
Sur les quelque 1 900 médecins formés cette année, environ 1 600 ont déjà quitté le pays, d’après les chiffres de l’Organisation Tunisienne des jeunes médecins (OJTM).
Depuis 2019, ce sont près de 6 000 médecins qui ont opté pour l’expatriation. En comparaison, ils n’étaient que 266 à faire ce choix en 2010.
Les raisons de cette hémorragie sont multiples, mais toutes convergent vers un constat d’échec des réformes et une précarité du métier.
Durant leur formation, les praticiens perçoivent entre 1 400 et 1 900 dinars tunisiens, un revenu qui chute drastiquement entre 750 et 1 200 dinars au cours de l’année de service civil. Les gardes, quant à elles, sont rémunérées entre 1 et 3 dinars de l’heure souvent payées avec des mois de retard.
Un peu plus tôt ce mois-ci, plus de 93 % des jeunes médecins ont répondu à l’appel de l’OJTM en se rassemblant devant le ministère de la Santé pour dénoncer l’arbitraire du système d’évaluation et exiger une révision des grilles salariales.
L’OJTM milite donc pour des rémunérations plus adéquates, de meilleures conditions ainsi que pour des aménagements ciblés du service civil, notamment des exemptions dans certains cas spécifiques.
À défaut de pouvoir retenir ses propres médecins, la Tunisie semble se tourner vers l’extérieur. Le directeur régional de la santé à Gafsa a récemment confirmé l’arrivée prochaine de médecins chinois, dans le cadre d’un accord bilatéral. Une solution d’urgence, qui ne résout en rien les causes profondes de la crise.