Lettre ouverte pour le Président de la République Tunisienne

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Kaïs MABROUK

Monsieur le Président de la République Tunisienne,

La situation sanitaire de la Tunisie d’aujourd’hui avec un taux de plus de 300 décès par jour et un classement international des plus critiques en termes de taux de contamination et de décès par centaine de milliers d’habitants ne peuvent que pousser à la révolte et à des mesures radicales. De plus, l’incapacité de nos dirigeants à endiguer le fléau de la pauvreté, de la corruption, de l’incompétence, du chômage et de la maladie nous pousse naturellement à accepter des mesures exceptionnelles pour un avenir que nous espérons exceptionnel.

Pire encore, la situation économique avec un taux de chômage alarmant, aussi bien de nos diplômés que celui de nos ouvriers, est des plus tristes. Plus encore, la fuite de nos cerveaux, médecins, ingénieurs et docteurs est une érosion sanguinaire de nos aptitudes scientifiques, physiques et intellectuelles.

À cela s’ajoute l’affreuse migration clandestine de nos jeunes, en particulier celle de nos mineurs dans des embarcations fortuites vers un avenir incertain. Cette situation est criminelle. Elle ne peut pas et surtout elle ne doit pas durer.

L’ensemble de ces défaillances ont poussé, à travers vous, le peuple à prendre des décisions douloureuses au détriment de la démocratie, de l’état de droit et de la crédibilité de nos institutions.

Pour matérialiser la volonté du peuple, vous avez choisi de mettre en moratoire l’Assemblée nationale et c’est une décision triste et joyeuse à la fois, difficile et courageuse. Vous avez décidé de limoger le chef du gouvernement et c’est défendable au vu de la situation citée plus haut. Vous avez décidé de remercier quelques ministres et c’est évident. Vous avez décidé de faire la chasse aux corrompus et c’est essentiel, primordial et vital.

Nous, citoyens et peuple de la Tunisie, habitants de ses régions et de ses ruralités, nous n’aspirons à rien d’autre qu’un avenir meilleur pour nos enfants. Nous voulons qu’ils étudient, se forment et travaillent dans leur pays avec fierté, satisfaction et espoir d’une nation future puissante, prospère et rayonnante. 

Nous avons brandi l’étendard de la démocratie et des libertés dans les pays arabes, africains et musulmans. C’est devenu notre marque de fabrique internationale, une partie intégrante de ce que nous sommes. Nous croyons à cet idéal complexe qui est d’un pays de culture arabo-musulmane, libre, ouvert, émancipé et développé. Cela ne peut se matérialiser que par un pays fortement industrialisé, des compétences renforcées et des têtes bien faites d’un point de vue ouverture d’esprit, tolérance et pluralité. 

Monsieur Le Président, j’ai publié pendant les précédentes élections dans le journal la presse les prérogatives du futur Président de la République Tunisienne dans un article intitulé : « Les challenges (2019-2024) du futur Président de la République Tunisienne », publié le 11/09/2019 dans la presse (https://cutt.ly/rQurIHb).

Trois ans après, ces recommandations sont toujours d’actualité :

1-Étendre et renouveler notre diplomatie internationale ;

2-Renforcer et protéger l’intégrité de l’armée ;

3-Moralisation de la vie politique et respect de la Constitution.

Depuis, un long chemin a été parcouru. Aujourd’hui, Monsieur le Président, vous êtes sur le point de nommer un nouveau Chef du gouvernement. Que mieux après tant d’année de nomination masculine de nommer pour la première fois une femme à la tête de l’exécutif ? L’histoire de la Tunisie depuis Carthage jusqu’à l’indépendance est remplie d’exemples de femmes qui ont réalisé des prouesses et des exceptions à des moments d’exception et nous y sommes ! 

Monsieur le Président, je profite de cette lettre pour faire également un appel à l’ensemble des partis patriotes et des organisations nationales à se rassembler autour d’un nouveau « deal » qui aura pour vocation de construire un nouveau pacte républicain et à bâtir ensemble les réformes nécessaires pour assurer la stabilité de nos institutions, la maitrise de la situation sanitaire et la relance économique. 

Monsieur le Président, par votre expertise et votre position, vous êtes bien placé pour une interprétation que j’espère juste de la Constitution. En tant que pair et universitaire, j’ai espoir et confiance en votre capacité de discernement, et surtout en votre sincérité et obsession d’un avenir meilleur pour nos futures générations.

À travers cette lettre, je vous exhorte à ne pas cesser de penser aux futures générations, à ne pas céder à la tentation d’une vendetta et particulièrement à panser les plaies des anciennes générations.

Par : Kais Mabrouk

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