Samaila Zubairu : « La Tunisie peut devenir un pôle attractif régional »

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AFC

Entretien exclusif avec Samaila Zubairu CEO de l’AFC

Après toutes ces années de développement est ce qu’un organisme aussi important que l’AFC a commencé à réfléchir à sa transformation digitale ? 

Commençons par la genèse de l’AFC – fondé par un certain nombre de pays africains qui ont bien compris toute l’utilité de se doter d’une institution financière régionale et panafricaine qui accompagne leurs économies et accélère la productivité à travers le développement et financement des infrastructures était clé pour l’Afrique de demain.

De ce fait l’AFC se focalise particulièrement dans au moins trois domaines clés, les industries lourdes, les énergies et les ressources naturelles, tout cela dans le but principal de catalyser la productivité des économies et de développer le commerce entres les pays mais aussi entre les régions. Cela nous ramène à votre question sur la digitalisation à la lumière notamment de la pandémie du COVD 19.

Pour encourager les économies à se convertir au digital, il faut au préalable mettre en place des infrastructures qui vont avec – par exemple électricité abordable et accessible par la majorité de la population. C’est pour cela que l’industrialisation et la digitalisation de l’Afrique a au départ un problème de base dans la mesure où les fondamentaux de base sont majoritairement toujours en lacune, aussi bien dans lecteur public que privé. Et c’est à ce niveau là que l’AFC intervient pour asseoir la viabilité des projets et mobiliser des investisseurs dans les secteurs nécessaires pour digitaliser les économies africaines.

L’autre rôle que nous jouons c’est de diminuer les risques en intervenant doublement d’abord dans la structuration puis dans le financement des projets qui mobilisent plusieurs acteurs  et ce le fait de nous un  fournisseur de solutions d’infrastructures de premier plan.

Pour terminer, l’AFC est fortement impliqué dans la digitalisation de ses processus pour développer encore plus ses stratégies de financement et d’accompagnement de projets d’infrastructures nécessaires à la digitalisation du continent. 

Revenons aux fondamentaux, quels sont les Etats-membres de l’AFC et de quels avantages bénéficient-t-ils en tants que tels ?      

Actuellement AFC a 31 pays membres couvrant toutes les régions du continent (exemple : le Maroc, Djibouti, Kenya, La Côte d’Ivoire, Namibie, etc. Cependant, le terrain de jeu de l’AFC c’est l’ensemble du continent et nous sommes toujours à la recherche d’opportunités de développement de projets d’infrastructures nécessaires pour les économies africaines et pour les pays africains.

Pour ce qui a trait à l’adhésion à l’AFC cela représente une facilitation de fait pour nos politiques d’investissement et de développement tout en augmentant nos capacités de réduire les risques dans les projets où nous sommes présents avec un degré de forte implication. Quand un pays devient membre, il nous accorde un certain nombre d’avantages diplomatiques » qui permettent à certains investisseurs de s’associer aux initiatives de l’AFC dans les Etats – Membres.

Par conséquent les pays qui adhérent à l’AFC nous octroient d’autres avantages notamment le privilège d’avoir de très bonnes relations avec les gouvernements en place ce qui est de nature à accélérer le développement et à stimuler la croissance de l’économie pour plus de valeur ajoutée et plus d’emplois locaux. En réalité, nous sommes toujours à la recherche d’opportunités de projets qui ont un impact clair sur les économies des Etats- Membres mais aussi sur l’ensemble du continent. En témoigne aujourd’hui le fait que l’AFC, lancée en 2007, a investi 8.3 milliards de dollars dans 35 pays africains. 

Traditionnellement vos activités sont très centrées sur l’Afrique sub-saharienne, mais aujourd’hui l’AFC affiche sa volonté de se développer davantage dans la région du Maghreb et en Tunisie en particulier ?   

L’AFC suit avec un grand intérêt l’économie tunisienne et exprime une forte volonté de mobiliser des investisseurs et financer des projets à fort impact notamment dans les énergies renouvelables secteur qui se caractérise en Tunisie par des atouts indéniables – en effet nous avons déjà investi plus de 30 millions de dollars dans le secteur des hydrocarbures. 

Il est important de souligner que nous ne sommes que des financiers mais surtout des partenaires stratégiques des mouvements en place  et de surcroît quand ils sont des Etas-Membres et qui bénéficient et accèdent  par voie de conséquence à des prêts avec des taux préférentiels accompagnés par des instruments que l’AFC déploie dans  près de 31 pays membres, y compris le Maroc et nous espérons bientôt la Tunisie. 

Quelle est votre stratégie de développement pour les pays d’Afrique du Nord et notamment en matière d’infrastructures ?    

D’abord il faut savoir que la méthode privilégiée de l’AFC n’est pas de considérer les projets de manière isolée mais de manière intégrée et de sorte à prendre en compte toute la chaîne de valeurs et l’ensemble de l’écosystème en prenant pour exemple une infrastructure portuaire.

Dans ce cas précis on tient compte de ce qui sera produit, transformé et exporté mais considère aussi l’aspect énergétique de ce type d’industrie. Une de nos références majeures dans ce domaine c’est le partenariat que nous avons noué avec gouvernement du Gabon dans le secteur des mines et dans la filière bois qui étaient exportés sans valeur ajoutée.

Nous avons mis en place une zone spéciale maillage logistique portuaire et ferroviaire et déployé en aval une industrie de transformation. Ce projet a permis à l’AFC de créer 6000 emplois économiques. Cette réussite nous projette concrètement dans des projets similaires en Egypte, au Ghana ou encore en Côte d’Ivoire. Ce développement dans la nature de nos projets nous amènent à nous intéresser à l’Afrique du Nord et à un pays comme la Tunisie qui peut effectivement devenir un pôle attractif régional en raison notamment des avancées enregistrées dans le numérique et les énergies renouvelables.

La Tunisie doit mettre à profit la qualité de son infrastructure de base pour attirer d’avantages d’investissements dans des domaines compétitifs comme le solaire et mobiliser dans contexte les financements en provenance d’organismes d’investissements comme l’AFC.

Nous nous réjouissons dans ce même contexte de voir un jour prochain de voir la Tunisie devenir un Etat-Membre de l’AFC comme ce fut récemment le cas de du Burkina de la RDC et du Maroc.   

Par : Nabil ALLANI

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