Gabon-Tunisie : Une alliance en pleine croissance

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Entretien avec Bertrance Mbenoame Etsellah, Conseillère économique et commerciale et Franck Aubame Ondzagha, chargé d’affaires et conseiller culturel à l’Ambassade du Gabon en Tunisie.

Quel est le bilan des relations économiques entre le Gabon et la Tunisie ?

Le Gabon et la Tunisie partagent des liens solides depuis près de 40 ans. Nous avons établi une commission mixte depuis 1985, ce qui nous a permis d’enrichir le cadre juridique dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Nous comptons de nombreuses entreprises tunisiennes au Gabon, dont le Groupe Lilas SAH, Jadida, ST2I, ou encore Service médical international (SMEDI), groupe Plus, qui a ouvert deux cliniques à Libreville. Jusqu’à ce jour, il n’y a jamais eu de rupture significative et nos relations ont été marquées par de bons échanges au niveau commercial, qui restent cependant bien en deçà des objectifs fixés vu le potentiel des deux pays. Le Gabon, 2ème producteur mondial d’uranium de manganèse, possède de nombreuses richesses dans les secteurs comme les mines, nous avons beaucoup de ressources, du bois, du pétrole. Nous sommes également en train de travailler sur le secteur touristique, notamment avec la Tunisie. Nous comptons de nombreuses opportunités d’investissement dans les secteurs de l’industrie, des mines, de la pêche, de l’hydrocarbure et l’agriculture.

Quelles sont les initiatives conjointes pour donner un essor aux relations bilatérales ?

Nous organiserons cette année, les 14 et 15 mai, le forum Gabon Tunisie des Affaires et de la Coopération. Cette première édition sera une plateforme dynamique dédiée à la promotion des échanges économiques et commerciaux entre le Gabon et la Tunisie. Le forum offrira un cadre propice à la création de synergies entre les secteurs économiques des deux pays et tous les secteurs d’activités seront représentés. Nous devrions compter sur la présence du patronat gabonais et tunisien, de ministères et institutions gabonaises, plus de 3 000 visiteurs, plus de 100 exposants qui prendront part à une trentaine de conférences et panels avec plus de 600 rencontres B2B prévues. Cet évènement se tiendra à l’hôtel Laico, en partenariat avec la CONECT, la TABC et le CEPEX, avec qui nous travaillons étroitement. De plus, nous avons une feuille de route, comprenant de nombreux objectifs dont circonscrire le cadre général de la coopération Gabono-Tunisien, examiner les stratégies mise en œuvre pour renforcer les relations bilatérales, suggérer les recommandations à caractère opérationnel pour orienter les politiques gabonaises étrangères à renforcer ses relations avec la Tunisie, examiner les possibilités pour les entreprises gabonaises de s’associer à la dynamique de l’investissement en Tunisie et rénover ses méthodes de promotion économique. Nous envisageons également la création d’un conseil d’affaires Gabono- Tunisien, création d’une antenne CEPEX, création d’une chambre de commerce et de l’industrie Gabono-tunisienne.

Nous comptons plus de 1 000 étudiants Gabonais en Tunisie. Pouvez-vous nous en dire plus sur les échanges éducatifs entre les deux nations, notamment concernant les programmes et collaborations dans ce domaine ?

Lorsque j’ai pris mes fonctions en 2015, nous comptions 15 étudiants Gabonais en Tunisie. Cela a évolué à 39 puis 800 avant d’atteindre plus de 1 000 étudiants aujourd’hui. Nous avons établi des partenariats avec le gouvernement et des Universités, permettant aux étudiants Gabonais de poursuivre leurs études supérieures en Tunisie et bénéficier de bourses, à travers l’Agence Nationale des Bourses du Gabon (ANBG). Nous avons notamment conclu des accords de partenariats avec l’Université Centrale, Polytech International ou encore l’Université Internationale de Tunis et même à l’intérieur du pays à Monastir. La Tunisie possède les meilleures compétences et les universités tunisiennes sont très concurrentielles, nos étudiants se sentent bien ici. A leurs retours au Gabon, ces étudiants s’insèrent très facilement dans le monde du travail puisque les diplômes tunisiens sont reconnus au Gabon. Pour que cette coopération soit encore plus fructueuse, nous sommes actuellement en train d’essayer d’alléger et de faciliter tout ce qui est formalité pour le séjour des étudiants.

Qu’en est-il des échanges culturels entre les deux pays ?

Nous accordons une importance particulière à la culture. Nous avons notamment organisé des journées de la Francophonie qui se déroulent annuellement, chaque mois de mars. Nous proposons également des films gabonais, nous avons invité le cinéaste gabonais le plus prolifique en Tunisie et nous avons fait deux projections dans la salle de l’amphithéâtre de l’Université Centrale. Toujours dans ce contexte, nous nous sommes également rendus à Sfax. C’est important pour nous de mettre en valeur la culture gabonaise et ses richesses, même si ces manifestations se font un peu plus rares depuis le covid. Mais nous comptons relancer ces activités culturelles prochainement car les Tunisiens ont manifesté de l’intérêt.

Quels sont les défis auxquels les deux pays sont confrontés et comment peuvent-ils travailler ensemble pour les surmonter ?

Le volume des échanges entre le Gabon et la Tunisie est très modeste, en deçà des potentialités existantes. Nous notons également l’absence d’un engagement politique de la part des gouvernants de deux pays et les capacités limitées des acteurs nationaux Gabonais ou tunisiens intéressés par cette coopération, freinant la prise des initiatives d’investissement et empêchant la mise en œuvre des projets en commun. Par ailleurs, nous sommes très en retard numériquement, ce qui freine les procédures administratives. De plus, l’absence d’une ligne directe empêche d’accroitre les échanges, nécessité d’ouverture des dessertes aérienne et maritime Pour renforcer les liens, nous avons besoin d’une stratégie inclusive et d’un cadre institutionnel, plusieurs actions économiques disposées que d’une véritable politique coordonnée.

Vous venez d’évoquer le tourisme, comment comptez-vous renforcer ce secteur ?

Nous aimerions tirer profit de l’expertise tunisienne et compter sur ce pays comme un partenaire important. Actuellement, le gouvernement gabonais a commencé le recensement de tous les sites touristiques. Nous souhaitons notamment renforcer le tourisme d’affaire, vert et durable. Nous travaillons sur la création d’une base de concertation bilatérale pour renforcement des capacités, élaborer les formats de formation. Il est également question de créer un dispositif nécessaire l’aménagements dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie, créer un outil nécessaire à la promotion touristique, créer un cadre d’échanges d’expériences en matière d’étude, élaborer une technique pour faciliter les échanges de compétences. Par ailleurs, de nombreux Gabonais choisissent la Tunisie pour effectuer une formation hôtelière, notamment à l’Institut Des Hautes Etudes Touristiques de Sidi Dhrif.

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