Face aux défis de santé dans les pays du Sud, les acteurs privés unissent leurs efforts

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Business for Global Health

A l’occasion du dernier G7 Santé dont la France assure la présidence et en vue de la prochaine conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme prévue à Lyon les 9 et 10 octobre 2019, les acteurs du secteur privé opérant dans les pays du Sud concrétisent leur volonté d’engagement. Ils s’associent aux côtés des institutions publiques et des organisations internationales au sein d’une plateforme « Business for Global Health », pour replacer la santé des populations au coeur du développement économique.

Le double fardeau épidémiologique

Les Pays du Sud payent un lourd tribut aux maladies infectieuses qui restent l’enjeu majeur dans ces pays, selon l’OMS – VIH/sida, tuberculose, paludisme constituent le premier fléau des maladies transmissibles. Ces maladies continuent de faire plus de 2,5 millions de morts par an ; le VIH seul, malgré les progrès, tue encore 940 000 personnes chaque année2 et le nombre de nouvelles infections ne baisse pas assez vite.

Face à ces situations exceptionnelles liées aux pandémies, les systèmes de santé demeurent fragiles, en témoigne ainsi la propagation du cholera suite au passage du cyclone Idai au Mozambique.

Les impacts sur le développement économique sont lourds : le paludisme est par exemple un frein au développement économique des pays avec une perte estimée à 10 milliards d’euro du PIB africain selon la Banque mondiale, au-delà des pertes humaines engendrées.

Mais, la nouvelle menace pour les pays du Sud dans leur ensemble reste la montée de nouvelles maladies non transmissibles comme le diabète et les maladies cardiovasculaires en partie liées à l’urbanisation rapide et à l’évolution des modes de vie et de consommation des populations.  Selon l’OMS, ces maladies sont responsables de plus de morts que le paludisme et la tuberculose. D’ailleurs dans certains pays africains comme l’Ile Maurice, la Namibie et les Seychelles, les maladies non transmissibles sont la cause de plus de 50% de tous les décès rapportés chez les adultes. En effet, un adulte Africain a aujourd’hui une probabilité forte de mourir de l’une des principales maladies non transmissibles avec un taux de 19,4 %, rappelle l’OMS.

Globalement, l’OMS estime que les pertes liées au manque de productivité dû aux épidémies et aux maladies en Afrique s’élèvent à 2 400 milliards de dollars par an.

Des modèles réussis d’implication du secteur privé

Contrairement à d’autres secteurs déjà engagés dans la transition vers de nouveaux modèles de partenariat public privé (énergie – climat), la santé reste insuffisamment investie par les acteurs du secteur privé.

Pourtant l’ancrage local des entreprises constitue un levier d’efficience pour des programmes de santé adaptés aux besoins locaux et aux attentes des populations, comme l’illustrent les exemples de la Compagnie Fruitière en Côte d’Ivoire, du Groupement de la Filière Bois du Cameroun, de la Chambre des Mines de Guinée ou encore du programme Santé Entreprise Afrique (SEA) initié par la Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN) en partenariat avec l’association Santé en Entreprise (SEE).

 « Tirer parti des atouts du secteur privé est une stratégie-clé pour aider l’Afrique à relever les défis sanitaires et atteindre l’objectif de développement durable d’élimination des maladies transmissibles à l’horizon 2030. Car les entreprises ont de nombreuses possibilités d’investir dans le renforcement des capacités des systèmes d’information et des laboratoires, la communication, les solutions de diagnostic, les produits pharmaceutiques de qualité, la formation des personnels de santé, la chaîne d’approvisionnement, la recherche, le mobile money, les innovations en matière de santé digitale.
Des bailleurs comme le Fonds mondial comprennent désormais que l’optimisation de la mise en œuvre des programmes qu’ils soutiennent financièrement passent nécessairement sur le terrain par un renforcement du partenariat avec le secteur privé » 
souligne Erick Maville, Directeur Général de l’association Santé en Entreprise et Président de la Commission santé du Conseil français des Investisseurs en Afrique.

Une plateforme d’engagement des acteurs privés pour générer des moyens d’agir et innover sur le terrain

C’est dans cette perspective que la plateforme d’engagement Business for Global Health (B4GH)/Entreprises pour la santé mondiale a été créée afin de mobiliser les acteurs privés, faciliter les synergies entre les entreprises et les acteurs publics pour ainsi replacer la santé au cœur du développement économique des pays du Sud.

L’objectif de la plateforme est de mutualiser des moyens pour co-investir en “circuit court” avec les bailleurs de fonds internationaux. Les entreprises mettent ainsi à disposition leurs compétences pour promouvoir les bonnes pratiques, l’innovation en santé et soutenir des projets collaboratifs dans les pays francophones d’Afrique et d’Asie du Sud-Est.

Le 9 octobre prochain, à l’occasion de la 6ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial à Lyon, le plan d’actions de la plateforme d’engagement sera présenté à l’occasion d’un évènement du secteur privé réunissant des chefs d’entreprise en présence d’officiels.

Plusieurs grandes entreprises ont d’ores et déjà annoncé leur contribution à la plateforme d’engagement, parmi lesquelles Atos, Allianz, Axa, Cerba HealthCare, Orange, Société Générale, Sogea-Satom, Sunu afin de participer à des projets collaboratifs de terrain dans la lutte contre les grandes pandémies, notamment en Afrique de l’Ouest et du Centre, en partenariat avec le Fonds mondial et d’autres bailleurs.

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