Mehdi Allani: « Les Britanniques ont fini par nous tendre la main »

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Entretien avec Mehdi Allani, C.E.O. SENTIDO LE SULTAN et président FTH pour la région du Cap Bon.

Quel rôle occupe la Grande-Bretagne dans le tourisme tunisien ?

Le tourisme britannique a toujours figuré dans le top 3 des nationalités qui choisissent la Tunisie pour y passer leurs vacances, en l’occurrence : les Français et les Allemands. Il y a eu une décennie dominée par le touriste français, une décennie dominée par le touriste allemand et le touriste britannique a toujours occupé la troisième place. L’une des particularités qui distingue le touriste britannique est qu’il fréquente la destination Tunisie sur toute l’année et non pas seulement durant la haute saison.

C’est aussi le premier marché occupant le segment du tourisme golfique. L’essor du golf en Tunisie, dans sa composante touristique, est notamment dû aux Britanniques. Certes et dans ce domaine, nous sommes bien loin du Maroc et de la Turquie mais nous avons devant nous un beau et véritable potentiel. Le segment des touristes britanniques que l’on accueille en Tunisie est celui des familles. Mais, c’est aussi le segment des voyageurs les plus sensibles en présence d’insécurité, de troubles ou d’attentats. C’est pour cela que la crise qui a affecté la destination Tunisie a été si profonde. A présent, le marché britannique se signale par un début de reprise. C’est une reprise timide mais certaine. Notre principal partenaire qui est Thomas Cook  a repris ses activités vers la Tunisie et la chartérisation reprend avec 14 vols par semaine. On sera sur des volumes aussi importants que ceux qu’on a connus avant la révolution ou même avant l’attentat de 2015. Mais, le plus surprenant dans les chiffres avancés par le voyagiste Thomas Cook, est que le nombre de Britanniques qui ont opté pour la Tunisie et qui ont confirmé leur réservation dépasse celui des français. On enregistre ainsi plus de 30 mille réservations pour l’aéroport  de Djerba, classé hors continent et les aéroports de Monastir et d’Enfidha.

De quelle façon la Chambre, la profession et l’Etat ont travaillé pour favoriser la levée de l’interdiction britannique pour la destination Tunisie ?

On est passé par plusieurs étapes. Il y a eu tout d’abord l’étape de compréhension dans la mesure où les Britanniques ont fini par nous tendre la main et de lever progressivement la restriction de voyage mais à condition que les hôteliers tunisiens adhèrent à un programme de formation très spécifique. Cela suppose la mise en place d’une espèce de contrat de transparence renforcé par le fait que la partie tunisienne a  fini par mesurer la nécessité de prendre les choses plus au sérieux. La profession, pour sa part, a travaillé de façon intense avec son vis-à-vis anglais que les représentants du foreign office. Les hôtels ont à la fois bénéficié de formations appropriées et acquis des équipements dédiés à la sécurité des lieux touristiques. La FTH et les hôteliers de façon générale se sont fortement impliqués pour traiter leurs dysfonctionnements en matière de sécurité et rassurer de manière durable la partie britannique. L’étape d’ensuite, c’est la certification des unités hôtelières qui est une démarche initiée par Thomas Cooke ou encore TUI Group. Les hôtels qui souhaitaient travailler sur le marché britannique devaient être certifiés Cristal International Standard et comprenant plusieurs modules, la lutte contre le terrorisme, le vol, la sécurité des denrées alimentaires, des piscines, etc.

Cette conjoncture n’est-elle pas finalement une aubaine pour repenser notre tourisme ?

C’est beaucoup plus compliqué que cela. La crise du tourisme tunisien et pour certains remonte à bien avant 2010. Dans son ensemble, la profession pâtit d’une conjoncture qui s’étend sur 8 saisons et donc les moyens viennent à manquer pour renouveler les infrastructures et investir dans la qualité. La majorité de nos hôtels vivent d’importantes difficultés. La crise du secteur a été très profonde.

Pourtant et depuis 2013 on vit un boom du tourisme d’affaires ?

Oui, tout à fait et notamment dans le Grand-Tunis qui manquait de ce type de produits. Les choses commencent à changer mais il y a encore de la place pour d’autres hôtels d’affaires. La révolution a apporté aussi une dynamique dans la mesure où la Tunisie a suscité l’intérêt des ONG internationales, des fonds d’investissement et d’événements. Les hôtels d’affaires ont bien tiré leur épingle du jeu.

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