « Nous sommes ici, représentants d’institutions centrales, locales, civiles, et scientifiques, sur la même longueur d’onde et au cœur de la Smart City pour apprendre tous les uns des autres car la force du collectif et de la participation citoyenne est le pilier de la Smart City, l’avenir des territoires», ajoute-t-il.

Après Tabarka, la caravane s’est rendue dans la ville du Kef où le maire de la région, ‎Amor Idoudi, a félicité l’initiative de l’association Tunisian Smart City pour avoir choisi cette région comme l’une des futures villes intelligentes. Afin de donner un coup de pouce réel et encourageant à cette décision, il a annoncé que le conseil municipal de la ville va créer très bientôt une commission spéciale « Smart City » afin d’intégrer un ou plusieurs périmètres smart city. Cette dernière travaillera en concertation avec l’association « Le Kef 2050 », qui sera créée dans les prochains jours par les jeunes de la région, avec une vision claire et des objectifs bien déterminés.

« Dès maintenant, je suis moi-même Smart City ! Le Kef est promu, aujourd’hui, par le ministère de la Culture, comme la capitale culturelle de la Tunisie. Donc, au début, l’enjeu sera clair, il s’agira de miser sur l’axe culture et patrimoine pour viser dans un avenir proche d’autres projets à l’instar d’un tourisme vert et écologique, l’énergie renouvelable, l’emploi vert…», ajoute-t-il.

De son coté, Norhène Haddaoui, porteuse du projet Kef Smart City, affirme qu’avec ses sites historiques, la ville offre à ses visiteurs une grande valeur culturelle et archéologique. C’est sur cet axe touristique et culturel que le projet ‘’Kef Smart City’’ s’article. « Le Kef est un pôle touristique par excellence et l’enjeu de la Smart City ne peut que servir l’intérêt de la ville et de ses habitants à travers la valorisation de son capital patrimonial et les nouveaux investissements qui permettent d’optimiser son développement. Mais pour concrétiser ce rêve, il est indispensable d’impliquer toutes les parties prenantes et de travailler main dans la main pour l’optimisation de la valorisation des secteurs économiques stratégiques pour la municipalité et l’intégration de nouvelles technologies dans l’aménagement urbain », souligne-t-elle.

Vient ensuite Kairouan, la première ville tunisienne choisie dans le programme national Tunisia Smart City et soutenue par l’UIT (Union internationale des télécommunications), qui relève de l’ONU.  D’après Amal Hidri, chargée du dossier Smart City à la commune de la région, la ville de Kairouan était depuis longtemps une ville intelligente par excellence avec une planification et gestion des réseaux d’eau intelligente. « Aujourd’hui, il est temps de penser à notre ville autrement, de miser sur la Smart City, d’avancer avec des pas solides et sûrs et avec une équipe porteuse du projet. C’est pourquoi tout projet doit intégrer une dimension intelligente, digitale et à haute technologie », indique-t-elle, ajoutant que la démarche du projet Kairouan Smart City s’article autour de huit axes à savoir : le tourisme, l’agriculture, la santé, les services publics, les startups, le transport, l’éducation et la sécurité.

Tozeur, Gabés et Sfax osent être Smart

A Tozeur, le gouverneur Aymen Bejaoui n’a pas manqué de rappeler que la ville dispose de nombreux experts maîtrisant les besoins régionaux et locaux pour les 10 prochaines années. « Je rappelle aussi le rôle central des organisations de la société civile dans la conception de la nouvelle vision soutenue par la présidence du gouvernement, en matière d’intégration des normes environnementales…A cet égard, Tozeur et toute la société civile s’engagent dans le programme national des smart cities et restent mobilisées au suivi de l’avancement des travaux », indique-t-il.

Pour soutenir ces propos, Wassila Hedfi, première adjointe du maire de Tozeur, a annoncé que la ville a déjà développé des programmes intelligents d’éclairage, de gestion des déchets et de la qualité de l’eau. La société civile a, également, son mot à dire ! La Route des Palmes est un circuit touristique proposé par l’association CEDETOS, réparti sur huit municipalités de deux gouvernorats. L’association Irada Tozeur sensibilise à la préservation des spécificités culturelles locales à travers la promotion de circuits de l’eau, de l’argile, du soufisme… Le Forum International du Jerid propose un programme de 3000 hectares de zone verte intégrée dédiée au tourisme d’affaires. Pour sa part, l’association Dynamique autour de l’eau encourage les acteurs du développement à participer aux ateliers organisés par le ministère de l’Agriculture pour développer le programme Smart Water à intégrer à la stratégie « Eau 2050 ».

A Gabés, le maire de la région, Habib Dhaouadi, affirme que la municipalité est déjà engagée dans l’amélioration de la gestion de la qualité de vie des citoyens, avec des partenaires de coopération internationale. « Nous sommes heureux d’accueillir aujourd’hui le programme Tunisia Smart Cities et son cadre d’organisation des différentes initiatives civiles et scientifiques dans un plan de vision à l’horizon 2030 », souligne-t-il.

Pour sa part, le maire de Ghannouch indique que la municipalité est ravie d’intégrer ce programme afin de bénéficier de l’assistance technique et financière nationale et disposer des outils qui lui permettront d’être à la page, au cours de ce siècle où la gouvernance locale est intimement liée à la gestion intelligente du développement et de l’aménagement.

Abir Ben Fraj, jeune architecte membre de Bizerte 2050 et native de la région, n’a pas manqué de souligner que Gabès dispose d’un potentiel économique relatif aux secteurs agricoles (oasis et halieutique), et de services (tourisme, transport, santé et environnement). L’intention d’urbanisation est de structurer la ville par le long d’un axe d’équipements de services publics à relier par des transports collectifs bordés par un tissu dense d’activités mixtes. Le smart tourisme permettra de dépolluer la façade maritime et de protéger l’oasis.

La dernière station de cette deuxième phase est la capitale économique du pays, Sfax où le représentant du maire, Mounir Affes, précise que la ville est engagée dans le processus de développement de la Smart City en partenariat avec l’association ATSS. Ce processus localisé dans la médina concerne particulièrement les composantes d’éclairage et d’environnement intelligent, ainsi que de protection des immeubles menaçant de ruine.

Faika Skander Cherif, enseignante à la FSS, affirme que la mobilité intelligente du Grand Sfax est basée sur l’identification des problématiques économiques, sociales, et environnementales, liées aux configurations existantes (lacunes du transport collectif, pollutions atmosphériques, sonores, et visuelles, congestion due à la centralisation du réseau en demi toile d’araignée, insécurité due au squattage des trottoirs découlant de la rareté des places de parking,…). La mobilité intelligente est ainsi basée sur la création d’un axe primaire héliotropique comprenant les modes de transport collectif et intégrant les nouvelles technologies de suivi des performances (géolocalisation, temps d’attente, saturation du réseau, consommation énergétique…).

De son coté, Imen Kachrout, directrice du développement de la technopôle de Sfax, indique que cette entité est spécialisée dans les domaines de l’IoT, du Big data, de la réalité augmentée, réalité virtuelle, et de l’Industrie 4.0. Elle développe des coopérations avec l’IUT et le Centre d’affaires de Sfax, pour sensibiliser (formation et accompagnement) les PME à l’intégration des technologies du futur.

De Mahdia à Carthage, un engagement qui fait grandir

Les maires de Mahdia et de Rjich affirment être heureux de cette initiative portée par le ministère des Technologies de la l’information et de l’Economie numérique et fiers de cette jeunesse qui pense au futur d’une ville historique. Pour sa part, le directeur de l’ISI Mahdia a rappelé que l’établissement est d’emblée engagé dans l’innovation technologique au service de la qualité de vie des citoyens, à l’instar de solutions d’éclairage public et de gestion des déchets ménagers développés pour le compte de la municipalité. Idem pour Lamia Layouni, conseillère municipale en charge de la Commission Smart City, qui s’est engagée à mobiliser l’écosystème des acteurs institutionnels, civils, économiques, et techno-scientifiques, à la définition et la mise en œuvre des programmes de développement et des plans d’aménagement, cohérents avec l’intérêts des sociétés intelligentes et durables.

A Sousse, Asma Kallala, vice-présidente du Conseil municipal, affirme que la ville est particulièrement heureuse d’accueillir la caravane Tunisian Smart cities, dans la mesure où elle abrite un technoparc et est engagée dans l´innovation technologique au service de la qualité de vie des citoyens. Pour sa part, le directeur de la technopôle Novation affirme que les start-ups de la technopôle développent des applications de reporting citoyen (défauts de qualité des services collectifs), ainsi que des solutions de services administratifs (signatures légalisées, extraits de naissance), financiers (crypto-monnaie locale) digitalisés.

Dans la ville de Hammamet, le maire Moez Mrad, a rappelé que le 18 février 2017, le premier séminaire Smart city a été organisé à Hammamet et beaucoup d’idées y ont été exposées. « J’ai bon espoir de voir ces idées avancer dans le cadre de cette nouvelle initiative », dit-il. Un avis partagé par Kais Asmi, président de la Commission Smart city au Conseil municipal de Hammamet, qui affirme que ce Conseil a été le premier, à l’échelle nationale, à constituer une commission permanente dédiée à la Smart city et à la digitalisation des organisations. « Hammamet dispose d’un grand nombre de spécialistes en IoT et de partenariats de coopération technique, particulièrement avec le Canada », souligne-t-il.

La ville de Carthage a marqué la clôture de la première tournée de la Caravane nationale Tunisian Smart Cities avec la présence du ministre des Technologies de l’information et de l’Economie numérique, Anouar Maarouf. A cette occasion, le ministre indique que Carthage dispose d’un fond patrimonial à valoriser d’un point de vue économique. « Je félicite encore les initiatives de smart cities, car l’intelligence au service de la planification urbaine est un concept élastique et transversal et la technologie facilitera son implémentation et sa mise en œuvre dans le temps et avec les moyens dont on dispose… L’axe Smart City sera la pierre angulaire du Plan national stratégique 2020 – 2025 du fait de sa transversalité », souligne-t-il.

Pour sa part, Hayet Bayoudh, maire de Carthage, indique qu’à un tiers urbaine et deux tiers « musée à ciel ouvert », Carthage aspire à élargir la diffusion des technologies dans l’espace public à l’instar du wifi outdoor, du big data, des SIG, etc. « Nous comptons sur vos initiatives pour contribuer à améliorer la qualité de vie des citoyens», précise-t-elle, tout en annonçant avec beaucoup de confiance que le Conseil Municipal de Carthage va bâtir une stratégie sur 30 ans avec un plan d’action précis pour redorer le blason de l’une des premières smart city de l’histoire Carthage.

A la fin de cette soirée de clôture, Borhène Dhaouadi affirme que la synthèse de cette première tournée permettra de réunir l’ensemble des initiatives isolées dans le cadre d’un master plan à présenter lors de l’événement Afric’up qui aura lieu du 24 au 26 septembre 2019 à Tunis. C’est un outil permettant la large concertation autour de thématiques telles que l’eau, l’énergie, la mobilité, les équipements, les réseaux,… Son objectif principal est d’optimiser l’exploitation des infrastructures par la récupération d’une contribution des concessionnaires (STEG, SONEDE, ONAS, TT) pour financer les services urbains.

A cet égard, suite à chaque tournée de la caravane, des ateliers seront organisés dans les municipalités pour collecter l’ensemble des stratégies et des projets locaux, pour les organiser au sein d’un masterplan de programmation du développement et de planification de l’aménagement et de la digitalisation, en vue de constituer des dossiers de financement à présenter au forum international Afric’Up.

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