La Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) traverse actuellement une crise financière majeure, a révélé Mehdi Dridi, président directeur général de l’institution.
Dans une récente interview avec l’agence TAP, il a expliqué que situation est principalement due à l’augmentation de la dette accumulée par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) et les hôpitaux publics, qui doivent environ 1,1 milliard de dinars à la PCT, partagée à parts égales entre les deux entités.
En conséquence, la Pharmacie Centrale a été contrainte de réduire ses commandes en médicaments importés et de prolonger les délais de paiement à ses fournisseurs internationaux, mettant en péril l’approvisionnement en médicaments dans le pays.
Actuellement, la PCT doit plus de 600 millions de dinars aux laboratoires internationaux, avec un retard de paiement qui s’étend de 12 à 13 mois. Selon Dridi, cette situation a des répercussions sur la disponibilité de certains médicaments, notamment les médicaments non vitaux dont les stocks ont été réduits à un mois et demi au lieu de trois mois. Certains médicaments coûteux, pris en charge par la CNAM, ne peuvent même plus être commandés en raison de leur coût élevé et de l’insuffisance budgétaire.
En dépit de ces difficultés, Dridi rassure que les médicaments vitaux sont approvisionnés grâce à des réserves stratégiques, par exemple l’insuline, avec des stocks suffisants pour une période de six à neuf mois. Cette gestion est assurée en collaboration avec plusieurs organismes nationaux pour garantir la continuité de l’approvisionnement.
Bien que la Pharmacie Centrale ait déjà eu recours aux emprunts bancaires en 2018 et 2019 pour réduire sa dette, Dridi insiste sur le fait que cette mesure n’offre qu’un soulagement temporaire. « La dette de la CNAM et des hôpitaux n’a cessé de croître, faute de réformes structurelles », précise-t-il. Selon lui, seule une série de réformes profondes pourrait permettre de résoudre durablement cette crise.
Par ailleurs le responsable a également évoqué le projet de loi de finances pour 2025 propose une exonération des taxes sur les médicaments importés, ce qui permettrait à la PCT d’économiser environ 40 millions de dinars. Cependant, Dridi reste prudent sur cette mesure, considérant qu’elle n’encouragera pas la production locale. « Il serait plus judicieux de lever la compensation pour les médicaments ayant des équivalents en Tunisie, afin de préserver les équilibres financiers de la PCT », argue-t-il.