Dhekra Khelifi, Partenaire-associé de 216 CAPITAL, a décortiqué pour l’Africa News Agency (ANA), l’émergence de l’économie féminine, puissant moteur de croissance. Elle explore les défis et les opportunités auxquels font face ces entrepreneures, tout en mettant en lumière l’impact crucial qu’elles ont sur l’économie du continent
En Afrique, les femmes entrepreneurs ne se contentent pas de suivre le mouvement : elles le conduisent, souligne la responsable.
Pour appuyer ses propose, elle cite notamment l’étude « Women in Africa Entrepreneurship Study » de Roland Berger, qui révèlent que ces femmes ont apporté entre 250 et 300 milliards de dollars à la croissance économique du continent en 2016, représentant ainsi environ 13 % du PIB africain. Selon McKinsey, l’économie féminine est le plus grand marché émergent au monde, avec le potentiel d’ajouter 12 000 milliards de dollars au PIB mondial d’ici à 2025.
Cependant, Dhekra Khelifi estime que malgré leur dynamisme et leur résilience, leur participation reste largement sous-évaluée, notamment dans le domaine de la technologie et du numérique.
Elle explique que cette sous-représentation des femmes entrepreneurs dans les secteurs de la technologie et du numérique peut être expliquée par un ensemble de facteurs, dont les obstacles structurels, l’accès limité à l’éducation et aux ressources financières, les stéréotypes de genre, les attentes socioculturelles ainsi que les biais inconscients et systémiques de la part des investisseurs.
A la tête de 216 Capital, fonds d’investissement basé en Tunisie, Dhekra estime que les investisseurs peuvent être victimes de biais impactant directement sur leurs décisions d’investissement.
« Passer à côté d’une opportunité d’investissement à cause de ces pratiques souvent inconscientes est une perte considérable pour l’investisseur car son rôle est de dénicher les startups qui vont assurer un gain économique à toute la chaîne de valeur. Se passer de 50% de la taille de l’échantillon en excluant les startups portées par des femmes à cause de préjugés est certainement le plus grand manque à gagner de cette industrie. », explique-t-elle.
Pour pallier ce problème, elle propose une trame de recommandations :
Le network/ La recommandation : créez et entretenez des liens solides avec d’autres entrepreneurs, des professionnels de l’industrie et des investisseurs potentiels. Quand vous pensez qu’un VC pourrait être le bon match et que vous connaissez un fondateur de leur portfolio, demandez à ce qu’elle/il vous introduise. Les introductions des fondateurs sont prises en compte et très au sérieux par les investisseurs.
Prenez-la Parole/Ne soyez pas parfaite mais confiante. Vous maitrisez votre sujet : Faites ressortir de manière convaincante ce qui rend votre entreprise investissable. Mettez en avant votre technologie innovante, votre approche business ou votre expérience du secteur. L’idée n’est pas copiée le style d’un entrepreneur masculin mais de se servir de ses propres atouts sans succomber aux comparaisons ou à des standards parfois faussés de comment présenter son business. Soyez vous-même et surtout soyez la première personne à croire en vous. C’est contagieux.
Team/collaboration/Leadership : Constituez une équipe fondatrice solide et unie. Les investisseurs accordent une grande importance à l’équipe, alors prouvez que votre équipe a la capacité de réaliser votre vision et montrez votre apport.
Soyez persévérante : La quête de financement peut être éprouvante, mais maintenez votre persévérance et votre résilience face au rejet et aux obstacles.
Comprenez les investisseurs : Saisissez les critères d’investissement des VC et ayez l’ouverture d’esprit d’ajuster votre approche en conséquence. Visez les investisseurs qui correspondent le mieux à votre entreprise et à votre vision et surtout en priorité ceux qui ont déjà investi dans des femmes !
Les alternatives : les VC et les banques ne sont pas les seuls moyens pour financer un business. Le crowdfunding en est une qui semble échapper aux biais et offrir des fonds qui proviennent d’individus (ou entités) qui veulent investir et investissent sur le seul critère du mérite. De plus, ces plateformes offrent une exposition à différents acteurs et pourraient être une aubaine pour rencontrer des clients potentiels et développer l’image de marque. Dans les premières phases critiques du lancement d’une startup où 60% des startups ne réussissent pas à survivre (plus du côté des startups portées par des femmes).
Enfin, elle estime que le Crowdfunding peut devenir l’alternative qui pourrait sauver les pépites portées par des femmes en Afrique.