KAS : Le climat des affaires vu par les jeunes dirigeants

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Nos jeunes dirigeants sont actifs et veulent contribuer pour faire «bouger le business» en Tunisie.

Nos jeunes dirigeants, en dépit de tout, continuent à croire en une Tunisie nouvelle, en une Tunisie économique à valeur ajoutée.

La Kas a appuyé son partenaire CJD pour mener une initiative afin d’améliorer le climat des affaires en Tunisie et redorer le blason de la Tunisie sur le marché international.

Imen Nefzi

Madame Imen Nefzi, Chargée du programme KAS va nous présenter davantage cette initiative

S : Le CJD est un partenaire historique et ensemble vous essayez de faire « bouger les Choses ». Peux-tu nous expliquer le choix de cette initiative ? 

I : Le CJD est l’un des partenaires stratégiques de la KAS avec qui elle collabore depuis des années dans le but de l’accompagner à se positionner comme force de proposition ainsi qu’à réussir à soumettre ses intérêts au pouvoir public et à promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat et d’innovation. 

Aujourd’hui, le constat est clair à travers le bilan de l’économie en Tunisie qui s’annonce de plus en plus inquiétant avec des indicateurs alarmants : La baisse des investissements directs étrangers, le déficit budgétaire de l’Etat, l’augmentation du taux de chômage et l’augmentation du taux d’inflation sont flagrants. 

Tant de difficultés noircissent le climat des affaires en Tunisie et rendent le défi des entrepreneurs plus difficile à supporter. Ainsi, toute l’économie est lésée et la question qui trouve la légitimité d’être posée dans ce contexte est : « Peut-on accepter de continuer à entreprendre dans ce climat d’affaire incertain ?  » 

La réponse est évidente : bien sûr, personne ne veut prendre le risque d’investir son argent et d’épuiser son énergie sans tirer un profit, sans qu’il y ait une stratégie audacieuse et innovante pour la mise en place et l’application des réformes structurelles et décisives. 

Dans ce contexte, la création d’un espace de dialogue avec les parties prenantes concernées serait d’une grande utilité pour créer un bon environnement économique. 

On ne peut pas nier que le secteur privé représente l’une des parties importantes et nécessaires pour l’instauration d’un dialogue inclusif et efficace. D’où la création de cette initiative de la mise en place d’un dialogue Public-Privé qui vise à réunir les parties prenantes de l’administration et les jeunes dirigeants de PME et TPE tunisiennes pour travailler ensemble sur les actions prioritaires à entreprendre pour améliorer le climat des affaires.

S : Peux-tu nous présenter la démarche de cette initiative ? 

I : Le début de cette démarche a commencé par la réalisation d’une enquête vers la fin de l’année 2021 auprès de plus de 1600 chefs d’entreprises de tous les secteurs clés de l’économie tunisienne pour collecter des propositions et des solutions dans le souci d’améliorer le climat des affaires en Tunisie et entre autres proposer des solutions pour faciliter l’accès au financement bancaire et promouvoir les exportations. 

Les entreprises ont été directement contactées afin d’avoir des résultats fiables qui traduisent fidèlement l’état des lieux vu aux yeux des agents de terrains qui connaissent parfaitement les problèmes qui les entravent. 

Cette enquête a mis au clair de nombreux freins à l’investissement dont on cite précisément et principalement la loi de change qui empêche environ 57% des chefs d’entreprises sondés à l’accès aux marchés internationaux. Un autre facteur important est le taux d’´intérêt qui se rajoute à liste des handicapes et représente la préoccupation de presque 62% des chefs d’entreprises conduisant à un découragement des investisseurs au recours aux financements bancaires. 

Les résultats de l’enquête ont été présentés le 25 février 2022 en présence de Monsieur Samir Saied, le ministre de l’Economie et de la Planification ainsi que des représentants de la Banque centrale de Tunisie (BCT), des représentants de l’administration publique et des jeunes dirigeants.

A l’issue de cette rencontre, le CJD a élaboré une liste d’actions urgentes à mettre en place, afin de pouvoir agir sur les axes suivants : accès aux marchés extérieurs et accès aux financements bancaires.

Une deuxième rencontre a été organisée le 18 juin 2022 au siège de la Banque centrale avec Monsieur le Gouverneur de la Banque centrale, son équipe et les jeunes dirigeants et c’était une occasion pour mettre sur la table toutes les recommandations possibles.

I : Peux-tu nous définir l’agenda de cette initiative pour 2023 ? 

S : Toujours dans l’esprit d’être partie prenante de la stratégie à mettre en place par l’Etat et de jouer un rôle de transformation, nous allons soutenir le CJD a avancer dans cette démarche de participation collaborative et à développer un dialogue public-privé. 

Nous avons planifié des rencontres avec les parties prenantes du secteur public pour avancer dans notre objectif de «faire bouger les choses» et d’impacter positivement les reformes au profit des entrepreneurs pour un climat d’affaires sain, un développement d’un secteur privé dynamique et compétitif.

Sonia Louati

Témoignage de Sonia Louati, Chargée des Relations institutionnelles et veille économique

S : Pourrais-tu nous présenter le climat des affaires pour les PME & TPE en Tunisie ?

So : Le climat des affaires désigne l’ensemble des conditions économiques, politiques et sociales qui influencent les activités commerciales des opérateurs économiques ; des éléments comme la stabilité politique, la fiscalité, la réglementation, la concurrence, la qualité des infrastructures impactent directement le développement et la prospérité des entreprises ; un bon climat des affaires peut encourager les entreprises à investir et à créer des emplois, tandis qu’un climat défavorable peut entraver la croissance économique.

En Tunisie, le climat des affaires pour les PME et les TPE peut être considéré comme défavorable en raison de divers facteurs tels que la lourde fiscalité, les barrières administratives et réglementaires, la bureaucratie et le manque de financement ; cependant malgré les tentatives antérieures de réformes pour améliorer le climat des affaires pour les petites entreprises, telles que la simplification de certaines procédures administratives, ou encore l’encouragement de l’entreprenariat et la mise en place de programme de financement ou de restructuration pour les PME et TPE,  celles-ci continuent de faire face à de nombreux défis et ont besoin de plus de soutien pour se développer et prospérer dans un climat d’affaires favorables.

S : Quels sont les éléments déclencheurs pour lancer cette initiative avec l’appui de la KAS ?

So : La KAS et le CJD ont su développer un partenariat solide afin d’apporter une contribution significative  au développement économique du pays, en travaillant ensemble pour soutenir les jeunes dirigeants et les entreprises tunisiennes. Ce partenariat nous permet, en tant que mouvement dont la valeur est «de mettre l’économie au service de l’homme», de fournir un soutien aux PME et aux TPE à travers des programmes de mentorat et de formation, des études ou encore à travers l’organisation d’événements qui nous permettent de porter la voix de nos jeunes dirigeants et de communiquer sur leurs problématiques et proposer des solutions.

Notre initiative du projet de partenariat public-privé visant à améliorer le climat des affaires pour les dirigeants de PME et de TPE, est en adéquation totale avec les objectifs du partenariat CJD-KAS, alors il nous a semblé tout naturel de partir avec la Konrad dans ce type de projet.

S : Après les actions menées en 22, pourrais-tu nous présenter les recommandations et votre vision pour 23 ?

So : Dans le cadre des travaux que nous avons pu mener durant l’année 2022 nous avons pu dresser une liste de recommandations :

  • Simplification des procédures administratives pour la création, l’exploitation et même la fermeture des entreprises ;
  • Favoriser l’accès au financement pour les PME et TPE, notamment à travers la mise en place de mécanisme de garantie et le développement de produits financiers adaptés à leurs besoins ;
  • Mettre en place des politiques fiscales et douanières incitatives pour les PME et TPE surtout exportatrices ;
  • Une révision du code de change qui encourage les exportations afin d’aider les entreprises à accéder à de nouveaux marchés ;
  • Simplifier les procédures de changes afin de permettre aux PME de mieux gérer leurs finances et leurs activités transfrontalières ;
  • Favoriser le développement de l’infrastructure et des technologies pour améliorer la connectivité des PME et TPE et les aider à accéder aux marchés nationaux et internationaux ;
  • Encourager la formation et le développement des compétences des dirigeants de PME et TPE pour renforcer leur capacité à gérer leurs activités. 

En 2022 et à travers les ateliers qui ont été élaborés avec le secteur public,  le CJD a réussi à être une partie prenante de l’élaboration de la  stratégie nationale visant à améliorer le climat des affaires pour promouvoir la PME et la TPE. En 2023, nous comptons participer à la mise en place de cette stratégie, implémenter  les recommandations que nous avons pu élaborer et participer activement à la mise à jour des réformes.

Enfin, notre vision est de contribuer à la croissance économique en soutenant les dirigeants de PME et en les aidants à devenir des acteurs clés de l’économie.

Par : Selma Benkraiem

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