
Ali Kordi, représentant de l’Observatoire Tunisien de l’Économie, a tiré la sonnette d’alarme l’effritement progressif du financement public de l’éducation.
S’exprimant sur les ondes d’Express FM, il a précisé que la part du budget de l’État consacrée à l’éducation a fondu comme neige au soleil, passant de 15,9 % en 2010 à seulement 10,2 % en 2024, soit une contraction de 5,7 points qui en dit long sur les nouvelles priorités budgétaires.
En comparant les dépenses éducatives à l’ensemble des dépenses de l’État, la tendance reste à la baisse. En 2022, elles représentaient encore 15,5 % du total. Deux ans plus tard, la Loi de finances 2024 ne leur consacre plus que 13,2 %.
Cette diminution des ressources allouées entraîne des conséquences concrètes sur le terrain. L’essentiel du budget du ministère de l’Éducation est absorbé par les salaires, à hauteur de 85 % , explique Kordi.
Quant aux investissements, ils ne représentent que 8 % du budget ministériel en 2024, limitant sévèrement les capacités d’entretien et de modernisation du réseau éducatif.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à l’échelle nationale, seules 30 % des écoles sont raccordées au réseau d’assainissement. L’accès à l’eau potable reste aussi un défi – 10 % des établissements primaires en sont toujours privés. Les équipements, tout comme les infrastructures, souffrent d’un manque criant de renouvellement.
Le constat est encore plus alarmant dans certaines régions. Pour l’année scolaire 2023-2024, pas moins de 128 écoles primaires à travers le pays sont dépourvues d’installations sanitaires. Parmi elles, 58 % sont concentrées dans les gouvernorats défavorisés du centre-ouest – Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid.