ELENTICA : Catalyseur de l’industrie électronique en Tunisie

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Pour son dossier spécial « Industrie électronique », Entreprises Magazine s’est entretenu avec Walid Ben Amor et Mongia Agroubi afin d’en savoir plus sur le cluster ELENTICA, catalyseur de l’industrie électronique en Tunisie.

Ingénieur électronicien de formation, Walid Benamor se lance dans le domaine de l’entrepreneuriat à 26 ans, en fondant en 2001 sa première entreprise « La Pratique Electronique ». Société totalement exportatrice, elle compte un peu plus de 100 personnes et est certifiée ISO 90001, 140001, 450001 pour la santé sécurité. En 2022, l’entreprise a décroché le statut Operateur Economique (Agréé N°108), catégorie «Sécurité et sûreté» et aussi première entreprise tunisienne du secteur électronique à être labellisée RSE, c’est-à-dire ISO 26001. C’est avec cette entreprise que Walid Benamor deviendra un acteurs reconnu du secteur industriel électronique tunisien, notamment grâce à son rôle de Président du Cluster ELENTICA.

Pouvez-vous nous présenter ELENTICA ?

Lorsque la Banque Mondiale a dévoilé les résultats de son étude 2015-2016, concernant les secteurs porteurs en Tunisie, il s’est avéré que le secteur de l’électronique était parmi les quatre secteurs les plus prometteurs. En 2017, nous comptions 134 acteurs du secteur électronique, le tissu industriel sectoriel était essentiellement basé à l’export et il y avait très peu d’entreprises tuniso-tunisiennes. De là est partie l’idée de fonder ELENTICA en 2017, avec pour ambition de rapprocher les acteurs et les utilisateurs de l’électronique professionnelle. Aujourd’hui ELENTICA fédère plus qu’une cinqantaine d’industriels ainsi que des établissements d’enseignement, des laboratoires de recherche, des technopoles et des partenaires institutionnels. Il regroupe des savoir-faire complémentaires couvrant l’ensemble de la chaîne de la valeur de l’industrie électronique. Alors que ce cluster a été fondé avec 7 entreprises, nous comptons aujourd’hui, 55 entreprises, dont Sagemcom, Asteel-Flash, le groupe One Tech, IBL, Vignal 2, et bien d’autres.

Quels sont les principaux objectifs et missions en tant que cluster de l’industrie électronique ?

Parmi les conclusions de l’étude, l’Europe, marché phare du secteur, n’avait pas conscience de l’expertise dans le domaine de l’électronique en Tunisie. Les secteurs du textile, cuir et chaussures, sont souvent mis en valeur tandis que très peu d’acteurs connaissaient le potentiel du tissu industriel spécialisé dans l’électronique. Et à partir de là, la mission principale du cluster a été la promotion de l’industrie électronique en participant et organisant des évènements, en impliquant la FIPA, le CEPEX et puis toute la partie institutionnelle dans les démarches marketing et commerciales. Toujours dans cette optique, nous avons créé plusieurs commissions dont une commission « recherche et développement » qui a mis en place un kit éducatif pour les écoles afin d’initier les plus jeunes à l’électronique, donc à la programmation, aux composants, à comprendre un peu ce que c’est que l’électronique, à les intéresser. Nous avons également une commission qui s’occupe de toute la partie RSE, bilan carbone, décarbonisation, une commission marketing et commerciale, une commission juridique et législation et la dernière commission c’est douane et logistique et qui s’occupe un peu de toute la partie déchets, gestion des déchets avec les douanes parce qu’on est à plus de 85% des adhérents d’entreprises sous douane et aussi de la partie opérateur économique agréé. Nous souhaitons faire adhérer l’ensemble des membres à ELENTICA au label opérateur économique agréé. Les deux objectifs majeurs du cluster, c’est de doubler d’ici 5 ans le nombre de salariés, passer de 15 000 emplois actuellement à 30 000. Et nous souhaiterions également que le chiffre d’affaires global soit multiplié par 2 d’ici 5 ans. Pour y arriver, nous sommes en train de solliciter le ministère de l’Industrie, pour préparer en collaboration avec la GIZ un pacte des industries électroniques. Actuellement nous sommes en train de finaliser les termes de référence de ce pacte, qui devrait être signé très prochainement. Cet accord stipule des objectifs clairs, précis, qui engagent les douanes, les ministères de la formation professionnelle, le ministère de l’industrie, le ministère de l’équipement aussi pour l’infrastructure et tout ce qui concerne un peu les zones industrielles, l’aménagement, les besoins du secteur. Il y a le ministère aussi de la recherche et développement qui sera aussi sollicité pour être dans la boucle.

Comment se positionne la Tunisie par rapport aux autres pays africains et de la région MENA ?

La Tunisie reste un site hyper attractif. Je dirais même que nous sommes en avance par rapport à nos concurrents grâce à notre tissu universitaire et une formation professionnelle très développée par rapport aux autres pays. Nous avons une main d’œuvre très qualifiée avec un prix qui est relativement compétitif. Le secteur privé est en train de faire les efforts nécessaires et toutes les démarches pour attirer les clients et développer le marché. Pour notre part, notre mission est vraiment de promouvoir le site tunisien qui est géostratégiquement très proche de l’Europe, il y a très peu de barrières douanières, surtout pour les entreprises exportatrices. La Tunisie a accueilli et continue d’accueillir de nombreuses entreprises européennes, notamment allemandes. Par ailleurs, Zöllner, premier sous-traitant électronique allemand est en train de s’installer à la zone industrielle d’Enfidha. Nous avons commencé à mettre en place des projets et nous devenons plus visible dans les plus grands salons au monde de l’industrie électronique, notamment Electronica, qui est le salon le plus important du secteur depuis plusieurs années. Depuis 2016, il y a un stand Tunisie qui démontre, qui prouve aux acteurs internationaux que la Tunisie existe et qu’elle se bat pour avoir plus de places.

Comment voyez-vous l’avenir de l’industrie électronique en Tunisie ?

Je vois l’avenir en vert. Très promoteur. C’est l’avenir, tout va tourner d’ici très prochainement de plus en plus vers l’électronique. Il y a le soft, le high-tech qui est en train d’être « marketé » comme il se doit. Mais l’électronique, donc la partie pratique et technique, et la moins connue de tout le secteur. Mais l’avenir est dans l’électronique, il n’est pas ailleurs. Si on veut vraiment être au diapason de la technologie il faut moins aller vers d’autres pays, pour importer des cartes, mais faire le choix de les faire fabriquer en local. D’ailleurs, la stratégie du pays est de minimiser un peu les importations d’électronique. Et en minimisant l’importation d’électronique, les Tunisiens vont avoir de plus en plus de technicité, de marché et d’emplois.

Mongia Argoubi, Professional Certified Coach, certifiée par International Coach Fédération (International Training & Coaching Academy) et ITCA (International Training & coaching Academy), Phd, bioenergetics and self healing. Elle est co-fondatrice de Coaching Academy et experte internationale en communication non verbale, en gouvernance et leadership et elle a travaillé avec les Top 20 des entreprises de formation dans le monde entier pour le compte des organisations multinationales. Mongia Argoubi est également la Vice-présidente du Cluster Elentica.

 

 

Comment Elentica travaille-t-il pour rapprocher les acteurs et les utilisateurs de l’électronique professionnelle en Tunisie ?

Elentica s’efforce activement de rapprocher les acteurs et les utilisateurs de l’électronique professionnelle en Tunisie grâce à plusieurs initiatives clés. Tout d’abord, nous organisons régulièrement des événements et des ateliers qui réunissent des professionnels de l’industrie électronique, les partenaires publiques tels que la Douane, le CNFCPP, l’ANETI et d’autres, des universitaires et des utilisateurs finaux. Ces occasions de réseautage favorisent les échanges d’idées, les partenariats et la collaboration. De plus, nous mettons en place groupes de discussion en ligne pour faciliter la connectivité et l’interaction entre nos membres. Ces outils permettent aux entreprises de partager leurs compétences, leurs besoins et leurs projets, ce qui encourage la collaboration et la création de nouvelles opportunités.

Quels sont les projets ou les initiatives récentes d’Elentica qui ont eu un impact significatif sur l’industrie électronique tunisienne ?

Au cours des dernières années, Elentica a lancé plusieurs initiatives visant à renforcer l’industrie électronique en Tunisie. Parmi les projets les plus significatifs, citons les programmes de formation et de développement des compétences pour les jeunes talents dans le domaine de l’électronique, en partenariat avec des établissements d’enseignement supérieur tels que l’ISTIC membre d’Elentica, et les centres sectoriels de formation professionnelles aussi tels que le Centre sectoriel de formation en industries électriques et électroniques El Omrane. Ces programmes ont été conçus afin de répondre aux besoins croissants du secteur en ressources humaines qualifiées et pour promouvoir la recherche et du développement en électronique par le biais de subventions et de collaborations avec des laboratoires de recherche et des instituts académiques tel que le CERT. Nous avons aussi organisé de missions commerciales et de salons professionnels pour aider nos membres à explorer de nouveaux marchés et à trouver des opportunités d’exportation d’une part et pour promouvoir l’image de l’industrie tunisienne de l’électronique et attirer les donneurs d’ordre en mettant en avant les avantages du secteur et du pays, d’ailleurs nous avons fait une vidéo promotionnelle dans ce sens et elle est disponible sur notre site et dans les réseaux sociaux.

Pourriez-vous nous parler des partenaires et des membres d’Elentica, notamment des industriels, des établissements d’enseignement et des laboratoires de recherche ?

Elentica compte parmi ses membres des entreprises électroniques de renom, des instituts de recherche de premier plan et des établissements d’enseignement supérieur. Nous collaborons étroitement avec des industriels en Tunisie et à l’étranger pour promouvoir l’innovation et la croissance de l’industrie électronique en Tunisie. De plus, notre cluster travaille en partenariat avec des établissements d’enseignement pour former la prochaine génération de professionnels de l’électronique et stimuler la recherche. Nous collaborons également avec des laboratoires de recherche pour soutenir des projets novateurs dans le domaine de l’électronique.

Comment Elentica encourage l’innovation et la recherche dans le domaine de l’électronique professionnelle en Tunisie ?

Elentica encourage l’innovation et la recherche en électronique en Tunisie de plusieurs manières, notamment :

· En fournissant un accès aux ressources et aux connaissances nécessaires pour la R&D aux entreprises membres.

· En facilitant la collaboration entre les entreprises, les établissements d’enseignement et les laboratoires de recherche.

· En offrant des incitations financières et des subventions pour soutenir les projets de R&D.

· Nous planifions l’organisation des compétitions et des événements pour stimuler la créativité et l’innovation parmi les jeunes talents.

· Nous encourageons aussi nos membres pour créer leurs propres laboratoires, et pourquoi un jour on aura le laboratoire R&D Elentica.

Qu’en est-il des startups ? Peuvent-elles adhérer au cluster ? Comment les accompagnez-vous ?

Oui, les startups sont les bienvenues au sein d’Elentica. Nous croyons que l’innovation est essentielle pour la croissance de l’industrie électronique, et nous encourageons activement les startups à adhérer à notre cluster. Nous offrons aux startups des programmes d’accompagnement spécifiques qui incluent le mentorat, l’accès aux ressources de R&D, l’assistance à la recherche de financement et la possibilité de participer à des événements de réseautage. En résumé, Elentica travaille activement à rapprocher les acteurs de l’électronique en Tunisie, à promouvoir l’innovation et la recherche, et à soutenir les startups pour favoriser la croissance de l’industrie électronique dans notre pays.

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