Olivier Pradet : « Contribuer à la bonne santé des relations commerciales entre la Tunisie et la France »

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Olivier Pradet

Entretien avec Olivier Pradet Directeur de Business France Tunisie – Libye

 

Olivier Pradet, Directeur du Bureau Business France de Tunisie, bureau qui fait office de service commercial auprès de l’Ambassade de France. Il est en poste depuis 1 an après des missions surtout réalisées en Amérique latine.

Quel est le rôle de Business France en Tunisie ?

Business France est l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française. Elle est chargée du développement international des entreprises et de leurs exportations, ainsi que de la prospection et de l’accueil des investissements internationaux en France. Elle promeut également l’attractivité et l’image économique de la France, de ses entreprises et de ses territoires. Elle gère et développe la formule du V.I.E (Volontariat International en Entreprise).

En Tunisie l’équipe est composée de 10 personnes. Le bureau accompagne annuellement plus de 150 entreprises intéressées par les marchés tunisien et libyen. Nous organisons par ailleurs une dizaine de missions collectives d’entreprises, dont une mission importante cette année en marge de la visite d’Etat du Président Macron.

Comment se positionne le Bureau Business France au regard des missions et de l’activité de la Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie ?

La CFTCI est un partenaire important contribuant aux ambitions que la France souhaite imprimer à la relation particulière avec la Tunisie au niveau économique et commercial. La Chambre de commerce mixte est l’une des plus anciennes de Tunisie et du continent. Elle est bien implantée localement. Elle est notamment le point de rencontre entre l’entrepreneuriat français et tunisien avec près de 1 300 adhérents. De ce fait notre collaboration est étroite et destinée à se renforcer. En effet en France, le dispositif public et privé d’accompagnement des entreprises à l’international est en train de se reformer en profondeur autour de la « Team France Export ». Cette équipe regroupant la BPI, les Chambres de Commerce et d’Industrie, les Conseillers du commerce extérieur et bien d’autres acteurs privés doit être en mesure de faire gagner les entreprises à l’étranger. En Tunisie, ensemble nous allons davantage collaborer pour aider les entreprises françaises à réussir sur ce marché qui est exigeant et intéressant.

Les entreprises françaises s’intéressent au marché tunisien ?

Tour à tour mes collègues et moi-même nous nous rendons dans la France entière pour promouvoir les atouts du marché tunisien, non sans oublier de parler également des entraves existantes.

Après une année d’expérience de la Tunisie, je constate qu’un projet d’entrepreneurial peut parfois relever d’une course d’obstacles. Ces derniers ne sont pas pour autant infranchissables. C’est pour ça que nous devons accompagner les entreprises dans leur prospection et installation dans le pays. L’intérêt des entreprises pour la Tunisie n’a pas baissé. Beaucoup de questions sont posées, notamment sur les tendances de marché et les conditions d’implantation.

Je constate en particulier que les entreprises font preuve d’un intérêt croissant pour quelques secteurs de pointe tels que ceux de la santé, de l’agro-alimentaire, des énergies, du numérique et de l’industrie. La plupart sont des entreprises de taille intermédiaire ou des PME. Elles trouvent un Tunisie un écosystème d’innovation naissant, une main d’œuvre qualifiée et des infrastructures plutôt bonnes. Elles font le pari de la capacité de résilience de l’économie et elles misent aussi sur la conduite de réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires mais surtout la compétitivité. Je constate enfin que les entreprises déjà implantées ont des projets d’extension pour faire face à la demande croissante au niveau mondiale.

Comment se positionne la Tunisie par rapport aux autres pays de la zone Maghreb, voire les pays africains ? 

Beaucoup de pays se positionnent comme la porte d’entrée de l’Afrique. L’inconvénient d’avoir trop de portes c’est que l’on risque les courants d’air. Ce constat étant fait je pense que la Tunisie a une position géographique particulière par rapport à une grande partie de l’Europe et du Moyen-Orient. C’est incontestable. Il faut cependant que la Tunisie travaille davantage pour améliorer ses connexions aériennes et portuaires avec le reste des pays d’Afrique et qu’elle gagne en compétitivité en termes d’infrastructures. La compétitivité-prix dégagée avec la dépréciation du dinar est une situation de court terme et à certains égards négatifs pour certains secteurs de l’économie fortement importateurs.

Je retiens en particulier la volonté de la Tunisie de s’ouvrir davantage vers l’Afrique. De ce point de vue son intégration à la Comesa est a priori une bonne nouvelle car ce bloc économique offre de nouvelles perspectives de développement économique et commercial.  Nous sensibilisons régulièrement les entreprises sur cet effort d’intégration régionale de la Tunisie.

La France organise un Forum d’affaires dédié à l’Afrique, de quoi s’agit-il ? Est-ce un énième forum ? 

L’Agence Business France, avec le soutien du Ministère de l’Economie et des Finances et du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, organisera en effet,les 22 et 23 octobre prochain, à Paris un événement dédié aux entreprises françaises et africaines souhaitant nouer et/ou renforcer leurs relations commerciales. Ce forum, appelé Ambition Africa 2018, est un événement d’affaires avec une présélection des entreprises participantes. Il est gratuit pour les entreprises africaines et donc tunisiennes.On y attend environ 600 entreprises. Ce forum d’affaires est,à sa manière et dans son domaine, une concrétisation des nouvelles ambitions que la France souhaite construire avec le continent africain. Il existe par ailleurs d’autres forums, dont certains organisés en Tunisie, qui développent une dimension africaine et renforcent ainsi la connaissance mutuelle entre les pays situés de deux côtés de la méditerranée.

En ce qui concerne la Tunisie, quelles sont les ambitions de Business France pour les mois, voire les années à venir ?

Avec nos partenaires de l’écosystème public et privé français et tunisiens, notre bureau a pour ambition de participer à la consolidation des échanges économiques et commerciaux entre nos deux pays. Nous continuerons à accompagner les entreprises françaises dans leur démarche commerciale sur le marché tunisien. D’ici la fin de l’année nous avons une programmation ambitieuse sur des thématiques sectorielles notamment dans le secteur de la santé, des transports ferroviaires et du numérique. A plus long terme, nous devons participer, d’une manière ou d’une autre, au doublement du stock des investissements français en Tunisie sur les 5 prochaines années. C’est un des objectifs fixés par les deux Présidents de la République dans la feuille de route économique adoptée entre les deux pays en début d’année. Nous devons aussi contribuer à l’augmentation des échanges commerciaux. Ce sont des challenges stimulants pour mon équipe et moi-même; et ceci d’autant plus que nous espérons que malgré les aléas qui ne manqueront pas de se produire, le pays connaître de nouveau une période de croissance soutenue.

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