Mondher Ben Ayed : « L’Afrique est un fabuleux gisement de croissance pour nous »

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Entretien avec Mondher Ben Ayed, PDG de TMI

Entretien avec Mondher Ben Ayed, PDG de TMI

On constate que TMI multiplie les partenariats stratégiques en vue de consolider son périmètre d’intervention aussi  bien en Tunisie qu’à l’International ?

Nous sommes devenus un acteur majeur dont l’activité est basée sur l’export et, notre modèle d’affaires est façonné autour du concept de spécialisation. TMI est une entreprise dont l’activité gravite autour des infrastructures en recourant à des produits que nous ne fabriquons pas. Ces produits sont chinois, américains comme les serveurs Sun et Oracle ou des routeurs Huwei. Par conséquent, nous utilisons les produits des autres et ce n’est ni la génération actuelle ou celle qui lui succédera qui sera en mesure de fabriquer de tels produits. En revanche, la valeur ajoutée intrinsèque de la Tunisie c’est incontestablement l’élément humain. Un produit tout seul ne constitue pas une solution. Un produit associé à du service et des ressources humaines constitue de fait, une véritable solution. C’est dans ce cadre que la valeur ajoutée tunisienne relève de l’évidence.

Soyez plus explicite ?

Qu’est ce que la Tunisie possède comme richesses que de nombreux pays africains ne possèdent pas ? Ce sont les ressources humaines. Nous produisons  et formons 10.000 ingénieurs et techniciens par an. L’Egypte avec son poids démographique de 110 Millions d’habitants en produit autant ! Et le Maroc, qui compte une population de 40 millions d’habitants, ne forme que 3000 ingénieurs par an. Et donc, malgré notre relatif poids démographique, nous détenons la palme régionale dans la formation d’ingénieurs. Cela résulte bien entendu d’une politique universitaire initiée depuis de très nombreuses années avec la prolifération des écoles d’ingénieurs et le choix judicieux et stratégique des ISET…

Tout cela représente une valeur sûre et une arme pour l’export. Nous exportons un excédent que les autres pays n’ont pas. Quand vous allez dans des pays comme le Tchad, le Niger ou encore la Mauritanie ou le Mali, vous constatez que le déficit en ingénieurs est considérable.

Mais nous avons en face de nous des compétiteurs ?   

Pas beaucoup ? Je m’explique : nous sommes plutôt bien positionnés pour aborder les marchés africains mais les gens et les clients demandent plus. Ils demandent des solutions clés en main. L’infrastructure à elle ne suffit pas. Aujourd’hui, les pays africains n’ont pas de solutions dédiées et intégrées pour la gestion postale, la gestion des impôts et la gestion de l’ensemble des services publics. Ainsi, pour attaquer de manière efficace le marché africain, les SSII tunisiennes doivent mobiliser des SSII à taille critique avec une force de frappe de 1000 à 1500 ingénieurs. C’est le point fort des Européens, compte tenu de la taille de leur marché et nullement le cas des Tunisiens qui opèrent sur un très petit marché.

La solution ?

La solution passe par la mise en place de consortiums ou des groupements d’intérêts qui permettent d’associer des acteurs spécialisés et des SSII qui se complètent. Je vous donne des exemples concrets, Netcom dans la partie réseaux, Arabsoft pour la gestion des impôts, Siga pour les applications de gestion des caisses sociales. Nous avons donc créé un écosystème et une association ad hoc fondée sur l’entente et les synergies avec toujours un seul chef de fil. Ce modèle a donné lieu à de très belles réussites et a profité à tous ses adhérents.

Actuellement, nous cherchons à agrandir ces MOU et à élargir notre business impliquant des grosses structures comme un opérateur télécom qui apporte des moyens de grande envergure comme ses ressources humaines et sa capitalisation. Nous avons à titre d’exemple opéré aux côtés du CERT ou de STEG International dans de grands projets africains. En ce moment même, nous sommes en train de réaliser une application pour le compte de la Direction des Impôts au Niger en association avec Arabsoft. TMI a également signé et en partenariat avec SIGA un beau projet IT au Tchad et en Côte d’Ivoire dans le domaine spécifique de la gestion des caisses sociales.

Quel degré de coopération avec les ONG tunisiennes  qui opèrent sur l’Afrique ?  

La coopération est excellente, UTICA, CONECT, TABC, ect. nous travaillons avec tout le monde et saluons ici les efforts déployés par notre compagnie Tunisair pour multiplier les dessertes africaines. Nous poussons aussi la BCT, étant donné son code des changes restrictif. L’Afrique est un fabuleux gisement de croissance pour nous.

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