
Le Forum économique mondial (WEF) publie, depuis 2006, annuellement le rapport «
 Gender Gap » qui examine les inégalités et l’évolution des disparités entre les genres.
Toutefois, le classement de la Tunisie à la 128ème place sur 141 dans ce rapport, soulève
 de nombreuses interrogations. Nous essayons dans cette note de mieux expliquer le mode
 de calcul de cet indice et attirer l’attention sur des aspects plus critiques.
Le rapport dans son intégralité comprenant une note méthodologique détaillée et les
 données de tous les pays étudiés, est disponible sur le site du Forum Economique Mondial
 c’est pour cela que nous recommandons aux responsables, experts et médias de le
 consulter pour pouvoir en tirer les constations et les recommandations.
Cet indice composite est calculé en se basant sur 14 données dont 12 sont des données
 statistiques provenant d’organisations internationales telles que l’Organisation
 internationale du Travail (OIT), la Banque mondiale (BM), les Nations Unies, l’OCDE et 2
 données provenant de l’enquête mondiale du WEF qui est également utilisée pour d’autres
 rapports tels que le rapport sur les risques mondiaux et le rapport sur les marchés de
 demain.
Cet indice mesure le gap entre les genres et ne prend pas en compte le degré
 d’émancipation ou d’automatisation des femmes. En d’autres termes, il ne mesure pas les
 niveaux absolus de progrès ou de développement des femmes, mais plutôt les écarts entre
 les hommes et les femmes dans différents domaines. Par exemple, en ce qui concerne
 l’éducation, l’indice mesure le gap entre les genres en matière d’accès à l’éducation, sans
 tenir compte du taux d’éducation des filles. Cette approche est adoptée afin de ne pas
 pénaliser les pays disposant de ressources limitées.
En effet, l’indice prend en compte les résultats (outputs) plutôt que les (inputs). Par
 exemple, l’indice mesure l’écart entre les genres en termes de durée passée dans des
 postes de haute responsabilité plutôt que de prendre en compte la durée du congé de
 maternité. Cela met l’accent sur les disparités observées en fonction des résultats plutôt
 que des facteurs ou des moyens. L’objectif de l’indice est de fournir un aperçu de la situation des hommes et des femmes en ce qui concerne quatre principaux axes liés aux droits fondamentaux tels que la santé, l’éducation, la participation économique et
 l’autonomisation politique.
Le classement préoccupant de la Tunisie dans le pilier de la participation et de l’opportunité
 économique est une source d’inquiétude, en particulier lorsque nous examinons les
 indicateurs de (la participation au marché du travail, estimation du revenu du travail,
 législateurs, hauts fonctionnaires et gestionnaires et travailleurs professionnels et
 techniques) et constatons que le pays figure parmi les cinq derniers au niveau mondial.
Ces classements sont établis en se basant sur les données statistiques fournies par l’État
 tunisien à l’Organisation internationale du travail.
Il est crucial d’accorder une attention particulière à ces aspects afin de réduire les écarts
 observés et calculés à partir des statistiques nationales communiquées par les
 organisations internationales.
Il convient de noter que la mise en évidence des avancées réalisées par les femmes
 tunisiennes et de leur émancipation dissimule une réalité plus sombre. Il est intéressant de
 souligner que des pays tels que la France (classée 40e) et les États-Unis (classés 43e) font
 également face à des défis similaires, ce qui démontre que l’émancipation et
 l’automatisation ne sont pas nécessairement synonymes d’égalité. La Tunisie n’est donc
 pas le seul pays confronté à ces problématiques.
Tel est le cas du pilier de l’autonomisation politique, où l’absence d’Assemblée des
 représentants du peuple (ARP) depuis juillet 2021, en raison de la suspension de ses
 travaux, explique l’absence de données sur la représentation des femmes au sein du
 parlement.
Avec la reprise des activités parlementaires, il est prévu que cela se traduira certainement
 par une détérioration du classement relatif à la participation des femmes dans la vie
 politique dans le prochain rapport.
Le rapport montre aussi, que les pays ayant mieux réussi leurs réformes ou le redressement de leurs économies sont celles qui ont intégré l’égalité des genres parmi les objectifs de leurs politiques publiques et programmes de réformes. ; élément aussi manquant dans notre programme national de réformes.











