Imene Ben Abdallah : «Roche faisons de la Tunisie un acteur de référence en matière d’innovation médicale.»

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Imen Ben Abdallah

Interview avec Imene Ben Abdallah, Directrice Chez Roche Tunisie et Libye.

Comment définissez-vous le rôle de Roche en tant qu’investisseur à long terme dans le système de santé tunisien ?

Roche est présente en Tunisie, comme dans tous les pays où elle opère, en tant qu’investisseur actif et  à long terme dans la santé, avec une approche qui va au-delà de la simple fourniture de médicaments. En effet, l’innovation en santé n’a de valeur que si les patients y ont accès, et cela s’applique pleinement à la Tunisie.

C’est pour cela que nous contribuons activement aux efforts d’amélioration et de renforcement du système de santé tunisien à travers les partenariats public-privé (PPP) avec les autorités de santé, les organisations non gouvernementales, les associations et sociétés savantes. Ces programmes s’articulent autour de l’amélioration des parcours de soins, dans le but d’optimiser la prise en charge des patients en Tunisie, notamment dans les domaines de la neurologie, de l’oncologie, de l’hémophilie et des maladies rares.

Ces partenariats sont à la fois variés et complémentaires : ils vont de la sensibilisation au renforcement des capacités dans le secteur de la santé, en passant par des solutions innovantes basées sur le digital, à destination des patients comme des structures hospitalières.

Le déménagement récent de Roche Tunisie dans de nouveaux bureaux à Tunis, reflète notre volonté d’accroître durablement notre empreinte locale et de continuer à soutenir les priorités nationales de santé. Cette expansion reflète également notre volonté d’accompagner, de manière pérenne, les ambitions de la Tunisie en matière d’accès à l’innovation et de transformation du système de santé.

Roche collabore activement avec les autorités de santé tunisiennes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nos collaborations avec les autorités tunisiennes s’inscrivent dans une démarche de co-création de solutions durables pour le système de santé. À travers divers Mémorandums d’Entente (MoU) et partenariats stratégiques, nous avons initié plusieurs projets visant à :

  • Accompagner la digitalisation des parcours de soins, en association avec les autorités de santé et les sociétés savantes, en neurologie et en oncologie, à travers le lancement des e-registres
  • Soutenir les efforts du Ministère de la Santé à travers une campagne de sensibilisation sur le cancer du sein, construite autour autour de trois messages communs: Auto- Examen mensuel, visite médicale annuelle, et Mammographie tous les deux ans pour les les femmes de plus 45 ans, Cette campagne multicanale a mobilisé la télévision, la radio, les réseaux sociaux et un affichage urbain national pour sensibiliser les différentes générations de femmes et encourager un diagnostic précoce.
  • Collaborer avec les institutions hospitalières pour améliorer la productivité au sein des services, et créer une meilleure expérience tant pour les patients que pour les soignants.

Nous bénéficions également de notre position régionale en tant qu’équipe couvrant la Tunisie et la Libye, pour initier et participer à la mise en place de programmes de jumelage entre experts libyens et tunisiens dans des centres d’expertise des deux pays, dans toutes les aires thérapeutiques que nous couvrons.

Comment ces partenariats contribuent-ils à renforcer les infrastructures de soins et à améliorer l’accès aux traitements innovants ?

Nos initiatives s’articulent autour de trois axes principaux qui ont été identifié avec les parties prenantes :

  • L’amélioration et l’optimisation des parcours patients en Tunisie : ou nous contribuons à la mise en place de solutions de qualité, adaptées au contexte tunisien comme le projet national de testing pour le cancer du sein, ou encore le recours à l’intelligence artificielle pour améliorer le diagnostic précoce du cancer du sein. Des outils divers ont également été déployés dans les hôpitaux, ainsi que la mise en place de programmes de formations et d’accompagnement des professionnels de la santé qui visent  à renforcer les compétences médicales pour garantir un meilleur accès à des soins de qualité.
  • L’accélération de l’accès à l’innovation afin que  chaque patient puisse bénéficier d’une prise en charge optimale, et faire de la Tunisie un acteur de référence en matière d’innovation médicale, grâce aux  programmes compassionnels (CUP), aux études cliniques et aux  nouveaux modèles innovants d’accès.
  • Renforcer le positionnement de la Tunisie comme Hub Médical régional à travers des synergies entre les pays africains et les institutions qui soutiennent la relance du secteur de la santé et renforcent le rayonnement économique du pays.

Un exemple notable est notre partenariat sur l’accès à l’innovation en oncologie et en neurologie, qui vise à optimiser le parcours de soins. Ce n’est que lorsque le patient devient acteur à part entière de sa santé et que son parcours est fluide, que les innovations thérapeutiques peuvent générer de la valeur à la santé clinique et à la qualité de vie du patient mais aussi une valeur sociétale avec davantage de rémissions, des patients en meilleur santé et un impact positif sur le système de santé.

Quelles sont les initiatives de Roche en matière de recherche et développement (R&D) en Tunisie et comment ces efforts s’intègrent-ils dans une vision plus large de transformation du système de santé ?

Roche investit dans la génération de données locales et les essais cliniques, contribuant ainsi à une meilleure adaptation des traitements aux réalités épidémiologiques tunisiennes.

Nos efforts s’inscrivent dans une approche plus large de renforcement de l’écosystème de la recherche médicale en Afrique, alignée avec la stratégie globale de Roche en matière d’innovation.

Nous travaillons également à l’intégration des nouvelles technologies, notamment les e-registres, et à la digitalisation des soins, un levier clé pour améliorer la rapidité du diagnostic et l’efficacité des traitements.

Quelles sont les actions que vous avez menées pour sensibiliser à l’importance de reconnaître les maladies rares et l’hémophilie comme des priorités nationales ?

Nous avons lancé plusieurs initiatives pour co-créer avec notre écosystème et répondre aux besoins réels identifiés des patients, notamment :

  • Des campagnes de sensibilisation impliquant des experts médicaux et des associations de patients comme en hémophilie, avec des interventions dans les écoles et facultés  pour sensibiliser et éduquer les camarades des élèves hémophiles sur cette
  • Des actions de plaidoyer auprès des autorités de santé sur l’importance d’une prise en charge rapide et optimale de ces maladies pour les patients Tunisiens.
  • La mise en place de programmes compassionnels, permettant un accès précoce et gratuit aux innovations thérapeutiques qui transforment le pronostic des patients atteints des ces maladies.
  • Une collaboration renforcée avec les associations de patients pour améliorer l’accompagnement et le soutien aux patients et à leurs familles.

Selon vous, quels sont les principaux défis en Tunisie pour améliorer l’accès aux soins et accélérer le diagnostic des maladies rares et de l’hémophilie ? Comment travaillez-vous avec les experts et les associations de patients pour surmonter ces obstacles ?

L’accès aux soins et au diagnostic pour les maladies rares et l’hémophilie représente un enjeu majeur en Tunisie, comme dans de nombreux autres pays. Aujourd’hui, plusieurs leviers peuvent être actionnés pour améliorer la prise en charge des patients :

  • Renforcer les parcours de soins spécialisés, en collaborant avec les autorités et les experts médicaux pour faciliter l’orientation des patients vers les centres de référence.
  • Accélérer le diagnostic précoce, grâce à des initiatives visant à optimiser l’accès aux tests et à la formation des professionnels de santé. Aujourd’hui il est encore souvent difficile de diagnostiquer rapidement des maladies rares. En hémophilie, le diagnostic intervient encore trop souvent lors de la circoncision, ce qui peut créer un traumatisme évitable pour les enfants et leurs familles.
  • Soutenir l’intégration de solutions digitales, en particulier les registres, qui permettent de mieux comprendre l’épidémiologie et améliorer le le suivi des patients et l’efficacité du système de santé.

Nous continuons à travailler et à  co-créer avec les différents acteurs de la santé pour faire progresser ces solutions, accompagner la sensibilisation et l’éducation sur ces maladies, et améliorer les infrastructures de santé, afin d’assurer un accès équitable à des soins de qualité.

Comment les campagnes de sensibilisation de Roche sont-elles intégrées dans les politiques de santé tunisiennes ? Pouvez-vous citer des exemples ?

Nos campagnes de sensibilisation s’inscrivent dans une approche qui vise à renforcer la prévention et améliorer l’information des patients et des professionnels de santé. Roche Tunisie collabore avec les autorités de santé et les experts médicaux pour que ces initiatives puissent compléter et soutenir les efforts nationaux dans la lutte contre certaines pathologies.

Par exemple, dans le cadre du cancer du sein, nous nous alignons sur les messages du Ministère de la santé lors de campagnes de sensibilisation pour véhiculer des messages et appels à l’action commun, clairs et accessibles. De même, dans les autres maladies telles que des maladies rares.

Notre objectif est d’innover même dans la sensibilisation avec des campagnes TV, Radio, réseaux sociaux, mais aussi présence dans les centres commerciaux et lieux publics, pour mobiliser tous les canaux disponibles et toucher toutes les femmes en Tunisie.

Comment évaluez-vous l’impact de ces initiatives en Tunisie ? Quels indicateurs utilisez-vous pour mesurer l’amélioration de l’accès aux soins et de la qualité de vie des patients ?

L’impact des initiatives de Roche Tunisie se mesure à travers plusieurs indicateurs clés, permettant d’évaluer à la fois l’amélioration de l’accès aux soins et la qualité de prise en charge des patients.

Par exemple  lors de la campagne de sensibilisation sur le cancer du sein de 2024, nous avons estimés que 1 321 137 personnes ont regardé le spot TV durant la période la campagne.

(dont 984 591 femmes de 20 ans et plus), et 105 959 personnes ont écouté le spot radio durant la période la campagne (dont 58 703 femmes de 20 ans et plus).

Concernant les réseaux sociaux, la campagne a enregistré 12 386 755 impressions avec une estimation de 1 480 563 personnes ayant visualisé l’ensemble des publications en moyenne 8 fois, totalisant ainsi 562 562 interactions.

Les différents contenus diffusés visaient une cible de femmes âgées de 20 ans et plus, cohérente avec la stratégie des campagnes de sensibilisation contre le cancer du sein.

Un sondage de la campagne, a révélé que 21% des répondants se souvenaient de la campagne (35%  via la TV et 24% via  les réseaux sociaux), 88% ont estimé que le message de la campagne était clair et facile à comprendre, 40% se sont auto-examinées, 12,6% ont consulté un médecin et 9% ont fait une mammographie suite à cette campagne.

Ainsi, notre approche s’appuie sur des indicateurs par axes d’action, avec des objectifs spécifiques, qu’il s’agisse du nombre de patients ayant bénéficiés de nos traitements ou de nos programmes, ou de l’impact comportemental après nos campagnes de sensibilisation.

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