Sara Masmoudi :«Nous avons exporté vers 24 pays africains sur les 5 dernières années.»

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Sara Masmoudi présidente de la CNIP

Entretien avec Sara Masmoudi, présidente de la Chambre Nationale de l’Industrie Pharmaceutique (CNIP).

La Pandémie du Covid-19 place l’Industrie de la santé au cœur de l’actualité qu’en est-il pour la Tunisie ?

La pandémie du Covid-19 a entraîné des changements majeurs au niveau de l’industrie pharmaceutique locale et mondiale. 

Ces changements concernent aussi bien la chaîne logistique en matière d’approvisionnement ainsi que la vente des médicaments. Ces changements subis par l’industrie pharmaceutique locale n’ont quasiment pas eu d’impact sur l’approvisionnement normal du marché en médicaments grâce à une forte anticipation exercée par l’ensemble des industriels. 

Comme industrie de santé, l’industrie pharmaceutique en Tunisie a confirmé sa place d’industrie stratégique pour le pays surtout durant cette pandémie. En termes de production, l’industrie locale a assuré 77% des quantités de médicaments fabriqués localement en 2020. En termes de contribution sociale, les industries pharmaceutiques locales ont contribué à l’élan national de solidarité en apportant des aides en médicaments et en nature. Sur le plan de la coordination, la Chambre nationale des industries du médicament a été la première industrie à avoir établi un protocole sanitaire pour assurer la continuité du travail lors du confinement général et le couvre-feu.

D’une manière générale, l’année 2020 a été difficile, chaotique en matière d’approvisionnement et de demande, mais notre industrie pharmaceutique locale a assuré la continuité des soins en approvisionnant le marché d’une manière fluide.

Quels sont les atouts de notre industrie pharmaceutique et quels sont les freins à son développement ?

L’industrie pharmaceutique tunisienne est le fruit d’un écosystème qui date de plus de 30 ans, il s’agit d’une industrie qui a suivi l’évolution de la réglementation locale et des standards internationaux. Cette approche évolutive dans un écosystème qui intègre la formation initiale des ressources humaines nécessaires, l’aide à l’investissement et la mise à niveau des autorités règlementaires a permis une bonne notoriété du médicament fabriqué en Tunisie.

Techniquement, notre industrie témoigne d’une bonne intégration de la fabrication des médicaments sous différentes formes galéniques dont certains sont technologiquement très évolués comme les médicaments cytotoxiques qui nécessitent une bonne maîtrise de ces substances dangereuses ou encore, récemment, les médicaments radiopharmaceutiques. Ce savoir-faire a permis à plusieurs fabricants locaux de créer un bon label du médicament fabriqué en Tunisie et qui s’exporte très bien (nos exportations en 2020 sont de 172 millions de dinars pour plus de 35 pays). Il est à noter que, durant ces dernières années, la Tunisie est devenue une destination pour la fabrication des médicaments en sous-traitance pour les pays européen et nous espérons renforcer cette position durant les prochaines années. 

En ce qui concerne les freins aux développements, un certain nombre de mesures ont fait l’objet d’un plan de relance du secteur de l’industrie pharmaceutique depuis quelques années. Il s’agit d’un pacte entre le gouvernement et le secteur privé qui trace une feuille de route résumant l’ensemble des réformes à mettre en place tel le regroupement des instances de régulation en une Agence nationale du Médicament, la création d’un comité unique de prix, la réforme du mode d’achat public des médicaments et l’apport de l’appui nécessaire au médicament fabriqué localement pour mieux intégrer le marché et améliorer la couverture du marché.

Ces industries ciblent-elles plus précisément les pays africains pour accélérer leur développement ?

La Tunisie a toujours joué le rôle de locomotive dans le secteur de l’industrie du médicament et sa régulation pour le continent africain. Les industries pharmaceutiques exportent vers près de 24 pays africains en moyenne sur les 5 dernières années, avec une croissance importante. Par ailleurs, La Tunisie est en course pour accueillir l’Agence Africaine du Médicament, cette agence, si basée en Tunisie, permettrait un formidable rayonnement de la Tunisie au niveau du continent.

Il est à savoir que 4 industries pharmaceutiques locales ont investi dans des unités de production de médicaments à usage humains dans des pays africains comme l’Algérie (2), le Sénégal, le Cameroun et la Côte d’ivoire (2). Il s’agit d’un transfert de savoir-faire qui a pour but de développer en proximité et avec une meilleure adéquation les besoins de ces marchés spécifiques tout en favorisant l’exportation directe vers ces pays.

Quelles sont les missions de la Chambre dans ce contexte ?

La Chambre joue son rôle de syndicat en fédérant les adhérents. Actuellement, notre Chambre compte 33 industries pharmaceutiques dont 31 sont des industries de fabrication de médicaments à usage humains et 2 industries pharmaceutique de fabrication de dispositifs médicaux stériles.

Le rôle de la Chambre est de fédérer l’ensemble des actions en croisant les compétences et les expériences des différents adhérents. 

Spécifiquement, pour les missions d’exportations et de développement au niveau africain, un suivi de diverses actions est fait en coordination avec les missions diplomatiques et le Cepex soit localement ou vers les pays cibles (déplacements, réunions, foires internationales, appels d’offres, etc.)

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