La balance et la France

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Kais Mabrouk

Le dernier flash de l’INS (08/2019) apparu cet été est encore une fois pas rassurant et peut être lu de plusieurs manières. Selon ce dernier rapport, nos exportations semblent avoir encore baissé de 4% par rapport à la même période en 2018. Pire encore, quand on ramène cela à Mars 2019, où on y affichait un regain de terrain, on y constate une chute drastique.

Dans l’autre sens, nos importations sont restées élevées. Les deux effets cumulés creusent davantage notre balance commerciale. Vous me diriez au point où nous en sommes aujourd’hui, plus rien ne nous choque, ni ne nous inquiète. Le déficit de notre balance commerciale est devenu chronique et j’ai peur qu’il s’y installe encore pour longtemps, si des mesures sérieuses ne sont pas prises. Car, jusqu’à présent, tous les artifices ont été usés. Je dis bien « artifice ». Le plus flagrant fut la valeur du dinar. On nous avait rassuré et promis monts et merveilles après sa chute (spontanée ou impulsée ?). Comme quoi ça va stimuler les exportations et par effet mécanique réduire le déficit commercial.

Aujourd’hui, la déconvenue est là, claire et limpide, c’était archi-faux. Je pense qu’il faudrait revoir au cas par cas nos échanges commerciaux. Chercher à les équilibrer. Accompagner, voir forcer les entreprises les plus fortes à l’export. Se concentrer sur les 20% qui ramènent les 80% du volume d’échange. Chercher à impulser  dans le sens positif du terme, les échanges comme le préconiserait la France. Elle qui aime dire qu’elle est notre premier partenaire et elle semble en être fière. Nous non-plus. C’est un fait que nous devons préserver. Cependant nous aspirons à voir d’ici peu d’autres pays avoir le même poids d’échange commercial. C’est non seulement une question de développement économique mais surtout d’indépendance commerciale et de souveraineté nationale.

D’ailleurs, la France ne s’est pas arrêtée au stade premier. Elle a constitué un comité de pilotage avec une liste de personnes louables. Parmi elles des personnes désignées en commis d’office. Aussi glorieuse soit-elle comme initiative, je me pose la question suivante : Est-ce le bon timing ? Nous savons tous que la France avait mis le paquet pour son candidat favori. D’ici de ma tribune, je ne prétends pas être donneur de leçons. Loin de moi pareille ambition. Cependant, le clivage ambiant, la prétendue ingérence française dans le processus démocratique en cours et les tensions populistes vis-à-vis de la France, ne font que renforcer les inquiétudes, les doutes et les soupçons.

L’homme du côté Tunisien choisi par la France à la tête de ce groupe est une personne respectée et nul ne peut contester son apport à sa «mère patrie». Néanmoins, annoncé cette personne en particulier entre les deux tours des élections présidentielles tout en sachant qui soutient-il, n’est-il pas un message subliminal risqué et sujet à des interprétations calamiteuses? L’importance du respect du calendrier dans l’enchaînement des actions ne nécessite pas forcément lumière mais plutôt élégance. En ces moments troubles, où la France est pointée du doigt par les populistes, nulle utile de venir en cocorico annoncer en grande pompe des initiatives grandes (Groupe d’impulsion) ou petites (UFTAM), aussi louables soient-elles.

« En outre, Carthage est à reconstruire. »

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