Projet Mashrou3i : l’entrepreneuriat à l’ère du numérique

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Mashrou3i soutient les entrepreneurs de startups par le biais de la formation HP LIFE, d’un accompagnement commercial approfondi et d’une assistance technique. Ce mois-ci, nous nous intéressons de plus près à certains des entrepreneurs soutenus par le projet qui prouvent que la startup labellisée représente un levier important pour la création de richesses et le développement des emplois dans les régions défavorisées.

Du RetailTech, en passant par l’ArtTech, la FinTech, la FoodTech, l’AgriTech ou encore le BigData, La Tunisie a vécu durant la dernière décennie l’éclosion d’une nouvelle génération d’entrepreneurs et de startups, tous domaines de secteurs confondus et qui s’approprient les technologies du digital. Tout un écosystème s’est construit petit à petit afin d’incuber, booster et financer ces initiatives.

Parmi ces acteurs, le projet Mashrou3i a soutenu depuis 2013 jusqu’à aujourd’hui les entrepreneurs de startups dans les régions intérieures du pays par le biais de la formation HP LIFE e-learning des étudiants et aspirants jeunes entrepreneurs.

Il a également fourni un accompagnement approfondi et personnalisé en coaching d’affaires, formations et assistances techniques spécialisées, en vue de la réussite des bénéficiaires du projet dans leur lancement et développement de leurs activités.

D’ici 2025, la Tunisie s’est fixé comme objectif dans sa stratégie de faciliter le lancement et le développement de 1’000 startups labellisées et 10’ 000 emplois. L’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) apporte sa contribution à la concrétisation de cet objectif à travers la mise en œuvre due projet Mashrou3i (« mon projet » en arabe), partenariat public-privé soutenu par le gouvernement tunisien, et financé par l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), la Coopération italienne (AICS) et la HP Foundation.

Le projet, entré dans sa seconde phase depuis octobre 2016, a accentué ses moyens et efforts d’assistance afin de poursuivre, jusqu’à sa clôture en septembre 2022, sa mission de faciliter la création d’emplois à travers l’entrepreneuriat. A cet effet, le projet est intervenu de façon continue dans les 14 gouvernorats tunisiens prioritaires : Béjà, Gafsa, Gabès, Jendouba, Kairouan, Kasserine, Le Kef, Kébili, Médenine, Sidi Bouzid, Siliana, Tataouine, Tozeur et Zaghouan. Ce sont plus de 31,600 jeunes hommes et femmes qui ont bénéficié des cours du programme HP LIFE.

Aussi, à travers ses autres appuis en coaching d’affaires, formations et assistances techniques, le projet a favorisé au total le lancement de près de 750 start-ups, dont 45% gérées par des femmes, et soutenu des projets d’extension de 125 entreprises existantes, permettant la création de plus de 5,500 emplois.

L’entrepreneuriat 2.0 

Alors que l’objectif principal du projet Mashrou3i, généraliste dans son approche, n’était pas centré spécifiquement sur la digitalisation, force est de reconnaître que la digitalisation et le recours aux technologies numériques ont été omniprésentes dans les activités des bénéficiaires et dans la mise en œuvre du projet. Dans un rapport élaboré récemment par l’ONUDI intitulé « La digitalisation comme levier de promotion de l’entrepreneuriat et du développement des entreprises en Tunisie », l’étude menée auprès de bénéficiaires montre clairement que des pratiques innovantes et des transformations en matière de digitalisation se sont mises en place progressivement dans le cadre du projet Mashrou3i Cela a permis notamment d’aider les bénéficiaires à tirer profit des dividendes numériques et d’accélérer le développement de leurs affaires.

Ce rapport met en évidence une accélération de la digitalisation lors de la période du COVID-19 ressentie par les bénéficiaires du projet. Pour nombreux d’entre eux, cette période a été associée à une découverte et nouvelle pratique des outils du digital, et par exemple des possibilités d’extension des marchés et de vente hors de leurs régions d’origine. La transformation numérique s’est  avérée être également un puissant outil de diffusion de la culture entrepreneuriale ainsi qu’un remarquable accélérateur  des apprentissages en matière d’entrepreneuriat.

En plus d’être une nouvelle source d’inspiration et d’innovation pour la plupart des entrepreneurs, l’accès aux outils numériques s’est révélée être surtout un moyen d’extension du marché et de transformation des modèles d’affaires. Le développement des plateformes digitales ainsi que les pratiques des réseaux sociaux y ont largement contribué.

L’accès des bénéficiaires du projet Mashrou3i, entre autres, à la plateforme HP LIFE (HP Learning Initiative for Entrepreneurs) a également a permis d’ouvrir leur curiosité et intérêt au e-learning vers aussi d’autres plateformes pour consolider leurs compétences numériques mais également managériales. L’expérience du projet Mashrou3i a également démontré que le coaching individuel en ligne est possible et est de plus en plus accepté et demandé.

Pour un environnement numérique plus favorable aux entrepreneurs :

Ce rapport fait ressortir toutefois une somme de défis auxquels sont encore confrontés les entrepreneur.e.s. La couverture du réseau de l’internet fixe inégale en fonction des régions ; la faible digitalisation dans les administrations publiques ; l’absence de système de paiement efficace et  des défiances vis-à-vis du numérique posent des problèmes structurels aux entreprises naissantes. Cela se traduit souvent par des retards et des découragements ou bien pour certains qui en ont l’opportunité cela incite à partir entreprendre ou travailler à l’étranger limitant le nombre de compétences disponibles sur le marché.

Le rapport recommande dans ce sens la nécessité d’améliorer l’infrastructure numérique afin de permettre le développement de la digitalisation comme un vecteur de développement des entreprises et des startups dans les régions intérieures ; d’accélérer la digitalisation de bout en bout de l’administration publique afin de donner de la flexibilité et d’épargner aux entreprises du temps et des moyens ; d’accroitre davantage la mise à niveau des compétences numériques pour l’entrepreneuriat; de renforcer de nouvelles formes d’assistances et d’enseignement de l’entrepreneuriat mixtes (cours en présentiel et en ligne) ; de poursuivre la capitalisation et le partage de succès stories d’entrepreneur.e.s pour favoriser la diffusion de la culture entrepreneuriale notamment via les réseaux sociaux ;,,de généraliser les systèmes de paiement électronique et m-paiement afin de faciliter le processus de paiement des entrepreneurs et des startups ; et enfin de de favoriser la confiance numérique et de généraliser la culture de la cybersécurité et des droits de propriété intellectuelle pour les entrepreneur.e.s en Tunisie.

Hayfa Khalfaoui,le succès d’une jeune agricultrice de Jendouba

Jeune ingénieure en informatique,à 28 ans et dans l’air du temps,rien ne destinait Hayfa Khalfaoui à devenir agricultrice. Pourtant, à la suite de son diplôme,elle intègre en 2016 une société laitière à Jendouba, en tant que développeur puis responsable informatique et s’y découvre très vite une passion pour le secteur agricole et plus particulièrement l’élevage bovin. La graine de l’entrepreneuriat est semée, et Hayfa décide de lancer son propre projet en 2017, un élevage laitier intelligent.

« Je me suis dit « pourquoi pas ». Avec mes compétences en informatique, je peux également apporter une dose d’innovation au secteur. Mon idée de projet est partie de là. » 

Hayfa a été soutenue dès le début par ses parents qui lui offre le domaine familial pour y implanter sa ferme.

« Partant du simple constat que l’élevage en Tunisie est une activité qui peine à être durable et prospère. J’ai donc mis à bien mes compétences en ingénierie informatique pour développer une application qui réaliser le monitoring du bétail en temps et en heure.A travers cette application, je peux de chez moi, évaluer les besoins alimentaires ou sanitaires de mon bétail, identifier les périodes de chaleur des vaches, contrôler leurs états de santé, simplement en quelques clics. »

Ali Boukhachem, fondateur de l’agence de développement numérique « Wow Soft » à Tataouine

« Après avoir lancé officiellement mon entreprise en septembre 2020, j’étais heureux d’être sélectionné parmi les lauréats des start ups les plus innovantes du pays. Mis à part la visibilité plus large qui m’a d’ailleurs permis d’obtenir des contrats auprès d’institutions publiques, les start ups labellisés obtiennent également une bourse d’un an à hauteur de 1’000 dt par mois afin d’assurer le bon démarrage des activités, ainsi que des avantages en termes de sécurité sociale. »

La Tunisie compte ainsi faciliter le lancement et le développement d’ici à 2024 de 1’000 startups labellisée, 10’000 emplois et la réalisation d’une licorne (startup d’un milliard de chiffre d’affaires). Ce dispositif intègre 20 mesures incitatives structurées autour d’un label de mérite et nombreux avantages pour les startups mais aussi leurs fondateurs et leurs investisseurs. Bien ancré sur sa lancée, le programme qui a démarré en avril 2019 enregistre chaque mois une vingtaine de startups labélisées et/ou pré labellisées parmi une cinquantaine de candidatures.

Hajer El Hedi, fondatrice de la plateforme éducative « Examido »

« J’ai soumis ma candidature au Start Up Act en janvier 2020. Finalement après avoir finalisé la création administrative de mon entreprise et reçu les encouragements du jury, mon entreprise a officiellement été labellisée start up le 5 août 2020. J’étais la toute première entrepreneure à prendre le label de start up à Tataouine, c’est une grande fierté ! Cela marque le début d’une nouvelle ère dans le secteur des technologies des entreprises du sud du pays. »Si possible également de bien distinguer la partie article, de la partie success stories.

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