Sofrecom Tunisie poursuit sa dynamique de croissance, de diversité et d’inclusion et confirme sa position de leader en inaugurant le 27 juin, un nouveau site à Sfax. Pour en savoir plus sur cette expansion stratégique, Entreprises Magazine s’est entretenu avec Dorsaf Bejaoui, DG de Sofrecom Tunisie.
Il ne s’agit pas de votre première expérience à Sfax, vous comptez déjà une expansion dans la région. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative ?
Le choix de Sfax pour cette nouvelle implantation en effet n’est pas un hasard. Sfax est une ville dynamique, riche en talents et en ressources. Elle a su, au fil des ans, se positionner comme un pôle d’excellence dans de nombreux domaines industriels, notamment technologique. L’expérience de Sofrecom à Sfax a commencé en juin 2022 par un premier site à la technopole Cité El-Ons de capacité de 50 positions. Nous avons pu attirer des talents d’un excellent niveau, qui ont fait preuve de professionnalisme et d’engagement. Rapidement, le site était incapable d’héberger tout l’effectif qui a atteint +100 ressources. D’où la décision d’investir dans un nouveau site allant à 200 positions. Ce nouveau site régional représente une extension de capacité de production et de développement, il nous permettra de répondre de manière encore plus efficace et innovante aux besoins croissants de nos clients. Nous sommes convaincus que notre présence ici contribuera à renforcer ce dynamisme et à créer de nouvelles synergies bénéfiques pour tous.
Sachant que beaucoup d’entreprises sont centralisées à Tunis, quelles raisons ont motivé votre choix d’étendre vos activités à Sfax ?
Il s’agit d’une nouvelle étape dans notre stratégie de croissance et d’inclusion régionale. Nous considérons Sfax comme un grand bassin de compétences. La région compte également des universités de renommées qui forment des ingénieurs à haut potentiels, dont l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Sfax, l’Ecole Nationale d’Electronique et des Télécommunications de Sfax (ENET’Com), la faculté de Sciences de Sfax ou encore le Centre de Recherche en Numérique de Sfax (CRNS). Ce nouveau site aux standards internationaux, nous permet de recruter et de former des compétences de la région, tout en leur permettant d’avoir un emploi dans une multinationale de renommée sans avoir à quitter leurs régions ou le pays pour trouver un emploi. Pour l’histoire, Sofrecom Tunisie, depuis son lancement en Tunisie en novembre 2011, n’as cessé de s’accroître et de se développer sur les différents axes du domaine ITN. Nous comptons aujourd’hui près de 1400 ingénieurs, femmes et hommes et l’inauguration du nouveau site de Sfax est une preuve de notre positionnement et de confirmation de notre leadership sur le marché IT tunisien.
Quels impacts prévoyez-vous pour l’économie locale grâce à ce nouveau site ?
Nous pouvons citer en premier la création d’emplois, car nous comptons aujourd’hui 103 collaborateurs dans ce nouveau site, un nombre qui devrait s’accroître très rapidement. Nous souhaitons que nos équipes à Sfax bénéficient de tous les avantages et travaillent dans des conditions similaires à Tunis ou en France ou n’importe quel pays dans le monde et nous avons prévu pour cela, un site qui répond à cette promesse. Le deuxième impact que nous pensons avoir, réside dans le fait d’être un acteur clé et un partenaire de confiance pour l’écosystème académique de la région. Notre engagement pour la recherche et le développement avec le Groupe Orange, nous permet de contribuer à d’enrichir les avancées technologiques. En nous étendant à Sfax, nous confirmons aussi notre engagement social à travers notre soutien à l’économie locale et en offrant des emplois indirects dans la région. Comme gage de développement inclusif et durable nous veillons à ce que tous les événements réalisés sur notre site de Sfax, soient assurés par des prestataires locaux. Au-delà des infrastructures et des moyens physiques, nous avons à cœur d’investir dans le savoir, recruter et former des talents locaux, nouer des partenariats solides avec les universités et les instituts de recherche de la région et participer activement à l’écosystème technologique de Sfax
Vous avez évoqué le réseau important des universités à Sfax, comment voyez-vous le partenariat avec le tissu académique ?
Nous avons déjà conclu de nombreux partenariats notamment avec l’Ecole Nationale d’Electronique et des Télécommunications de Sfax (ENET’Com). En vertu de cet accord, nous avons recruté l’an dernier quelques ingénieurs de cette école et cette année nous comptons en recruter six ou sept. De plus, nos experts proposent des cours sur des domaines spécifiques comme la technologie embarquée. Nous avons également un partenariat historique très important à Sfax avec le Centre de Recherche en Numérique de Sfax (CRNS) qui nous permet de collaborer avec des doctorants sur des projets d’innovation autour de l’IA, de l’agri-tech, l’énergie et l’industrie 4.0. Notre présence lors des Forums des écoles de la région assurée par nos ingénieurs permet également aux étudiants de s’ouvrir sur les perspectives du marché de l’IT tunisien et international. Pour rappel, Sofrecom Tunisie propose chaque année des sujets de PFE pour accueillir les étudiants de la région et les encadrer via des parcours dédiés en divers domaines techniques, RSE et Soft Skills.
Les formations universitaires en Tunisie sont-elles en adéquation avec les besoins du marché du travail ?
Comme vous le savez, le secteur technologique évolue à une vitesse fulgurante, chaque année, de nouvelles technologies et de nouveaux framework voient le jour et remplacent les précédents. Malheureusement cela cause un écart entre ce que demande le marché et ce que les universités proposent, surtout dans notre secteur. Nous remarquons que le secteur privé s’adapte à l’évolution de la technologie beaucoup plus rapidement que le secteur public. Néanmoins, je pense que les jeunes tunisiens investissent beaucoup en auto-formation, ils ont soif de savoir et d’apprentissage. Lorsque nous recevons des étudiants pour des projets de fin d’études ou des stages, je vois qu’ils s’auto-forment, avec certifications sur du Cloud, sur la sécurité, sur l’IA, attestés par des labels internationaux.
Comment palliez-vous ce problème ?
L’évolution rapide de la technologie nous pousse constamment à nous adapter et à innover. En tant qu’entreprise dans le domaine de l’IT, nous comprenons l’importance cruciale de rester à la pointe des avancées technologiques. C’est pourquoi nous investissons fortement dans nos relations avec les écoles d’ingénieurs, collaborant étroitement pour former les talents de demain. Nos partenariats académiques nous permettent non seulement de recruter les meilleurs jeunes ingénieurs, mais aussi d’intégrer les dernières innovations directement dans nos projets. Cette synergie entre éducation et le marché de travail est la clé pour rester compétitif et répondre efficacement aux besoins en constante évolution de nos clients. Cela se traduit par une stratégie globale de gestion des talents. Tout d’abord, lorsque nous recrutons nos équipes, nous mettons en place tout un programme de «on-boarding» où les nouvelles recrues sont formées sur toutes les technologies sur lesquelles elles doivent travailler. J’ai été toujours convaincue qu’il incombe à l’entreprise de doter ses collaborateurs des compétences technologiques nécessaires pour répondre aux attentes des clients. Nous proposons également des programmes pour soutenir et accompagner les étudiants. Il est primordial que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer à l’amélioration continue de l’enseignement supérieur dans notre pays. Ensuite, même après le recrutement et notre contribution en formation au niveau de l’université, la montée en compétences de nos collaborateurs demeure une priorité. Grâce à un programme de formation interne, nous offrons à nos équipes, l’opportunité d’acquérir et de maîtriser les technologies les plus récentes. Animées par des experts reconnus pour leur savoir-faire, ces formations permettent à nos collaborateurs de rester à la pointe de l’innovation. En investissant dans le développement continu de nos talents, nous nous assurons que notre entreprise reste agile et compétitive. Cette démarche garantit que nos clients bénéficient des solutions les plus avancées et performantes.
Sur quelles expertises se focalise Sofrecom Tunisie aujourd’hui ?
Notre cœur d’expertise c’est le développement software pour les systèmes d’information (SI) des Opérateurs Telco. Aujourd’hui, nous intégrons de nouvelles technologies autour du Cloud, de l’IA, la cybersécurité … qui figurent parmi nos expertises pour accompagner nos clients dans leurs transformations.
L’exode des ingénieurs est une réelle problématique pour la Tunisie qui perd de plus en plus de compétences. Comment garantissez vous la rétention des talents après avoir investi dans la formation ?
Les compétences tunisiennes sont reconnues mondialement et très demandées. Depuis longtemps, nos compétences sont mobiles à l’international. Cependant, ce phénomène est mondial et n’est pas exclusif pour la Tunisie. C’est un paramètre stratégique à gérer au niveau de la politique d’un pays ainsi qu’au niveau des entreprises. Depuis septembre 2023, nous avons remarqué une réelle baisse de l’exode des ingénieurs du à un ralentissement économique mondial. Chez Sofrecom Tunisie, la rétention des talents est un axe au cœur de notre stratégie, nous faisons en sorte d’offrir les meilleures conditions de travail pour que nos collaborateurs puissent bénéficier d’une situation stable et d’un équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Pour la gestion de carrière, notre stratégie RH est centrée sur le développement de compétences, les parcours professionnels autour des métiers émergeants, La mobilité et la gestion des talents.
Sofrecom accorde une importance particulière au soutien des femmes. Quelles mesures concrètes prenez-vous pour favoriser l’inclusion et la progression des femmes au sein de votre entreprise ?
Sofrecom Tunisie compte 52% de femmes dont 90% ingénieures. Nous avons également enregistré un taux de féminisation dans le management de 40% et le comité de direction est composé de 45% de femmes. Par ailleurs, nous avons obtenu en 2022, la certification internationale Gender Equality and Diversity European and International Standard (GEEIS), un label portant sur l’égalité professionnelle femmes-hommes et la diversité. Nous avons également lancé notre programme de mentorat «Elle’IT Network» avec un fort engagement envers le leadership féminin. Tout au long des 6 mois de mentorat, la direction RSE et les mentors ont mis l’accent sur l’inclusion et le partage de compétences. Les jeunes étudiantes de nos écoles partenaires, réparties sur toute la Tunisie bénéficiant du programme ont vécu un accompagnement personnalisé favorisant leur développement personnel et professionnel et ont profité des opportunités de réseautage. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de la stratégie RSE de Sofrecom, portant sur l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. Cette politique s’appuie sur cinq piliers : la mixité dans tous les métiers, l’accès des femmes aux postes à responsabilité, l’égalité salariale, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, la lutte contre le sexisme et le harcèlement et les violences. Cet engagement est porté au plus haut niveau de l’entreprise au-delà de notre stratégie RSE, il est inclus au niveau de notre gouvernance et ce, dans le cadre de notre application et reporting (ESG).