Fadhel Kraiem : «KPMG partenaire de confiance et moteur de la révolution numérique.»

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Fadhel Kraiem

Interview avec Monsieur Fadhel Kraiem, Partner – KPMG Tunisie

Bonjour Monsieur Fadhel, nous sommes heureux d’échanger avec vous aujourd’hui dans le cadre de notre dossier sur la digitalisation dans le secteur financier avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous revenir un peu sur votre carrière. Vous avez été Ministre des Technologies et de la Communication, Président Directeur Général de Tunisie Telecom…

Oui effectivement. Pour tout vous dire, après avoir obtenu mes diplômes d’ingénieur de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale Supérieure de Télécommunications à Paris, j’ai démarré ma carrière en 1992 avec le groupe CapGemini, puis j’ai rejoint le groupe Vivendi ou j’ai occupé plusieurs postes de direction dans ses filiales SFR et Maroc Telecom. En 2006 j’ai rejoint le 3ème opérateur INWI en tant que Directeur Exécutif en charge des Réseaux et des Systèmes d’Information. En 2010, j’ai rejoint Tunisie Telecom en tant que Directeur Général Adjoint puis Président Directeur Général en 2017. Entre février 2020 et août 2021, j’ai eu l’honneur de servir mon pays en tant que Ministre des Technologies de la Communication et Ministre par intérim de l’Agriculture, de la Pêche et des Ressources Hydrauliques, et j’ai rejoint KPMG fin 2021.

Aujourd’hui vous êtes Partner Head of Technology & Management Consulting au sein d’un leader de l’Audit et du Conseil, comment décririez-vous cette nouvelle aventure ?

En rejoignant KPMG Tunisie, je suis en fait resté dans la continuité de mon engagement envers la transformation digitale, mais dans un métier qui est différent à savoir le consulting. La transformation digitale est un vaste sujet qui peut être abordé par plusieurs acteurs et suivant plusieurs angles de vue en fonction du poste occupé. Au ministère, c’était l’aspect stratégie pays et politique sectorielle, chez TT c’était l’aspect mise en œuvre des services, solutions et infrastructures pour supporter la stratégie pays. Dans le monde du conseil, le domaine d’intervention est encore plus large et plus varié, il touche tous les secteurs et toutes les activités, cela tombe sous le sens et c’est encore plus enrichissant.

Monsieur Fadhel, en tant qu’expert reconnu de la transformation digitale et compte tenu de votre vision globale et transverse de ses problématiques, selon vous, comment la digitalisation a-t-elle modifié le paysage financier ces dernières années ?

Au fil des années, la digitalisation a métamorphosé le secteur financier, révolutionnant la manière dont les services sont rendus et est accessibles. La démocratisation de l’accès aux smartphones a permis l’émergence du postulat « anytime, anywhere » : les services sont désormais accessibles sans contraintes de temps ou contraintes géographiques. Des avancées technologiques remarquables ont aussi ouvert la voie à une multitude de solutions financières innovantes, bouleversant les schémas traditionnels ce que les fintechs ont essayé de faire avec l’introduction des produits novateurs comme les paiements sans espèces, les prêts peer-to-peer et les cryptomonnaies.

Ainsi, ils ont transformé en profondeur la prestation des services financiers, sans oublier l’automatisation des processus qui s’est faite grâce à l’intelligence artificielle et au machine learning, permettant d’accélérer les opérations tout en offrant une personnalisation inégalée des services. Et ainsi plus on s’approprie les nouvelles technologies, plus les sujets de conformité et de cybersécurité se positionnent au centre des préoccupations de l’activité financière.

Quelles sont les principales technologies émergentes qui transforment actuellement le paysage financier, et comment prévoyez-vous qu’elles évolueront à l’avenir ? 

Plusieurs avancées technologiques transforment profondément le secteur financier, particulièrement :

L’IA qui est déjà amplement utilisée dans les services financiers pour des applications telles que l’analyse prédictive, la personnalisation des services, et la détection des fraudes. Son développement futur devrait renforcer son rôle dans la prise de décision automatisée, offrant ainsi des solutions plus rapides et plus précises.

La blockchain, qui est quant à elle, est une technologie sous-jacente aux crypto-monnaies, qui révolutionne les transactions financières en garantissant une sécurité accrue, une transparence renforcée, et des processus plus efficaces. À l’avenir, elle pourrait étendre son influence au-delà des cryptoactifs pour révolutionner les contrats intelligents, les registres fonciers, et les processus de conformité.

La Défi pour sa part, redéfinit également les services financiers en éliminant les intermédiaires traditionnels, facilitant ainsi des prêts, des échanges, et des rendements sur investissements directs entre pairs. Son évolution pourrait transformer davantage nos pratiques d’épargne, d’emprunt, et d’investissement, tout en remettant en question les modèles financiers centralisés. Cette nouvelle vision de la finance, permettra de recourir à des technologies d’automatisation des processus par robot (RPA) optimisant les opérations, réduisant les erreurs humaines et permettra in fine d’accroître l’efficacité des entités à créer de la valeur ajoutée.

Ces innovations ouvrent la voie à un paysage financier tunisien plus inclusif, transparent, et efficient. Cependant, pour leur adoption à grande échelle, des défis réglementaires, de sécurité, et d’acceptation sociale devront être surmontés. L’avenir du secteur financier sera probablement marqué par une intégration croissante de ces technologies, transformant fondamentalement notre approche de la perception et de l’utilisation de l’argent.

Et en Tunisie sommes-nous à ce stade d’évolution ?

En Tunisie, la dynamique de digitalisation peut être mieux soutenue. La prise de conscience est là, plusieurs banques essayent de proposer à leurs clients des services digitaux via des applications mobiles par exemple. Ces services, dans la majorité des cas, restent basiques.

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) commence à se manifester dans certains services financiers, notamment pour l’analyse des données et la prévention des fraudes, mais elle n’a pas encore atteint son plein potentiel. De même, bien que la blockchain suscite un intérêt croissant pour améliorer la sécurité et la transparence des transactions financières, son utilisation reste limitée et nécessite davantage de développements et d’adoption.

En résumé, bien que les technologies émergentes soient présentes et suscitent un intérêt croissant en Tunisie, leur adoption dans le paysage financier est encore timide et nécessite une nouvelle manière de définir un nouveau paradigme qui capitalise sur les avancées technologiques que peuvent offrir les fintechs en particulier.

Quels sont les principaux obstacles actuels, entravant l’adoption étendue des technologies de pointe dans le secteur financier tunisien ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer le retard de l’adoption des technologies de pointe. Je citerai :

En premier, les investissements pour la mise à niveau des infrastructures sont à accroître. Ils constituent un préalable afin de supporter pleinement le développement et l’intégration de ces nouvelles technologies. Cela implique des améliorations dans la connectivité, la sécurité des données et la modernisation des plateformes existantes.

Deuxièmement, la manière avec laquelle on essaie de développer des services innovants en utilisant les outils, les méthodes et les organisations traditionnelles sont à revoir. Ceci peut fonctionner, mais demande beaucoup de temps et d’investissement. L’innovation demande des méthodes et des organisations agiles, des profils et des expertises bien spécifiques que les organisations classiques trouvent beaucoup de mal à attirer.

Troisièmement, les difficultés auxquelles font face les nouveaux acteurs innovants dans le secteur de la finance (fintechs et startups) pour se frayer un chemin et trouver leur place dans le secteur. Des difficultés qui s’expliquent à la fois par une grande méfiance des acteurs/opérateurs financiers classiques et par l’absence d’un cadre réglementaire adéquat.  

Pour avancer, plusieurs actions sont nécessaires pour accélérer la dynamique de la transformation digitale dans le secteur financier :

Encourager les partenariats (de tout sorte), entre les acteurs/opérateurs financiers traditionnels et les fintechs/stratups. Les premiers doivent voir en ces fintechs/startups une opportunité pour créer de la valeur au niveau du secteur : le maître mot est de travailler en mode coopétition.

Faire évoluer le cadre réglementaire autour de la confiance numérique et de la conformité, et adopter des règles claires permettant aux nouveaux acteurs des fintechs de trouver leur place dans ce secteur pour y apporter la valeur ajoutée attendue.

KPMG Tunisie est un acteur majeur de la transformation digitale du secteur financier. Quel type de conseil stratégique et de solutions innovantes le cabinet peut-il apporter aux institutions financières ?

Dans la course à la transformation digitale du secteur financier, le cabinet KPMG Tunisie se positionne en tant qu’acteur-clé offrant une expertise pointue et des conseils stratégiques aux organisations et entreprises financières (publique et privée). Notre mission est d’accompagner ces acteurs dans leur passage au numérique en proposant des solutions (métiers) innovantes et des conseils avisés, en intervenant de bout en bout sur toute la chaine de valeur.

KPMG Tunisie se présente comme un moteur de cette révolution digitale, fournissant des services de consultation ciblés sur l’intégration de technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle, l’analyse avancée des données et la mise en place de systèmes d’informations performants. Ces outils numériques visent à optimiser les opérations financières, à renforcer la conformité réglementaire et à améliorer l’expérience client, offrant ainsi un avantage compétitif significatif.

Notre cabinet accompagne également ses clients dans leur adaptation aux nouvelles tendances financières, telles que les paiements sans numéraire et la digitalisation des services, tout en repensant les modèles d’affaires traditionnels pour les rendre plus agiles et alignés sur les besoins changeants du marché.

Ainsi, dans ce paysage en mutation, KPMG Tunisie, qui est toujours à l’écoute du marché, se positionne en partenaire de confiance. Pour ce faire, nous avons pour dessein d’accompagner les institutions financières dans leur transition vers le numérique, en les aidant à exploiter pleinement les opportunités offertes par cette révolution technologique. De cette manière, KPMG Tunisie ambitionne de travailler avec les entités voulant élaborer des solutions leur permettant ainsi de décliner leur vision stratégique et d’atteindre leurs objectifs business.

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