Seuls 0,05% de nos sites archéologiques sont classés au patrimoine Mondial de l’UNESCO

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Patrimoine tunisien

Sur le site officiel de l’Institut National du Patrimoine 23 sites archéologiques tunisiens sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette classification implique une obligation pour l’Etat de déployer les efforts et les moyens nécessaires dans l’objectif de leur préservation. D’autant plus qu’elle peut permettre à la Tunisie de bénéficier de subventions internationales qui participeront à ce devoir de préservation.

Or, cette liste de sites classifiés n’est que l’arbre qui cache la forêt. Au total la Tunisie recense près de 40 000 sites archéologiques. Tous aussi vieux les uns que les autres. Mais tous ne bénéficient pas du même entretien et des mêmes mesures de préservation. Plus en s’éloigne de la liste des sites classés, plus la situation des autres sites archéologiques se dégrade. Au lieu de procurer aux tunisiens un sentiment de fierté et d’enracinement, la situation alarmante de notre patrimoine nous fait honte. Au total 0,05% de ce patrimoine est classifié et bénéficie donc d’une protection et d’un couvercle international obligeant l’Etat à tout mettre en œuvre pour le protéger. Le reste, un gardien solitaire mandaté par le ministère de la culture, les chiens errants et les ivrognes s’en chargeront. Résultat ; la dégradation, l’érosion et la désertification de cette richesse historiques qui dans d’autres circonstances peut faire gagné à l’Etat des sommes colossales.

Regardons ailleurs, chez nos voisins par exemple. Le Maroc a fait de son patrimoine le fer de lance de sa nouvelle stratégie de tourisme entamée au début des années 2000. L’Egypte dépense des millions de dollars  chaque année pour la préservation de son patrimoine archéologique. Grâce à une vision stratégique sur long terme Le tourisme archéologique pourrait devenir le cheval de bataille de l’Etat tunisien dans son interminable quête de nouveaux marchée internationaux. Aujourd’hui, le tourisme balnéaire a atteint ses limites. C’est un secteur saturé, endetté et en crise depuis plus de dix ans. Le tourisme archéologique est plus qu’une alternative ou une option, c’est une obligation de l’Etat. Ce n’est pas une question de choix, c’est un devoir à l’encontre aussi bien de notre histoire que des générations futures.

Les atouts de notre pays dans ce domaine ne sont pas négligeables. Il n’est, certes, pas facile de travailler sur le sujet, car pendant des décennies notre patrimoine était monopolisé par ceux qui faisaient partie du cercle du pouvoir. Le trafic, les pillages et le déclassement ont failli nous ruiner et plusieurs trésors ont disparu. Cette situation s’aggrave de jour en jour en raison des fouilles sauvages et du manque de moyens. Il est urgent d’agir pour tenter de stopper l’hémorragie, et pour cela une réelle volonté politique est indispensable.

Les pouvoirs publics n’ont pas compris que le retard en matière de mise en valeur des sites et des musées se traduit par un manque à gagner, en particulier, pour les régions défavorisées du centre du pays. Partout dans le monde et pour tous les pays qui se respectent, le patrimoine est un outil de développement économique. La Tunisie doit en faire de même. Certes les moyens nécessaires sont énormes, le pays regorge de sites en manque d’entretien et nécessitant des efforts de rénovation. Il faut commencer quelque part et franchir le cap. Toutes les parties concernées doivent s’accorder sur ce point. Aussi bien les organismes de la société civile que les spécialistes en patrimoine et en archéologie devront faire pression sur les autorités et déployer les efforts de lobbying qui s’imposent.  

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