
Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque Centrale du Maroc, « Bank Al-Maghrib » (BAM), a dévoilé les résultats d’une première expérimentation concluante du e-dirham, la version numérique de la monnaie nationale.
Contrairement aux cryptomonnaies telles que le Bitcoin, le e-dirham relève de la catégorie des monnaies numériques de banque centrale (MNBC), émis sous l’autorité de l’État et encadré par les institutions financières nationales.
Avec cette mesure, le Maroc souhaite offrir un instrument de paiement numérique fiable, traçable, et sécurisé, notamment pour les transactions de faible montant, tout en facilitant l’accès aux services financiers dans les régions encore peu couvertes par le réseau bancaire traditionnel. À ce jour, plus de 130 pays mènent des études ou des expérimentations similaires autour de leur propre version de monnaie numérique souveraine. Pour le royaume, les ambitions sont de moderniser les infrastructures monétaires, renforcer le contrôle sur les flux financiers informels, et préserver une souveraineté monétaire confrontée à la concurrence des initiatives privées et aux géants technologiques étrangers.
S’exprimant à l’occasion du séminaire annuel de l’Association des banques centrales africaines (ABCA), Abdellatif Jouahri a précisé que cette phase initiale de test s’est concentrée sur les paiements de particulier à particulier. Cette initiative avait pour objectif de mesurer la faisabilité technique et l’adhésion à un système de transaction numérique directement émis par la Banque Centrale. Les premiers résultats se révèlent prometteurs, confortant BAM dans sa stratégie de développement d’une monnaie numérique nationale.
Une deuxième séquence d’essais est en cours, se concentrant sur les transferts transfrontaliers, en coopération avec la Banque Centrale d’Égypte, avec le soutien technique de la Banque Mondiale.
Aucun calendrier précis n’a encore été communiqué concernant la mise en circulation du e-dirham mais ce lancement ne pourra avoir lieu qu’une fois établi un cadre réglementaire rigoureux, accompagné de mécanismes de cybersécurité jugés suffisamment robustes pour garantir la protection des utilisateurs, souligne Abdellatif Jouahri.