Martin Henkelmann : « Notre mission et de fluidifier la coopération commerciale et économique entre l’Allemagne et la Tunisie »

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Entretien avec Dr. Martin Henkelmann, directeur général de l’AHK, Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce.

L’Allemagne a accueilli la COP 23, quel est le constat actuel sur la question des énergies renouvelables ?

Comme vous le savez, l’Allemagne est un pays extrêmement industrialisé et donc, à fortiori, souffre d’une dépendance au charbon, chose qui ne peut continuer sur le long terme, au vu du prix du charbon et de l’impact sur le climat et surtout sur les pays moins développés. Tout cela a été discuté lors de la COP 23 à Bonn.
Transition énergétique : Investir dans les énergies renouvelables et une priorité pour l’Allemagne mais il faut noter que le  passage d’un système énergétique historiquement dépendant des énergies fossiles et du nucléaire à un système basé sur des énergies renouvelables nécessite une planification à long terme, l’adhésion des citoyens, des intervenants industriels et bien évidemment une volonté gouvernementale.

Dans cette lignée-là, l’Allemagne a réalisé qu’il y avait deux volets sur lesquels il faut travailler, à savoir : le développement de la production en énergies renouvelables et l’amélioration en efficacité.

Qu’en est-il de l’implication de l’Allemagne ici en Tunisie en termes d’énergies renouvelables?

Vous savez, depuis plus de 15 ans, l’Allemagne suit une démarche qui valorise et soutient les entreprises qui travaillent dans le domaine des énergies renouvelables en Tunisie, ou celles qui cherchent à s’y implanter.

L’AHK a un programme dédié aux énergies renouvelables, au cours duquel nous recevons au moins une fois par an une délégation composée de représentants d’entreprises allemandes, que nous mettons en liaison ici avec des intervenants tunisiens, pour du partage de connaissances, du networking et d’éventuels partenariats. De plus, vous savez, nous parlons beaucoup actuellement de la Tunisie comme un hub pour l’Afrique, ce qui fait que les entreprises allemandes qui coopèrent ou s’implantent fructueusement ici, auraient plus de visibilité quant aux spécificités africaines et sauraient par la même occasion mieux adapter leurs méthodes de travail. D’ailleurs, nous avons organisé, en collaboration avec l’Académie des énergies renouvelables (RENAC), un voyage d’information en Allemagne portant sur « l’efficacité énergétique dans l’industrie ». Mme Manel Ayadi, notre chef de projets énergies et énergies renouvelables vous parlera plus amplement des détails de la mission.

Dr Henkelmann, vous savez la Tunisie, via son gouvernement a véhiculé une information concernant le programme 2030 qui porte sur l’énergie et la transition énergétique, quelle est la position de l’Allemagne concernant ce sujet, sachant que des entreprises françaises et espagnoles ont manifesté leurs intérêts?

En termes de coopération internationale, il y a essentiellement deux méthodes pour procéder ; premièrement, via un partenariat énergétique gouvernemental tuniso-allemand qui essaie d’exporter la technologie allemande dans les énergies renouvelables vers la Tunisie. Le GIZ,  l’Agence de coopération internationale allemande pour le développement est là pour fluidifier le processus.
Deuxièmement, le secteur privé doit être inclus aussi, les entreprises allemandes ont à manifester leurs intérêts et l’AHK est là pour les mettre sur le devant de la scène tunisienne à travers les rencontres BtoB et le réseautage.

Vous ne craignez pas que ce type d’annonce ne soit qu’une réplique de ce que nous avons connu précédemment, notamment le dossier Desertec, qui est aujourd’hui une utopie ?

Je crois que l’actuelle approche de la Tunisie, qui est de travailler sur plusieurs volets est excellente, vous savez Desertec était un projet pharaonique avec des chances minimes pour qu’il réussisse, mais je trouve intéressant l’approche décentralisée de la Tunisie dans la transition énergétique, essayer d’impliquer plusieurs acteurs à travers des appels d’offres sur deux tours, ce qui permettrait en cas d’échec d’ajuster et d’améliorer l’offre au deuxième tour.

Comment gérer cela dans le contexte partenariat public/privé qui fait face a beaucoup de réticences surtout du côté public tunisien. Vous savez, les compagnies allemandes ont une expertise et un faire-valoir, mais est-il possible que cette expertise soit plus élastique afin de s’adapter avec le contexte socio-politique tunisien, où des intervenants comme la STEG ou la STIR sont versés dans l’intervention privée ?

Effectivement, il y a une réalité tunisienne à prendre en considération, tous les pays ne se ressemblent pas.  C’est un choix politique, la STEG par exemple fait des pas en avant vers la transition énergétique avec l’aide du privé. Mais le point crucial pour moi est celui d’avoir la volonté politique et de l’appliquer. Et ce n’est pas l’apanage des énergies renouvelables, il faut absolument faire des efforts pour que les lois et décrets soient appliqués dans tous les domaines et dans les plus brefs délais. Nous, à L’AHK, notre mission et de fluidifier la coopération commerciale et économique entre l’Allemagne et la Tunisie. Cette amélioration est viscéralement liée à la réussite de projets et au temps consacré. Il nous faut des exemples tangibles de projets de coopération pour assurer une attractivité pour les projets futurs. Pour cela, il faut avoir une visibilité sur le cadre légal de l’investissement et les secteurs libéralisés.

Pour conclure, quelles seraient, selon vous, les réformes centrales pour la Tunisie?

La mise en œuvre des lois et décrets ! La Tunisie a considérablement avancé en termes de législation, maintenant il faut appliquer ces lois, il faut une success story tunisienne dans un secteur pour que cela serve de benchmark, ce sera probablement le cas des énergies renouvelables.

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