Exode des ingénieurs à l’étranger : laissez-les partir, ça fera moins de chômeurs !

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Exode des ingénieurs à l’étranger

Certains le qualifient d’exode, d’autres de fuite de cerveaux, les chiffres ne trompent pas, le phénomène d’émigration des ingénieurs tunisiens en France est un fait avéré, admis aussi bien par les professionnels du secteur en Tunisie qu’en France. Les chiffres indiquent, à ce sujet, que 86% des tunisiens sous contrat en France sont des ingénieurs dans le domaine informatique. Rien qu’en 2016, l’administration française a délivré près de 121 771 visas dans le but de faciliter l’accès du marché du travail en France aux jeunes informaticiens tunisiens. Ces chiffres sont d’autant plus terrifiants, pour les autorités tunisiennes, que près de 95% des ingénieurs tunisiens formés en France optent pour entamer leurs carrières professionnelles en France, plutôt que d’envisager un éventuel retour au bercail.

Pour l’Etat tunisien et surtout pour son avenir, ces données ne peuvent être qualifiées que de cauchemardesques. Elles témoignent d’une triste réalité. En Tunisie, les jeunes ingénieurs sont en manque de perspectives d’avenir. Leur pays n’est pas un pays d’opportunités et le marché du travail ne correspond en rien, ni à leur secteur d’activité, ni à leur formation.

Aujourd’hui, les cycles de formation des ingénieurs en Tunisie sont réputés pour être parmi les meilleurs en Afrique et dans le bassin méditerranéens. Or pour ce qui est des postes à pourvoir, mis à part quelques opportunités dans le secteur privé, s’il parvient à décrocher un emploi dans le public, le jeune ingénieur tunisien dépensera son énergie et son temps à s’occuper de tâches ingrates, supprimant, de ce fait, tout sens de l’initiative et toute possibilité d’évolution.

En France, le contraste est aussi étonnant que justifié. Les jeunes ingénieurs bénéficient d’une notoriété inespérée dans leur pays d’origine. Les activités des entreprises françaises correspondent à leur formation. Pour les ingénieurs tunisiens, la France est un pays d’opportunité où ils se sentent désirés et respectés. Les possibilités d’évolution sont bien réelles avec des rémunérations à la hauteur des taches et missions accomplies. Un jeune ingénieur tunisien ayant effectué un stage au sein d’une entreprise française, n’aura, désormais, pour objectif que l’inévitable retour en France pour s’y installer définitivement.

Pour contrer ce phénomène, l’impuissance et la passivité de l’Etat tunisien sont à déplorer. Au lieu de mettre en place des mécanismes et des procédures visant à limiter l’hémorragie et à préserver la seule et unique richesse de ce pays, l’Etat ne cherchera même pas à essayer de les reconquérir. Il les laissera tout bonnement et simplement partir ! D’après des récentes déclarations du ministre des Affaires Sociales, pour résoudre ce problème, l’Etat entend bien, attendre et patienter. Il attendra que ces jeunes ingénieurs, deviennent, après un certain nombre d’années, des investisseurs et des entrepreneurs pour qu’ils puissent contribuer au développement économique de la Tunisie. Le chef de gouvernement a, en ce sens, invoqué une stratégie qui permet d’attirer les cerveaux tunisiens à l’étranger afin de les inciter à investir dans le pays. Il s’agit, d’ailleurs, de l’une des options des 13 plans de développement de l’année 2016 à 2020. Une base de données favorisant la prise de contact avec ces compétences tunisiennes est en cours de préparation. L’Etat a, par conséquent, opté pour la facilité. L’idée, c’est de laisser partir les cerveaux tunisiens, d’attendre qu’ils aient le mal du pays pour qu’ils reviennent en investisseurs reconvertis. Du gagnant- gagnant pour l’Etat, ça fera moins de chômeurs sur le court terme et plus d’investisseurs sur le long terme !

Maher Ben Romdhane

1 COMMENTAIRE

  1. Cher Mr Maher bonjour merci pour votre article mais il faudra préciser qq chiffres.

    La Tunisie dispose chaque année de 12 000 nouveaux ingénieurs en TIC.
    Le marché local absorbé 10 000 ingénieurs par notamment le secteur privé
    Il existe en juin 2018 plus de 2000 ingénieurs TIC demandeurs d emplois qui disposent de diplômes Iset
    La France n a absorbé que 1500 ingénieurs en 2017 selon l Ambassade de France
    On enregistre la rentrée chaque année une moyenne de 200 ingénieurs formés à l étrangers ou disposant d une expertise parfois dépassant 5 ans
    La Tu isie portera le nombre de diplômes à 20 000 en 2020 grâce notamment au secteur privé.
    Le secteur TIC accapare 11 % du pib en 2017 contre seulement 7% au tourisme

    La Tunisie est un exportateur net progiciels et services informatique en 2017 avec un bilan largement excédentaire .
    La Tunisie est le prier exportateur en Afrique de logiciels et servi et liees au tic en 2017.

    Les salaires nets offerts pour les ingénieurs oscillent entre 1200 et pour un nouveau emplois à 15 000 Dt pour des experts.

    Par ces chiffres la Tunisie est une exception africaine .

    Alors de qu’ elle crise on parle ? Certes il y a une désillusion pour les jeunes mais les chances d emplois sont réels en Tunisie.

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