Interview avec Meriem MILAD, Fondatrice et CEO du BIST.
Cela fait Presque 10 ans que la British International School of Tunis (BIST) a ouvert ses portes . En 2012, quand cette formidable aventure a commencé, le système britannique était totalement inconnu en Tunisie et seul un petit groupe de parents avait sauté le pas et inscrit leur enfant à BIST.
Il en a fallu du courage et de l’abnégation de la part de sa fondatrice, Meriem Miled, ainsi que de tout le staff de l’école, afin d’évoluer d’une manière organique et avec de nombreux défis à la clé, pendant ces dernières années. Il y a eu la période « post-2011 » pendant laquelle la Tunisie fut placée sur la liste des pays en difficulté, surtout vis-à-vis des ressortissants britanniques. Les enseignants expatriés ne voulaient plus venir travailler à Tunis et le recrutement a été extrêmement compliqué pendant quelques temps. Et puis, il y a aussi eu la hausse du cours des devises étrangères, particulièrement celle du pound. Ce qui a immédiatement impacté la budgétisation et a induit une élévation conséquente de la masse salariale. ça n’a pas toujours été facile de l’expliquer aux parents des élèves inscrits à BIST, surtout que la direction n’a jamais dévié de sa stratégie de départ : se concentrer sur la qualité de l’enseignement, même si cela supposerait d’y mettre le prix !
Que dire alors de 2020 ? Une année pivot, marquée par le début de la « crise covid » et l’avènement de l‘enseignement en ligne pour toute école qui se respecte et qui était prête à mettre en place les systèmes nécessaires. BIST s’était préparée à fournir une éducation à distance deux semaines avant le début du confinement, en mars 2020.
Pendant cette période de préparation, l’équipe managériale avait fourni les moyens techniques et des directives précises afin d’encadrer la manière dont devaient se passer les cours en ligne qui ont continué à se dérouler selon le même emploi du temps que celui qui était suivi avant le confinement. Ce fut physiquement et mentalement éprouvant pour les enseignants. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, enseigner à distance, face à son laptop, est plus complexe, plus difficile. Même si les plus petits ont eu besoin de l’assistance parentale, de l’avis général, l’enseignement à distance prodigué par BIST est un succès. En juin 2020, le directeur du primaire recevait déjà de nombreux mails de félicitations écrits par des parents.
Certains comparaient leur expérience avec celle d’autres parents dont les enfants étaient inscrits dans des écoles à Londres, en précisant que les « amis de Londres » les enviaient. Cependant, aujourd’hui, avec un peu de recul, à BIST, le corps pédagogique sait pertinemment que rien ne vaut la présence physique des élèves, au sein des établissements primaires et secondaires. Dès septembre 2020, un protocole très sérieux a été mis en place. Martine Laurie, la nouvelle directrice du primaire, y avait travaillé tout le mois d’août, en se référant aux recommandations pour les écoles britanniques. C’est grâce à ces mesures de distanciation et de précaution toujours en vigueur au sein de l’école, que BIST a maintenu ses établissements ouverts pendant toute l’année scolaire 2020 -2021.
A l’abord de la prochaine année académique, BIST a désormais atteint une certaine maturité et, récemment, l’entrée dans le capital de BRITUS EDUCATION, la branche éducative du groupe GFH, en est la célébration. Meriem Miled dont le poste de General manager a été confirmé par BRITUS, se déclare très heureuse de ce nouveau partenariat car elle se sent à présent épaulée par une équipe de professionnels ambitieux, basée à Bahreïn, avec qui les différents cadres de BIST sont en liaison constante, afin d’accompagner les efforts de développements en termes de stratégie et de qualité de l’offre éducative.
La collaboration naissante a déjà débouché sur une série de webinaires qui permettent au public de mieux se renseigner sur ce qui est si spécifique à BIST et au système britannique. BRITUS c’est aussi un réseau grandissant de plusieurs écoles (au Moyen Orient et en Afrique du Nord), dont les leaders partageront entre eux les meilleurs pratiques et chaque école du groupe pourra bénéficier du retour d’expérience des autres. Ce qui est très encourageant, comme le rappelle Saher Gilani, Head of Education à BRITUS, c’est qu’il ne s’agit pas d’imposer le même cadre et un même cahier des charges standard à toutes les écoles du groupe . Bien au contraire , même si Fatema Kamal, directrice générale de BRITUS EDUCATION, veille scrupuleusement sur le maintien d’une gestion financière saine et équilibrée de l’école, en alignement avec les attentes du groupe, il est demandé à chaque école partenaire de rester créative, de continuer à développer sa propre identité, ses choix de méthodes éducatives, en adéquation avec les besoins particuliers des élèves et en prenant en compte l’environnement culturel ainsi que socio-économique.
A la rentrée prochaine, l’équipe pédagogique de BIST sera très concentrée sur la préparation de la première cohorte d’étudiants qui passeront leurs examens finaux à partir de mai 2022. Certains ont été orientés vers le très sélectif A-LEVELS, le baccalauréat britannique, diplôme prisé par les plus prestigieuses universités anglophones. D’autres ont préféré s’engager sur la voie du BTECH, un diplôme largement reconnu au niveau international et qui requière la présentation d’un projet de fin d’étude. Le BTECH est une excellente entrée en matière pour ceux qui souhaitent se rapprocher du monde du travail avant même d’avoir quitté les études secondaires : l’élève se spécialise dans un domaine particulier comme la gestion ou les technologies de l’information et de la communication. Il est aussi doté de compétences managériales et relationnelles ; est capable de professionnalisme et étudie les requis du leadership, pendant les deux années qui le mènent à l’obtention du BTECH.
Il y aura aussi un nouveau cap important à franchir qui est la prochaine inspection par des inspecteurs officiels dépendant du département éducatif britannique, basé en Angleterre. BIST avait déjà passé haut la main sa première inspection en Novembre 2017. A l’époque, des inspecteurs étaient venus auditer les deux établissements pendant quatre jours et avaient fourni un rapport qui est accessible au public, en allant sur le site dédié aux inspections gouvernementales britanniques. On peut y lire, entre autres, que la qualité de l’apprentissage et des accomplissements de l’élève est bonne. Les inspecteurs avaient aussi trouvé que la qualité du développement personnel des élèves est excellente. Ils avaient particulièrement remarqué la consistance des progrès réalisés par les plus petits dont certains dépassaient même les attentes par rapport aux acquis de base, à la fin des années élémentaires ( Early Years / 3-5 ans). De même, les élèves du secondaire avaient été jugés très matures pour leur âge, capables de réaliser d’excellents progrès, avec une vraie persévérance lorsqu’ils rencontraient des difficultés, accompagnée, pour les plus âgés d’entre eux, d’une bonne confiance en soi teintée d’une belle empathie envers leurs camarades.
Ce qu’on remarque en interrogeant le staff de BIST, y compris la très motivée Lina Alhaddhar, chargée des inscriptions, c’est le soin tout particulier accordé aux nouveaux élèves qui proviennent d’un autre système d’éducation. Lina nous révèle, en baissant la voix, que la plupart des parents choisissent BIST en espérant y trouver ce que d’autres écoles n’ont pas su fournir. Souvent, ailleurs, l’élève ne s’était pas senti assez écouté et le parent est à la recherche d’un accompagnement beaucoup plus personnalisé. Quant à Thomas Garside, directeur du secondaire, il nous assure que la transition est même envisageable pendant les premières années du cursus secondaire.
BIST a mis au point un ensemble de tests d’entrée dont le but n’est pas de sélectionner la « crème des élèves » mais d’obtenir le profil précis de chaque candidat à l’inscription pour que l’équipe pédagogique se prépare à mieux l’accueillir et prévoit les stratégies nécessaires afin de permettre une meilleure insertion au sein de l’école. A cet effet, que ce soit au primaire ou au secondaire, le département EAL (English as Additional Language ) s’est encore mieux organisé, depuis l’année dernière, et les résultats sont probants : il y a déjà des « success stories » parmi les élèves des deux établissements, qui avaient intégré BIST sans savoir parler l’Anglais ou avec un niveau de langue anglaise plutôt bas.
Meriem Miled le répète : « Nos enseignants et directeurs pédagogiques sont très conscients de la nécessité de mettre en place des méthodes qui nous permettent d’accueillir des élèves qui ne sont pas issus d’un système anglophone. Nous travaillons inlassablement à améliorer nos programmes d’intégration et je suis confiante dans le fait que c’est aussi ce qui nous distingue des autres écoles anglophones. » A la question « comment définiriez -vous le système britannique en quelques mots ? », elle répond en souriant : « contrairement à ce que certains pensent, c’est tout le contraire d’un style d’éducation suranné, figé et excessivement stricte. On apprend aux élèves à être disciplinés, certes, mais surtout conscients des conséquences de leurs comportements, dès le plus jeune âge, afin qu’ils puissent interagir avec les autres d’une manière plus harmonieuse et responsable. On les encourage à être joyeux, volontaires, satisfaits de leur accomplissement et à garder un esprit critique sur le monde et les évènements. Il faut augmenter leur savoir et compétences tout en préservant leur personnalité. »