Les recommandations de la Banque Mondiale recommande pour vaincre le fléau du chômage dans la région MENA

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La Banque Mondiale vient de publier un nouveau rapport intitulé « Le défi de l’emploi : Repenser le rôle des pouvoirs publics envers les marchés et les travailleurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) ».

Dans ce rapport, la Banque Mondiale recommande aux gouvernements de la région MENA des mesures pour vaincre le fléau du chômage.

L’Institution propose notamment de favoriser l’essor d’un secteur privé plus développé et dynamique et en adoptant des réformes réglementaires sur les marchés du travail et des produits.

« La domination des entreprises publiques est à l’origine de la stagnation du marché de l’emploi dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) », souligne le rapport régional.

« Dans une région qui affiche un taux de chômage record chez les jeunes et le taux d’activité féminine le plus faible du monde, des entrepreneurs exposent leurs difficultés et leurs solutions pour doper la création d’emplois. Les pouvoirs publics doivent repenser leurs relations avec le secteur privé et avec les travailleurs », affirme la Banque Mondiale.

En Jordanie, les jeunes entrepreneurs ont du mal à obtenir des financements et les services d’accompagnement au démarrage d’une société sont limités. 

« En Tunisie, les démarches administratives pour créer une entreprise peuvent prendre jusqu’à un mois, contre deux jours en France. »

Ces deux exemples illustrent certains des obstacles auxquels sont confrontés les jeunes actifs dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), une région où le taux de chômage des jeunes est le plus élevé au monde et la participation des femmes au monde du travail la plus faible.

Dix ans après les soulèvements du Printemps arabe, le marasme du marché de l’emploi continue de saper le développement économique et le progrès social dans la région MENA. 

RÉDUIRE LE RÔLE DES ENTREPRISES PUBLIQUES

Le rapport préconise en particulier de réduire la place des entreprises publiques dans les économies de la région MENA. Nouvelles données à l’appui, les auteurs montrent comment la domination des entités liées à l’État entrave le développement d’un secteur privé vigoureux et nécessaire pour créer les emplois dont la région a besoin face à l’augmentation de sa population en âge de travailler.

Dans les pays de la région MENA, l’emploi dans les entreprises du secteur privé a progressé de 1 % par an autour des années 2016-2018, bien loin des 5 % enregistrés en moyenne dans les économies à revenu intermédiaire. Le niveau élevé du chômage des jeunes — estimé à 26 % en 2109 — et un taux d’activité féminine de 20 % seulement témoignent de l’ampleur du problème.

S’appuyant sur deux séries d’enquêtes de la Banque mondiale auprès des entreprises (les enquêtes WBES), disponibles pour la première fois pour plusieurs pays de la région MENA, le rapport révèle la piètre performance du secteur privé en matière de création d’emplois. 

Le nombre et la qualité des emplois dans une économie sont tributaires de la facilité pour les entreprises d’entrer sur le marché, d’y croître et d’en sortir — ce que l’on appelle la fluidité ou « contestabilité » des marchés. 

Or, les marchés de la plupart des pays de la région ne sont pas contestables, analyse le rapport. Une situation qui s’explique en grande partie par le fait que les entreprises publiques jouent un rôle prépondérant et bénéficient d’un traitement préférentiel en matière de taxes, de financements et de subventions.

IL EST URGENT D’AMÉLIORER LA CONTESTABILITÉ DES MARCHÉS

Afin d’améliorer la contestabilité des marchés, les gouvernements doivent réduire la présence des entreprises publiques dans des secteurs économiques propices à la prospérité du secteur privé. 

Pour cela, ils doivent privilégier les réformes visant à réduire le traitement préférentiel dont bénéficient les entreprises publiques en matière d’accès aux financements et à éliminer les exclusions et les exceptions dues aux réglementations, aux contrôles des prix et aux lois sur la concurrence qui sont appliquées aux opérateurs privés. C’est ce que préconise le rapport, en s’appuyant sur de nouvelles données sur la réglementation des marchés de produits recueillies dans huit économies de la région MENA et comparées à 51 pays à revenu élevé et intermédiaire.

Par ailleurs, les pays de la région MENA se caractérisent en général par le poids des professions moyennement qualifiées, avec, comme facteur probable, la prépondérance du secteur public, note le rapport. Les travailleurs tendent ainsi à effectuer nettement moins de tâches nécessitant des compétences essentielles pour les emplois de demain, telles que des compétences analytiques et interpersonnelles non routinières.

Parmi les entrepreneurs interrogés dans le rapport, Tarek Talbi raconte qu’il faut deux jours en France pour remplir les formulaires d’immatriculation d’une entreprise. Ces démarches lui ont pris un mois en Tunisie, témoigne le chef d’entreprise de 36 ans.

« Recruter des techniciens et des ingénieurs n’est pas un problème en Tunisie, mais on a beaucoup de mal à trouver des personnes qui possèdent des compétences comportementales et en communication », déplore Tarek Talbi.

Pour un certain nombre de pays, le rapport préconise également l’adoption de réformes en vue de lever les restrictions qui sont imposées à l’activité des femmes dans des secteurs spécifiques et sur le plan des horaires de travail, de remédier à l’inégalité des salaires par rapport aux hommes et de mettre fin à l’obligation de requérir l’autorisation de leur conjoint pour obtenir un emploi.

 C’est le cas, par exemple, d’une société conservatrice comme celle de la Jordanie, où il est fréquent que les hommes s’opposent à ce que leurs femmes et leurs filles travaillent ou créent leur entreprise.

Prenant note de l’opposition politique et sociale que peuvent susciter de telles réformes, le rapport recommande, afin de limiter ces écueils, d’adopter une approche progressive dans la mise en œuvre des changements structurels nécessaires et de se focaliser dans un premier temps sur des secteurs émergents tels que l’économie numérique et l’économie verte, qui comptent moins d’opérateurs historiques et de groupes d’intérêt puissants.

L’économie numérique a représenté un gisement d’opportunités pour Tarek Talbi, et les autres jeunes entrepreneurs dont le rapport dresse le portrait.

Leurs parcours mettent en évidence les obstacles auxquels sont ordinairement confrontés les jeunes entrepreneurs de la région MENA : le manque d’accès aux financements pour les nouvelles entreprises, des conditions d’emprunt onéreuses et des impôts trop lourds, mais aussi la réticence sociale que suscite les emplois non traditionnels.

À l’heure où la région se relève des effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, cette nouvelle publication peut servir de base pour des réformes structurelles, selon le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Le dynamisme des marchés peut permettre aux économies de la région MENA de se transformer en États modernes, où les entreprises innovantes sont en mesure de prospérer et de garantir une allocation optimale des ressources, poursuit Ferid Belhaj. 

La pandémie de COVID-19, aussi éprouvante qu’elle ait été, offre une opportunité pour une reprise résiliente et inclusive susceptible de générer des emplois de meilleure qualité en relevant les enjeux à long terme. »

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