Sonia Khachlouf : «La crise sanitaire, un formidable accélérateur de digitalisation.»

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Interview avec Sonia Khachlouf, VP General Manager – ADP Tunisia.

Que doit faire la Tunisie pour renforcer son positionnement offshore et Nearshore dans le domaine IT ?  

La crise sanitaire que nous traversons a été un formidable accélérateur de digitalisation et constitue une opportunité extraordinaire pour effectuer un bond en avant vers le numérique. La Tunisie pourrait être considérée comme un choix de substitution assez solide pour le Nearshoring dans le domaine IT non seulement pour les entreprises européennes – partenaires historiques de la Tunisie – mais aussi pour de nouveaux marchés tels que des entreprises Améri­caines et Canadiennes.

Pour se faire, nous devons en profiter pour moderniser notre Administration, revoir nos processus et les fluidifier afin de booster les investissements étrangers.

La digitalisation de Services publics essentiels, la numérisation des systèmes de Sécurité sociale et d’éducation sont autant de réformes structurelles à mener de front pour développer l’attractivité de la Tunisie comme destination d’implantation.

Par ailleurs, réinventer le système éducatif en Tunisie passera nécessairement par une refonte en profondeur des programmes et des filières non seulement afin de répondre aux attentes du marché qui est devenu très concurrentiel (surtout dans le bassin méditerranéen) mais aussi afin d’être alignés avec les besoins des entreprises qui sont en perpétuels mutations.

Dans le même temps, les entreprises elles-mêmes se doivent d’être de plus en plus inventives pour atti­rer, intégrer et fidéliser les talents. Pour cela, les entreprises doivent définir une stratégie claire et communiquer une vision qui pousse à l’action. Il faut savoir répondre aux attentes individuelles des Talents tout en les mettant en adéquation avec les besoins actuels et futurs de la structure en mettant en place par exemple des plans de succession susceptibles de servir les intérêts de tous.

Enfin, je pense que la mise en conformité avec la règlementation européenne en matière de sécurité des données pourrait également renforcer le positionnement de la Tunisie dans le domaine IT.

Chaque année des milliers d’ingénieurs tunisiens quittent le pays, est-ce une menace pour le développement du secteur, voire une pénurie majeure en Ressources humaines ?

Durant les dernières années, la fuite des talents a constitué un défi de taille pour les entreprises TIC en Tunisie.

Pour tenter de remédier à ce phéno­mène, nous avons au départ tenté la stratégie de la rétention sous ses différentes formes mais cela n’a pas été réellement efficace à moyen terme.

La décision de départ n’est pas motivée uniquement par une meilleure rémunération. Les collaborateurs qui se tournent vers l’International partent essentiellement pour bâtir un projet de qualité de vie que nous ne pourrons pas compenser par la rémunération.

La solution est plutôt de renfor­cer et diversifier le pipeline de Talents, d’une part, et d’accompagner la montée en compétence par la formation continue d’autre part.

Nous avons également revu nos exi­gences en matière de ressources pour l’adapter au mieux au marché en misant sur l’accompagnement interne, le mentorat, une meilleure intégration de nos nouvelles recrues durant la phase d’on-boarding (surtout en période de Télétravail) ainsi que le développement des Soft-skills tout au long du parcours du collaborateur au sein de notre structure.

Comment ADP Tunisie gère-t-il la pandémie du Covid-19 ?

En tant que multinationale, nous dispose d’un Business Continuity Plan (BCP) qui nous permet de faire face aux éventuels risques sanitaires et sécuritaires. Plusieurs fois dans l’année, nous activons ce programme pour un jour ou deux afin de tester notre dispositif opérationnel en temps de crise.

En Mars 2020, tout juste avant le 1er confinement, nous avons acti­vé ce plan. Pratiquement en 1 jour seulement, nous avons opérer avec succès le basculement de nos 860 collaborateurs vers le Télétravail.

Durant cette épreuve, notre priorité a été la santé et sécurité de nos collaborateurs ainsi que la continuité de service de nos clients.  Aujourd’hui, après plus qu’une année, l’ensemble de nos collaborateurs continent de travailler à distance.

Ce modèle de fonctionnement a été efficace que ce soit en termes de performance machines, d’infrastructure réseau, d’applications et même en termes d’adaptation au changement de nos collaborateurs à ce nouveau mode de travail.

Bien sûr, nous avons renforcé notre dispositif de sécurité des données de nos Clients.

Cela constitue pour nous un élément fondamental du fait de notre secteur d’activité et la sensibilité des informations en notre disposition. Nos équipes IT, nos managers et collaborateurs ont fait un énorme travail derrière !

Durant cette période inédite, nous avons découvert par la force de la chose les possibilités de travailler autrement. Le rapport à l’entreprise comme lieu de travail s’est trouvé modifié et la culture de la collabo­ration a été renforcée. Alors que nos équipes ont fini par s’habituer à travailler à distance, de nouveaux enjeux s’imposent toujours. Maintenir l’engagement et la motivation de nos collaborateurs tout d’abord, ça c’est un travail de tous les jours et sans relâche.

Ensuite, c’est faire vivre le collectif « autrement », surtout après un an de Télétravail où la lassitude s’installée. Il faut sans cesse faire preuve d’inventivité.

Et enfin faire preuve d’une nouvelle tolérance et d’une nouvelle compréhension des aspirations de chacun sans oublier veiller à l’équilibre et au bien-être mental de nos collaborateurs

Si on parle enfin de réouverture de nos sites : bien évidemment, nous envisageons de réouvrir nos sites une fois que la situation sanitaire le permettra. Notre culture d’entreprise est basée sur la proxi­mité et une forte collaboration.

Par Selma BENKRAIEM

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