Dr. Matthias Grossmann : «Innovation développement économique, régional et emploi.»

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Dr. Matthias Grossmann

Entretien avec Dr. Matthias Grossmann, Chef du Cluster Promotion du Secteur Privé et Développement du Système Financier de la GIZ / Chef du projet IDEE.

Un monde économique en perpétuelle mouvante, un marché qui devient de plus en plus concurrentiel et notre tissu économique doit affronter la nouvelle donne de la compétitivité.

Afin de mieux affronter cette dite compétitivité, le projet IDEE « Innovation, Développement Economique, Régional et Emploi » de la coopération tuniso-allemande,  mis en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internatio­nale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH propose un renforcement de capacité technique auprès de nos entreprises. Pour mieux comprendre ce projet, voici l’entretien.

La GIZ, en tant que prestataire de la coopération allemande au dévelop­pement, est un partenaire historique de la Tunisie  et collabore pour la promotion de l’économie tunisienne, 

Pourriez-vous nous rappeler le contexte du projet IDEE ?

Le projet IDEE, Innovation Dévelop­pement Economique régional et Emploi «IDEE», est un projet qui est géré par la GIZ sous mandat du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Économique et du Développement (BMZ) en coopération avec le Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines. Il est mandaté pour renforcer la performance économique des entreprises.

Quels sont les leviers de la performance de l’entreprise tunisienne selon vous ? 

L’innovation reste le principal le­vier de la performance de l’entreprise, en effet, toute amélioration, quel que soit son envergure, au niveau des produits, des services, ou de processus est une innovation au sein de l’entreprise et par conséquent elle va systématiquement générer de la valeur. Cela est valable pour toutes les entrepri­ses tunisiennes et autres. Tenant compte des expériences de la GIZ notamment l’expérience du projet IDEE qui à ce jour touché plus que 650 entreprises et des défis du contexte économique actuel, nous pensons que la résilience pour faire face aux crises et la systématisation de l’innovation pour augmenter la productivité et développer les compétences clés sont les leviers de performances durables de l’entreprise Tunisienne. Il faut davantage créer des conditions cadres favorables au développement du secteur privé.

Le projet IDEE s’adresse à quelle cible d’entreprise ? 

Le projet IDEE s’adresse à toute entreprise industrielle ou de service liée à l’industrie ayant la motivation et l’engagement pour améliorer sa situation actuelle à travers un accompagnement et une assistance technique adaptés à son besoin.

Pouvez-vous nous présenter la méthodologie suivie pour le renforcement de capacité que vous offrez aux entreprises éligibles au projet ?

L’appui aux entreprises se base sur leurs besoins concrets. La métho­dologie adoptée est divisée en trois étapes. La première étape est le diagnostic approfondi pour relever les besoins dans le domaine de l’appui offert par notre projet. Sur cette base, un plan d’accompagnement est développé qui décrit les actions concrètes à mettre en place au sein de l’entreprise. La deuxi­ème étape constitue le conseil ou le coaching de l’entreprise qui se fait conformément au plan conjointement élaboré et sur une période convenue selon les besoins de la mission. La troisième phase est le suivi-évaluation de l’intervention pour éva­luer les impacts et les changements observés. Cela se fait directement après l’intervention et également 6 mois et 12 mois après la fin de l’intervention. Pour effectuer les missions, nous coopérons avec un réseau de consultants nationaux et internationaux qualifiés ainsi qu’avec des conseillers de divers centres techniques ou d’autres structures partenaires. Je voudrais réitérer un point impor­tant: le succès des mesures proposées dépend de l’appropriation et de l’engagement de l’entreprise et de son équipe. La volonté d’adopter l’esprit de changement est donc un préalable et fait partie des critères d’éligibilité.

Le capital humain est notre premier capital dans une économie basée sur les PME & PMI, comment sensibilisez-vous les entreprises à s’investir davantage dans les RH ?

En effet, le capital humain est la clé pour le succès de chaque entreprise. Lors du diagnostic approfondi, les forces et faiblesses du point de vue RH sont analysées. Sur cette base, les consultants proposent des recommandations qui incluent, entre autres, des formations spécifiques pour le renforcement des compétences du personnel ou le recrutement du personnel spécia­lisé pour améliorer la performance économique. 

A travers un deuxième axe d’intervention, le projet IDEE vise à renforcer l’employabilité des étudiantes et étudiants. Pour cet effet, nous collaborons avec des Centres de Carrière et de Certification des Compétences (4C) au sein des instituts d’enseignement supérieurs sélectionnés ainsi qu’avec le secteur privé pour offrir des formations de courte durée, par exemple dans le domaine des softs skills. Ceci contribue à adresser des demandes concrètes pour l’amélioration du capital humain. 

L’entreprise qui se veut compétitive s’ouvre au marché défini comme unique. Elle doit donc se doter des moyens et des outils adaptés pour faire face à cette concurrence. Que proposez-vous comme accompagnement marke­ting ? 

Comme c’est le cas pour le capital humain, les besoins de chaque entreprise en termes de diversification de produits ou de marchés sont spécifiques et dépendent vraiment du contexte de l’entreprise. Les mesures d’amélioration de l’activi­té marketing sont en effet très diverses,  elle peuvent concerner des simples mesures telles que l’élaboration d’un plan de communication  comme elle peuvent porter sur des mesures plus complexes telles que le développement et l’accompagnement à la mise en œuvre d’un plan marketing complet. Souvent l’aspect communication avec les clients se met en évidence, nous avons ainsi  développé des approches spécifiques pour le traiter. Pour accéder aux marchés étrangers et surtout le marché allemand, nous appuyons également les entreprises à travers le réseautage avec des entreprises et clients en Allemagne ou leur représentation lors des participations aux foires. 

La transformation digitale, l’innovation sont des termes qui raisonnent de plus en plus sur la place économiques ces dernières années.

Vous vous êtes aussi tournés vers l’innovation, par conviction ou par «suivisme» ?

L’innovation est l’essence du déve­­loppement économique et de l’avancement de chaque entreprise. Nous vivons dans un monde fortement intégré avec des chaînes de production transversales. Pour progresser dans un tel cadre qui exerce une forte pression pour une compétitivité améliorée, un levier clé est l’innovation. Nous promouvons l’innovation et le transfert de technologies donc par conviction. 

La transformation digitale est certes au cœur de l’innovation comme elle ne transforme non seulement les modalités de production -le mot clé étant l’industrie 4.0- mais aussi la gestion de l’entreprise, les compétences requises, et elle offre de nouveaux modèles de business pour nouveaux types d’entreprises. Mais il y a aussi d’autres innovations, par exemple pour assurer une production durable à travers, par exemple, l’amélioration de l’efficacité énergétique. 

Le projet IDEE a démarré en 2015, avez-vous dressé un premier bilan? Pourriez-vous nous partager les grandes lignes ?

Depuis son démarrage, le projet a atteint 654 entreprises du tissu industriel qui ont profité d’un appui direct ou indirect. Pour la majo­ri­té de ces entreprises, cet appui a contribué à l’amélioration de leur performance économique et à la création de 3.204 nouveaux emplois, dont 1.675 pour les femmes. A travers les mesures pour le renforcement de l’employabilité telles que les formations ou coachings individuels, le projet IDEE a pu atteindre 9.384 bénéficiaires, dont 6.029 femmes. 

Avez-vous le retour des entreprises qui ont bénéficiés de ce projet ?  Quels sont les impacts de cet accompagnement ?

Selon notre dernière évaluation, plus que les deux tiers des entreprises ont confirmé que l’accompagnement du projet leur a permis une amélioration de leur chiffre d’affaires et des conditions de travail de leurs employés. 

Les entreprises bénéficiaires de l’accompagnement en gestion de la performance des Ressources Humaines par exemple, ont attesté que le climat social et la communication interne se sont nettement améliorés. Les entreprises bénéficiaires de l’accompagnement Marketing quant à elles ont pu accéder à de nouveaux marchés et diversifier leurs produits et/ou services. Elles ont confirmé que le projet a fortement contribué à l’amélioration de leur rentabilité.

Le projet a également contribué au montage de dix projets innovants en partenariat avec une entreprise et un établissement d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Pour 2021, quelles sont vos principales priorités ?

Le projet va s’achever fin 2021 et nous sommes actuellement en train d’élaborer des propositions pour un nouveau projet qui va se focaliser sur la création des conditions favorables et nécessaires pour promouvoir le développement du secteur privé et créer de l’emploi. Le nouveau projet va se baser sur les approches et expériences développées à travers le projet IDEE actuel. Le nouveau projet appuiera également la mise en œuvre des mesures clés de la nouvelle stratégie industrielle à l’horizon 2035 que notre partenaire principal, le Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines est actuellement en train d’élabo­rer. Parallèlement à l’élaboration du nouveau projet, nous allons poursuivre, en 2021, nos mesures d’appui aux entreprises. En plus, nous prévoyons, en collaboration avec l’Agence pour la Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), le roll-out d’une nouvelle mesure «SME Loop» visant le renforcement des compétences entrepreneuriales au sein des entreprises. 

Afin de soumettre votre candidature à ce projet :

https://fiche-manifestation-interet-idee2.questionpro.com/

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