En Tunisie, Souk At-Tanmia libère et protège les jeunes entrepreneurs durant la pandémie

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Le regard tourné vers l’horizon, Sondos Bannouri est plongée dans ses pensées. Sur les hauteurs de la montagne de Bargou, elle contemple le tracé des collines de sa région natale, Siliana. Au nord-ouest de la Tunisie, ce site historique regorge de vestiges antiques, témoins de l’une des batailles puniques les plus importantes : celle qui a opposé le roi Syphax au mythique Hannibal.

Sondos se souvient des premiers moments de la pandémie de Covid-19 en Tunisie, en particulier lorsqu’avec ses équipes, elle s’est retrouvée en première ligne face au virus, traitant les déchets sanitaires du premier patient tunisien décédé du coronavirus. «La première victime se trouvait à l’hôpital Farhat Hached de Tunis, pour lequel nous traitons les déchets. Comme tout le monde, j’ai paniqué et j’ai eu peur pour mon personnel, se remémore-t-elle. Toute mon équipe était angoissée. Certains avaient même décidé de démissionner», raconte-t-elle. La jeune femme est aujourd’hui à la tête d’une unité de traitement de déchets hospitaliers, dont l’activité est en pleine croissance dans sa région.

Comme des dizaines d’entrepreneurs qui ont fait face à la pandémie, Sondos a bénéficié du soutien de Souk At-tanmia, un programme d’appui à l’entrepreneuriat initié par la Banque africaine de développement avec le concours des gouvernements britannique, américain et danois notamment. Sans être un dispositif exclusif aux périodes de crise, ce programme a permis de préserver de nombreux emplois des effets du Covid-19. Depuis 2012, il a contribué à la création de 250 nouvelles entreprises et de 2 000 emplois.

Parmi ces sociétés figure celle de Sondos, qui a retrouvé l’espoir et a su donner un nouvel élan à son activité. «Le déclic pour me lancer m’est venu lorsque j’ai pris conscience des menaces auxquelles était confrontée ma région», explique-t-elle. Aujourd’hui, en dépit de la crise sanitaire, Sondos poursuit son chemin. Elle a acquis une nouvelle machine de traitement des déchets, à la pointe de la technologie. «Le cauchemar s’est finalement transformé en rêve. Et nous avons enfin pu atteindre notre objectif de traiter 1 000 tonnes de déchets sanitaires par an. Je suis convaincue que notre mission ne va pas s’arrêter là. Nous allons changer les mentalités», lance fièrement la jeune entrepreneure. 

À quelques kilomètres plus au sud, à Kasserine, Farouk Ichaoui est empreint de cette même fierté : celle d’avoir pu faire de sa passion un succès. Ce trentenaire plein d’énergie redonne une seconde vie à des pneus usagés qu’il transforme en de jolis poufs. De véritables œuvres d’art. Alliant l’utile à l’agréable, Farouk propose aussi une panoplie de meubles qui mettent à l’honneur l’artisanat kasserinois, avec l’avantage de préserver la nature. «C’est de ma passion pour le bricolage que j’ai eu cette idée. Elle me permet aujourd’hui d’améliorer ma situation et celle d’autres jeunes, comme moi. Et même si cela reste à petite échelle, j’aime penser que je contribue à résoudre le problème du chômage, qui touche notre région», explique l’entrepreneur haut en couleurs.

Les couleurs et les fleurs, c’est aussi le monde presque féérique de Sonia Idhibi, une journaliste reconvertie à la floriculture. Au cœur de ses serres, elle a lancé le premier jardin de fleurs comestibles en Tunisie. Son ambition : donner de la couleur aux plats des chefs les plus réputés d’Europe. «Le secret de la beauté des fleurs et leurs vertus m’ont toujours interpelée. Je leur ai découvert, après plusieurs recherches, une utilité autre qu’esthétique. Insoupçonnée, révèle-t-elle. Dans certains pays occidentaux, elles sont tout aussi appréciées pour leur goût et leur teneur, riche en vitamines. Certains restaurants étoilés proposent même des plats à base de fleurs comestibles, en moyenne trois fois plus chers. C’est cela qui m’a déterminé à lancer ce projet», raconte-t-elle, avec la nostalgie de ses débuts.

C’est d’ailleurs grâce à cette idée originale que Sonia a pu mettre sur pied son projet pour «introduire la culture des fleurs comestibles dans la gastronomie tunisienne». Grâce à Souk At-Tanmia, son activité rencontre aujourd’hui un franc succès en Europe. Restaurateurs et consommateurs raffolent de ces mets comestibles qui, une fois dans les assiettes, offrent une explosion de couleurs et de saveurs tant pour les pupilles que pour les papilles.

Aller de l’avant, c’est la devise de centaines d’entrepreneurs soutenus par le programme. Des  secteurs comme l’industrie, l’agriculture, le tourisme et l’artisanat sont concernés. Avec une majorité d’entreprises gérées par des jeunes et des femmes issus des régions prioritaires du pays.

Miser sur la jeunesse qui innove, c’est miser sur l’avenir de l’Afrique. En soutenant des millions d’Africains qui ont l’audace d’entreprendre, la Banque africaine de développement contribue à faire du continent une véritable terre de création, de progrès et d’innovation.

1 COMMENTAIRE

  1. Après COVID 19 Rien ne sera plus comme avant.
    Nous devons nous préparer à changer notre manière de penser et d’agir.
    Les concepts clés de développement durable, de développement local intégré, de gestion intégrée des ressources, de décentralisation avancée et de développement de l’entrepreneuriale local en bonne articulation avec ces concepts seront des atouts majeurs qui vont nous aider à s’engager efficacement dans l’ère post COVID 19.

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