Le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) s’est réuni le 28 décembre 2024 pour examiner les récents évolutions économiques et financières, tant à l’échelle internationale que nationale, ainsi que les perspectives.
Contexte international
L’année 2024 a été marquée par des avancées notables des banques centrales dans leur objectif de stabilité des prix. Dans de nombreux pays, l’inflation se rapproche des cibles fixées, bien que l’inflation sous-jacente continue de ralentir les mesures d’assouplissement monétaire. Face à cette situation, plusieurs institutions monétaires maintiennent une approche prudente dans l’ajustement des taux directeurs afin d’assurer une convergence durable de l’inflation vers les objectifs visés. Par ailleurs, la dissipation progressive des tensions inflationnistes et les efforts d’assouplissement monétaire dans les grandes économies devraient soutenir une croissance économique qui demeure résiliente. Cela, malgré un environnement international encore marqué par des risques multiples et une incertitude persistante.
Contexte national
L’économie tunisienne a poursuivi sa progression, enregistrant une croissance de 1,8 % en glissement annuel au troisième trimestre 2024, contre 1 % au trimestre précédent. Cette amélioration s’explique par une augmentation significative de la demande intérieure, qui a atteint 4,1 %, comparée à 2,6 % au deuxième trimestre. Les données conjoncturelles disponibles suggèrent une poursuite de cette dynamique positive au quatrième trimestre 2024.
Secteur extérieur et finances publiques
Le déficit courant a connu une nette amélioration, se réduisant à 2 611 millions de dinars (soit 1,6 % du PIB) sur les onze premiers mois de 2024, contre 3 464 millions de dinars (2,3 % du PIB) à la même période en 2023. Cette évolution est attribuable à une augmentation des revenus de travail et des recettes touristiques, malgré une dégradation modérée du solde commercial.
L’amélioration du déficit courant, conjuguée à une atténuation des pressions sur le taux de change du dinar face aux principales devises, a permis de renforcer les réserves de change. Ces dernières se sont établies à 25,6 milliards de dinars (soit 115 jours d’importations) au 26 décembre 2024, contre 26,4 milliards (120 jours) à la fin de l’année 2023, et ce malgré des engagements importants liés au service de la dette extérieure.
Inflation et perspectives
Le taux d’inflation, après avoir stagné à 6,7 % pendant trois mois consécutifs, a amorcé une légère baisse en novembre 2024, atteignant 6,6 %. Cette évolution résulte notamment d’une diminution de l’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires frais et prix administrés), qui s’est repliée à 5,8 % en novembre contre 6,4 % en octobre. Cette baisse s’explique en partie par la chute des prix de l’huile d’olive, qui ont enregistré une décroissance de 3,1 % en novembre, après une hausse de 16 % le mois précédent. En revanche, les prix des produits alimentaires frais ont augmenté de 14,1 % en novembre, contre 13 % en octobre. Les produits à prix administrés ont également enregistré une hausse, atteignant 3,7 %, sous l’effet de l’augmentation des tarifs des services de café. Hors alimentation et énergie, l’inflation est restée stable à 6,3 % pour le deuxième mois consécutif.
Les projections actuelles anticipent une poursuite de la baisse graduelle de l’inflation, bien que à un rythme plus modéré qu’initialement prévu. L’augmentation attendue des salaires, dans les secteurs public et privé, pourrait ralentir cette décrue en exerçant une pression supplémentaire sur les coûts de production et en stimulant davantage la demande. Pour l’ensemble de l’année 2024, l’inflation moyenne devrait s’établir à 7 %, avant de reculer à 6,2 % en 2025.
Enjeux et décisions monétaires
Malgré cette tendance à la baisse, l’inflation demeure à un niveau élevé, et des risques haussiers significatifs persistent. Ceux-ci dépendent notamment de l’évolution des prix internationaux des matières premières et de la capacité à résorber les déséquilibres des finances publiques.
Dans ce contexte, le Conseil d’administration de la BCT a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 8 %, afin de préserver la stabilité des prix et de soutenir la consolidation économique et financière du pays.
Si cela la vérité rien que la vérité ? Nous verrons fin 2025