La résilience une nouvelle dimension qui mobilise l’intelligence émotionnelle pour un dialogue social réussi

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Editorial de Mme Mounira BOUZOUITA,

Mounira BOUZOUITA, Présidente de l’ARFORGHE

Par ces temps d’achèvement de travaux du projet “Alliance pour la croissance économique et l’emploi/ ACE,Dialogue social,  et tenant compte du contexte actuel frappé par un bouleversement de paradigmes et une charge anxiogène assez élevée, nous avons pensé à travailler sur une fonction ressources humaines axée sur l’homme et moins sur les processus. Dans l’article qui suit cette introduction, nous avons voulu mettre l’accent sur le fait que dans un contexte de compétition, de complexité et de changement constant, comprendre ce qui favorise la résilience devient urgent pour réussir le dialogue social dans l’entreprise.

Favoriser la résilience devient donc fondamental pour permettre aux individus de faire face au contexte actuel des organisations soumises à un stress permanent. Dans un second temps, nous faisons référence à l’intelligence émotionnelle comme atout en milieu professionnel pour bien communiquer et réussir le dialogue social. 

Dialogue social et résilience

Zeyneb ATTIA, Consultante RH et Past présidente ARFORGHE

Bousculées, bouleversées et en perte de repères, les entreprises ont été mises à rude épreuve par la pandémie du corona virus. Dépassant l’effet de surprise lors de la première vague, les entreprises ont cherché à réagir et à s’outiller pour affronter les contraintes et surmonter les obstacles. Mais face à l’évolution de cette pandémie et de la progression de la crise, il a fallu redoubler d’efforts, mettre au point de nouvelles pratiques et mettre en œuvre de nouvelles stratégies. En apprenant à vivre avec le coronavirus une stratégie s’est imposée, celle de faire appel au discernement, à l’ouverture, à l’écoute et la curiosité tout en étant créatif et en improvisant des plans d’action. 

Cette capacité à impliquer toutes les ressources présentes et disponibles et à interpeller la conscience collective pour se concentrer sur la situation, rester en veille, être attentif ensemble à la situation améliorera la gestion de crise et entraînera une stratégie de résilience.

Plutôt que de rester dans sa zone de confort et subir les chocs et les traumatismes il faudra choisir de   remettre en route un véritable dialogue social, reconstruire les liens, susciter l’engagement et mobiliser les acteurs concernés ;de toute évidence il est nécessaire de reconstruire du sens et de redécouvrir la créativité et l’initiative collective en empruntant la voie du collaboratif et l’intelligence collective.

La stratégie de résilience individuelle et collective doit rester pertinente et agile pour résister à la crise actuelle .De même si les nouveaux modes de travail à savoir le télétravail risquent de déliter le lien social il faut trouver une issue à savoir celle de  recréer du lien et pousser à la responsabilité collective de relancer la production dans l’entreprise et instaurer une sortie de crise durable.

Les entreprises qui procèdent à des changements organisationnels au sein de leurs  métiers peuvent occuper une position de leadership et s’approprier de nouveaux leviers de motivation et engagement. Adapter le management à l’incertitude et allier la résilience au management d’équipe  voilà un nouveau moyen d’asseoir le dialogue social.

Si le leadership constitue une mission et des efforts continus, cela reflète la posture du dirigeant et impacte toute l’entreprise. Dans le même sens, le leadership peut être la clé de voûte de la résilience. Et la confiance, un nouveau mode de mesure de la performance collective.

Sans leadership il ne peut pas y avoir de résilience et le dialogue social peut être ralenti à savoir même  freiné.

Intelligence émotionnelle comme levier d’un dialogue social performant

Sana BARHOUMI, Dr en communication – consultante et formatrice en relations humaines

Aujourd’hui, dans un contexte de mutation continue et face aux aléas de l’environnement, l’intelligence collective, l’agilité et l’innovation deviennent un gage de pérennité pour les entreprises. Au quotidien, le défi est de gérer en permanence des personnes ayant des cadres de références, des croyances et des perceptions différents générant ainsi des émotions multiples et diverses et des comportements, parfois imprévisibles.

En outre, certaines barrières culturelles et sociales imposent des modèles de pensée et  empêchent les personnes d’exprimer librement leurs émotions pour ne pas se montrer faibles ou encore poussent certains à exprimer une colère exagérée sous prétexte d’imposer le respect.

Pour instaurer un dialogue social et bâtir une culture d’échange, il importe de renforcer l’intelligence émotionnelle de tous les acteurs afin qu’ils puissent intervenir sur leurs réactions émotionnelles pour les modérer, les ajuster et les utiliser de manière raisonnable et demeurer ainsi les maîtres de leurs émotions.

En effet, comme l’attestent Cherniss et Goleman, (2000) les personnes « capables de contrôler leurs émotions, de faire preuve d’enthousiasme et d’empathie, connaissent des résultats largement supérieurs en termes professionnels à ceux qui en sont incapables ».

Bien que l’intelligence émotionnelle existe depuis que les humains existent, le concept ne s’est développé que dans les années 90. Le psychologique américain Daniel Goleman, pionnier dans ce domaine, souligne que les personnes « capables de contrôler leurs émotions, de faire preuve d’enthousiasme et d’empathie, connaissent des résultats largement supérieurs en termes professionnels à ceux qui en sont incapables ».

Goleman définit l’intelligence émotionnelle comme la capacité d’une part, à percevoir ses propres émotions et de les contrôler et d’autre part, à détecter les émotions d’autrui et d’entretenir des relations harmonieuses avec les autres.

Renforcer l’intelligence émotionnelle est un apprentissage qui s’installe au fil de l’expérience humaine. Chaque être a les ressources pour développer ses compétences émotionnelles et pour mieux maîtriser ses émotions. Il est à rappeler qu’il y’a 5 compétences qui déterminent le quotient émotionnel chez l’individu: La conscience de soi, la maîtrise de soi, la motivation, l’empathie et les compétences sociales.l’individu qui veut être émotionnellement intelligent est appelé non seulement à mesurer ses compétences mais aussi à travailler sur leur développement à travers un plan d’action qu’il mettra. Nous vous donnons un aperçu bref sur les 5 composantes qui déterminent votre intelligence émotionnelle 

  • La conscience de soi: « prendre sa température émotionnelle » 
  • La maîtrise de soi: « régler son propre thermostat émotionnel » 
  • La motivation: « suivre son GPS personnel » 
  • L’empathie: « capter la fréquence radio des personnes »
  • Les compétences sociales: « traduire un message » qui sera compris 

Certaines recommandations sont nécessaires pour reprendre la maîtrise de ses émotions. Parmi lesquelles, nous citons :

  • Prendre conscience que chaque être est le seul et unique responsable de ses pensées, de ses émotions et de son comportement.
  • Les réactions de l’homme sont liées à la représentation et à l’interprétation d’une situation et non à la situation elle-même.
  • Il est possible d’agir sur les pensées et de les transformer en réflexion et action constructive. Il suffit de prendre du recul, d’envisager d’autres scénarios possibles et d’autres lectures d’une situation.
  • Dans toute relation, il importe de renforcer l’acceptation de l’autre en prenant conscience de son cadre de référence et en acceptant sa différence. Il suffit de sortir de sa bulle, de transpercer la bulle de l’autre et d’essayer de chercher les origines des émotions de l’autre dans son expérience personnelle.
  • Etre empathique, comprendre et reconnaître le ressenti de l’autre nécessite une ouverture sur l’autre et l’acceptation du modèle de l’autre sans jugement.
  • Une émotion est une charge qui nécessite d’être déchargée. Le cas échéant, le corps sera maintenu sous tension. En conséquence, il est recommandé de décharger l’émotion en recourant aux activités physiques, à l’exercice vocal et à toute activité de relaxation et de détente mentale.
  • Privilégier une relation gagnant-gagnant ou vous n’êtes ni « hérisson » ni « paillasson ». S’affirmer dans une relation et adopter une attitude assertive est possible si vous êtes aussi bien à l’écoute de vous-même qu’à l’écoute de l’autre en maintenant une égalité psychologique.

Pour générer une culture d’intelligence collective favorable à la créativité et à l’innovation, il est indéniable de renforcer l’intelligence émotionnelle par la prise de conscience de soi et aussi des autres afin de pouvoir évoluer dans un  climat social favorable à l’échange.

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